Critique : Sergio & Sergei

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Sergio & Sergei

Cuba, Espagne : 2017
Titre original : –
Réalisation : Ernesto Daranas
Scénario : Ernesto Daranas, Marta Daranas
Interprètes : Tomás Cao, Héctor Noas, Ron Perlman
Distribution : Bodega Films
Durée : 1h33
Genre : Comédie dramatique
Date de sortie : 27 mars 2019

3.5/5

Après Chala, une enfance cubaine, sorti en France en 2016, le réalisateur Ernesto Daranas revient sur nos écrans avec Sergio & Sergei, un film cubain dans lequel joue un acteur américain et où on voit apparaitre dans le générique le logo d’une compagnie US, et pas n’importe laquelle, la Paramount !

Synopsis : 1991 : l’URSS s’écroule. Sergei, un cosmonaute russe reste coincé dans l’espace, oublié par ses compatriotes qui ont bien d’autres soucis sur terre. À Cuba, à l’aide d’une fréquence radio, Sergio entre en contact par hasard avec Sergei et va tout mettre en œuvre pour le ramener sur terre. Mais sans le savoir, Sergio est sur écoute et espionné…

URSS, Cuba, USA

1991 : l’URSS s’effondre et Cuba, qui était depuis des années sous perfusion économique de la part des pays de l’est, est entrée dans ce que Fidel Castro a appelé « la période spéciale en temps de paix ». D’un côté comme de l’autre, les conditions économiques sont brutalement devenues particulièrement difficiles. Pour la Russie, l’espace n’est plus une priorité et Sergei, cosmonaute soviétique qui tourne autour de la terre, seul dans la station Mir, se demande s’il remettra un jour les pieds sur terre. Quant à Sergio, un professeur de philosophie marxiste qui vit à La Havane avec sa mère et sa fille, il s’efforce, en famille, de combattre la précarité avec un art très développé de la débrouille tout en bidouillant son matériel de radio amateur. Du fait de sa fidélité au marxisme, cette dernière activité est tolérée pat les services secrets cubains, mais elle fait quand même l’objet d’une sérieuse surveillance.

Un jour, le hasard des ondes radio va mettre en contact le cosmonaute soviétique et le professeur de philosophie cubain, un contact facilité par le fait que, ayant fait ses études de philosophie à Moscou, Sergio parle couramment le russe. Il se trouve que, parmi les contacts radio de Sergio, se trouve Peter, un journaliste new-yorkais qui a ses entrées à la NASA. Et si, tous ensemble, on s’efforçait de ramener Sergei sur terre, quitte à ce que les services secrets cubains en arrivent à se demander si Sergio travaille pour le KGB ou pour la CIA.

Une amitié qui transcende les frontières

Il y a vraiment eu un équipage soviétique qui a vécu l’effondrement de l’URSS depuis la station Mir et il y a vraiment eu des radios amateurs qui sont entrés en contact avec des cosmonautes. C’est à partir de ces faits avérés que Ernesto et Marta Daranas ont bâti une fiction sous la forme d’une comédie absurde et nostalgique prenant parfois la forme d’une farce satirique, d’une histoire racontée par Mariana, la fille de Sergio devenue adulte. Ils sont également allés puiser dans leur propre existence, ne serait-ce que pour la distillerie clandestine que le réalisateur avait montée à l’époque sous son toit pour compléter ses revenus.

Même si une partie importante du film se déroule dans l’espace, l’essentiel se déroule sur terre, avec une belle histoire d’amitié entre 3 hommes de culture et de langue différentes et qui ne se rencontrent que par la voie des ondes, avec une critique historico-sociale ne manquant ni de tendresse ni de nostalgie de ce qu’a vécu Cuba lorsque le bloc soviétique s’est écroulé, avec un élément de farce récurent représenté par le personnage de Ramiro, un sous-fifre des services secrets, persuadé que Sergio est un espion et qui passe son temps à accumuler les bévues.

Un trio solide

Si on est quelque peu surpris de rencontrer Ron Perlman, un acteur américain réputé, dans un film cubain, on l’est encore plus lorsqu’on s’aperçoit que l’acteur qui interprète le rôle de Sergei n’est pas russe mais cubain : Héctor Noas. Il est probable que les russophones le devineront à la vision du film ou, plutôt, à l’écoute, mais il n’empêche que sa prestation est, pour les autres, tout à fait crédible. Ce comédien avait déjà été utilisé par Ernest Daranas dans Chala, une enfance cubaine, ainsi que Tomás Cao, l’interprète de Sergio.

Conclusion

On ne boude jamais son plaisir lorsque arrive sur nos écrans une comédie en provenance de Cuba, tellement les réalisateurs de ce pays ont l’art de mélanger joie de vivre et gravité, utopie et peinture réaliste, humour et critique sociale. Servi par un excellent trio de comédiens, Sergio et Sergei montre comment l’amitié est capable de faire fi des frontières, qu’elles soient géographiques, linguistiques ou culturelles.

https://www.dailymotion.com/video/x74i062

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