Critique : Pitch Black

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Pitch Black

Pitch Black, Vin Diesel, David TwohyÉtats-Unis : 2000
Titre original : –
Réalisation : David Twohy
Scénario : Jim Wheat, Ken Wheat, David Twohy
Acteurs : Vin Diesel, Cole Hauser, Radha Mitchell
Distribution : Universal Pictures
Durée : 1h50
Genre : Science Fiction
Date de sortie : 19 Juillet 2000

Note : 4/5

David Twohy est un nom qui ne vous dit sûrement pas grand-chose, mais il est à l’origine des scénarios de Waterworld ou A Armes égales. Son script pour Alien 3 ayant été rejeté par la Fox, il décide de se lancer dans la réalisation. Ses deux premières œuvres, Timescape et The Arrival, témoignent de son amour pour la SF. Pitch Black est son troisième film, et se distingue comme étant celui qui allait lancer la carrière du désormais célèbre Vin Diesel.

Un vaisseau spatial transportant une quarantaine de civils est percuté par une météorite et se crashe sur une planète inconnue. Les membres de l’équipage périssent dans l’accident, à l’exception de Fry, une jeune pilote, et de quelques survivants. Parmi eux, un imam et ses disciples, un antiquaire, une géologue, une adolescente, le chasseur de Johns et Riddick, un criminel endurci en cours de transfert vers sa prison. Alors que le petit groupe tente de s’organiser sous un climat aride de jour perpétuel dominé par trois soleils, ils découvrent qu’une éclipse va bientôt frapper la planète, permettant à de monstrueuses créatures nocturnes de se mettre en chasse…

Le cinéma est avant tout une histoire d’idées, de passion et de maîtrise plus que de gros sous. Avec Pitch Black, David Twohy nous prouve qu’avec seulement 23 millions de dollars et un tournage expédié en deux mois dans le désert Australien de Coober Pedy, on peut faire une série B de bonne qualité. Pitch Black peut certes paraître très stéréotypé au premier abord, mais il se révélera en réalité être un divertissement SF / Horreur faisant preuve d’une impressionnante maîtrise visuelle, et rempli de personnages fort bien écrits.

Le film est dynamique de bout en bout, et la réalisation est le facteur principal de cette réussite. Pitch Black est découpé en deux parties. Sur cette planète inconnue où notre petit groupe de rescapés va tenter de survivre, deux cycles vont se suivre : le jour, où les personnages vont apprendre à se connaître, et se juger les uns les autres, et l’obscurité la plus totale, au cœur de laquelle les masques vont tomber et révéler la vraie nature de chacun.

Les effets spéciaux lors de la scène du crash n’ont franchement rien d’excitant ou de bluffant, mais ce n’est en rien un point déterminant dans notre appréciation globale du film. Il convient de ne pas juger une œuvre de science-fiction à la qualité des moyens techniques mis en œuvre, sinon une nullité infâme comme Skyline serait un chef-d’œuvre. Entendons-nous bien là-dessus : Pitch Black est avant tout une œuvre construite sur de bonnes idées. David Twohy y démontre sa maîtrise des codes du genre, mais se révèle également assez habile du côté de la composition des plans et de l’image en général.

La première phase de jour est d’une véritable beauté singulière, David Twohy utilisant des filtres jaunes et bleus en particulier et saturant l’image lui conférant un style et une atmosphère particulière. Certains plans et séquences du film sont franchement magnifiques, la photographie de David Eggby (Mad Max) est absolument remarquable. La planète parait lourde et étouffante, la présence du Soleil pesant sur les personnages mais se révélant être leur bouée de sauvetage. On découvre petit à petit qui ils sont, et l’action ne tarde pas à se mettre en place – très peu de temps morts et quasiment aucun passage inutile sont à signaler.

Évidemment, le principe du petit groupe de personne luttant pour sa survie face à d’horribles créatures est un peu vu et revu, mais se distingue particulièrement ici. La nuit tombant et le danger s’intensifiant, les caractères de certains vont prendre le dessus, nous montrant les multiples facettes de la nature humaine. Du complot pour sacrifier certains des membres, au mensonge mettant en danger l’ensemble du groupe mais assurant sa survie, l’ensemble des protagonistes est doté d’une réelle personnalité. L’ensemble est homogène et franchement intéressant. En misant sur cet aspect plus que sur une surenchère visuelle, David Twohy donne un crédit certain à son œuvre. Le groupe évolue par ses interactions, mais chaque personnage change également peu à peu de manière individuelle.

L’écriture des personnages est d’autant plus de qualité que le personnage de Riddick apparait aux antithèses de ce à quoi on l’attend. Vin Diesel pour son premier rôle est parfait dans la peau de l’antihéros charismatique, doté d’un humour noir savamment dosé et d’une intelligence animale. Au lieu de nous servir un héros sans finesse et répondant aux clichés du genre, il est au final aux antipodes de cela. On dit qu’un film est réussi si son « méchant » est réussi, en voici la preuve. Le reste de la distribution est plutôt homogène, chacun s’en tire plutôt bien, notamment Radha Mitchell qui est très convaincante, et son duo avec Vin Diesel fonctionne bien.

Subsistent malgré tout quelques défauts, tels que la manière dont sont filmées les scènes d’actions et de combat. On croirait voir du Michael Bay par instants (des combats épileptiques où l’on ne voit absolument rien), même si c’est parfaitement compréhensible. En effet le budget étant réduit, Twohy ne pouvait se permettre de mettre plus en valeur ses monstres, et quant à certaines distorsions d‘images elles sont malvenues et n’apportent pas de réel plus visuel. Mais peut-on réellement en vouloir à un réalisateur qui ose et reste dans une logique du début à la fin de son film ?

Résumé :

Au final, Pitch Black s’avère une bonne surprise. Sous ses airs de série B bête et méchante (ce qui lui a sûrement valu d’être boudé au cinéma, le succès du film étant arrivée avec sa sortie en vidéo), le film de David Twohy est une œuvre assez bien écrite, qui tient son spectateur en haleine et dont le final franchement surprenant confère d’autant plus de prestige. Une chose est certaine : David Twohy maîtrise bien son sujet et sa caméra. Bravo à lui.