Critique : Le privé

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Le privé

États-Unis, 1973
Titre original : The long goodbye
Réalisateur : Robert Altman
Scénario : Leigh Brackett
Acteurs : Henry Gibson, David Carradine, Elliott Gould
Distribution :  Capricci / Les Bookmakers
Durée : 1h52
Genre : Thriller, Drame
Date de reprise : 28 juin 2017

3,5/5

L’été, ce n’est pas seulement la saison des blockbusters : c’est aussi la période des ressorties en salles des grands classiques. Quoiqu’on pense de la polémique Netflix, il faut avouer que découvrir ou redécouvrir un classique sur grand écran, ça n’a pas de prix (surtout si on possède un carte illimitée). Après quatre Derek Jarman et Impitoyable de Clint Eastwood, et en même temps que  Memories of murder, et une poignée de Tarkovski, c’est au tour du Privé de Robert Altman de refaire surface dans les salles climatisées. 

Synopsis : En pleine nuit, Terry Lennox demande à son ami Philip Marlowe, un détective privé, de le conduire de toute urgence au Mexique. Ce dernier accepte, mais à son retour il est fraîchement accueilli par la police. Sylvia, l’épouse de Lennox, a en effet été retrouvée assassinée et Marlowe est inculpé pour complicité.

Goodbye, Terry, Goodbye

Qu’ont en commun Elliott Gould, Dick Powell et Humphrey Bogart ? Ils se sont tout trois glissés dans la peau de Philip Marlowe, détective privé crée par Raymond Chandler, dont les romans ont été adaptés une dizaine de fois au cinéma. Si l’action se déroule dans les années 70, Marlowe lui semble pourtant vivre hors du temps. Se levant en pleine nuit acheter du pâté pour son chat, roulant en voiture datant des années 40, il va faire preuve d’une nonchalance à toute épreuve. Il n’est cependant qu’une pierre à l’édifice de l’ambiance dégagée par le long-métrage : le film est parcouru de décors bigarrés, doucement éclairés par le regretté Vilmos Zsigmond, et accompagnés musicalement d’un certain John Williams. Le compositeur, qui a déjà quinze dans de carrière et qui est à un pas de signer des thèmes inoubliables du septième art, signe une bande originale fait de variations sur un même thème (The long goodbye, soit le titre orignal du film), musique jazzy, qui finit par nous emporter dans sa mélancolie.

Schwarzy en slip et autres joyeusetés 

Le « long adieu », c’est ainsi celui de Marlowe à son ami retrouvé mort au Mexique, mais aussi la séparation avec une certaine époque – le Film noir. Altman adapte en effet un scénario qui à première vu a tout d’un film du genre … Sur le papier tout du moins. Dans les faits, si le détective désabusé est bien là, les autres caractères eux se sont adaptés à leur époque. Pas de femme fatale, mais des voisines hippies qui semblent très bien s’amuser toutes seules (des space cookies aidant), ainsi que toute une galerie de personnages aussi fous les uns que les autres, qui viennent ajouter du sel à une ambiance franchement absurde. L’enquête que mène, malgré lui, Marlowe tout au long du film, part dans tous les sens, et notre protagoniste finit par se laisser porter par elle, essayant de raccorder les fils de l’intrigue en même temps que le spectateur.

Conclusion

 A posteriori, on repense ainsi au récent Inherent Vice de Paul Thomas Anderson, qui mettait en scène une enquête qui finissait par ne plus être primordiale. Dans les deux films, on finit ainsi par se laisser porté par la folie ambiante qui règne, pour le plus grand plaisir de nos yeux et de nos oreilles. A bout de 90min, voir Schwarzenneger en slip puis Marlowe se faire offrir un harmonica miniature ne sera plus si étonnant  …

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