Critique : J’ai aimé vivre là

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J’ai aimé vivre là

France : 2020
Titre original : –
Réalisation : Régis Sauder
Scénario : Régis Sauder
Distribution : Shellac
Durée : 1h29
Genre : Documentaire
Date de sortie : 29 septembre 2021

3/5

Natif de Forbach, le quinquagénaire Régis Sauder vit aujourd’hui à Marseille. Des études de neurosciences l’ont amené à commencer sa vie professionnelle par le journalisme scientifique. Il s’est ensuite dirigé vers la réalisation de documentaires pour la télévision avant de suivre l’atelier documentaire de la Fémis. C’est en 2011 qu’il a réalisé Nous, princesses de Clèves, son premier long-métrage documentaire sorti en salles. C’est en allant présenter Retour à Forbach, son 3ème long-métrage documentaire, au cinéma Utopia de Saint-Ouen l’Aumône, proche de Cergy, que Régis Sauder a fait la rencontre de la femme de lettres Annie Ernaux qui habite à Cergy depuis plus de 40 ans. On était en 2017 et ce fut l’occasion de la première visite du réalisateur dans cette ville nouvelle. Depuis, de nombreuses autres visites ont suivi.

Synopsis : Dans la ville nouvelle beaucoup arrivent d’ailleurs, se mélangent, trouvent une place. Leurs histoires se croisent et s’incarnent ici à Cergy, où Annie Ernaux a écrit l’essentiel de son œuvre nourrie de l’observation des autres et de son histoire intime.

Qui vit à Cergy ? Comment vit-on à Cergy ?

C’est en 1965 qu’est lancé un projet de création de 5 villes nouvelles dans la région parisienne, le but étant de canaliser la croissance rapide de l’agglomération parisienne. Parmi ces 5 villes, Cergy-Pontoise. A l’époque, Cergy n’était qu’un village abritant moins de 3 000 habitants, Pontoise, sa voisine, en abritant plus de 15 000. Devenu le siège de la Préfecture du Val d’Oise, Cergy compte aujourd’hui près de 70 000 habitants. Mais qui vit à Cergy ? Comment vit on à Cergy ? Un documentariste lambda aurait répondu par un film didactique, alignant les chiffres à coup de voix off. Régis Sauder n’est pas un documentariste lambda et il a répondu par un film plein de poésie, allant  à la rencontre des habitants de la ville et remplaçant les alignements de chiffres par la lecture de textes écrits par Annie Ernaux, une des premières habitantes de Cergy. Des textes dans lesquels les habitants se retrouvent. Cette pérégrination au milieu d’une architecture moderne installée dans un environnement qui, très intelligemment, a laissé beaucoup de place à la nature, montre une société métissée, une sorte de microcosme de notre pays et, peut-être plus encore, une sorte de microcosme de notre planète.

Un air pur !

On se souvient de cette phrase de l’humoriste Alphonse Allais : « On devrait construire les villes à la campagne, car l’air y est plus pur ! ». Est-ce cette phrase qui, dans les années 60, a inspiré la création des villes nouvelles ? Peut-être ! Toujours est-il que la vision de la vie à Cergy que nous donne Régis Sauder au travers de ses rencontres avec ses habitants semble donner raison à l’humoriste, que l’air soit seulement le fluide gazeux qui constitue l’atmosphère et qui est nécessaire à la vie ou, plus généralement, tout ce qui participe à la vie des individus et qu’on pourrait appeler l’air social. Cergy, « Une ville où on vieillit moins vite ». Avec Paris, qu’on voit à l’horizon, si loin, si proche, à 40 minutes par la ligne A du RER. Jeunes, vieux, malien, ancien parisien, guadeloupéenne, natif de Cergy, réunionnaise, venu de province, toutes et tous affichent la certitude de se sentir bien à Cergy, au point qu’on en arrive à penser, très probablement à tort, que cette peinture qu’on nous offre est trop belle, trop utopique, pour être vraie. Mais, après tout, cela fait tellement de bien de rencontrer des gens heureux ! Cergy, une ville où une habitante a donné à ses enfants des prénoms avec un y, en lien avec le y de Cergy qui, dit-elle, lui a permis de se reconstruire. Cergy, une ville où où la patinoire est devenu un centre d’accueil pour migrants dans lequel travaille une ancienne directrice financière d’une boite de publicité devenue travailleuse sociale. Cergy, une ville d’accueil où une jeune fille, originaire de Côte d’Ivoire, peut dire « Peu à peu, je me suis fait des amis, ici, à Cergy ».

 Conclusion

Pour un documentariste, il y a plusieurs façons de faire le portrait d’une ville, de nous raconter son passé et son présent. Pour le portrait de Cergy, Régis Sauder a choisi le rêve éveillé, la poésie, l’utopie devenue réalité. On lui dit merci !

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