Critique Express : Simple comme Sylvain

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Simple comme Sylvain  

Canada : 2023
Titre original : –
Réalisation : Monia Chokri
Scénario : Monia Chokri
Interprètes : Magalie Lépine Blondeau, Pierre-Yves Cardinal, Francis-William Rhéaume
Distribution : Memento Distribution
Durée : 1h50
Genre : Comédie dramatique, romance
Date de sortie : 8 novembre 2023

3.5/5

Synopsis : Sophia est professeure de philosophie à Montréal et vit en couple avec Xavier depuis 10 ans. Sylvain est charpentier dans les Laurentides et doit rénover leur maison de campagne. Quand Sophia rencontre Sylvain pour la première fois, c’est le coup de foudre. Les opposés s’attirent, mais cela peut-il durer ?

Professeure de philosophie à l’université à Montréal où il lui arrive de parler de l’amour vu par les philosophes à un auditoire du 3ème âge, habituée à d’intenses conversations sur des sujets tels que la destruction de la planète par l’espèce humaine avec la bande d’intellos qu’elle fréquente avec Xavier, son compagnon depuis plus de 10 ans, quel début d’explication peut on trouver au fait que Sylvia, une femme d’environ 40 ans, va se retrouver dans les bras de Sylvain, un artisan que le couple a engagé pour procéder à des travaux dans leur résidence secondaire, un homme considéré comme l’intello de sa famille mais qui n’a jamais entendu parler de la Dame aux camélias ? Si on tient absolument à trouver une explication, il n’y a pas à hésiter : elle réside dans ce sentiment si important et si riche en nuances  qu’on appelle l’amour. Alors que, dans sa relation avec Xavier, il est probable que l’amour physique, sans doute présent au début de leur relation, s’était progressivement transformé en amour purement intellectuel, ce que ressent Sylvia dans les bras de Sylvain, c’est un grand amour physique avec tout ce que cela implique, un coup de foudre, quelque chose qui la fait rajeunir de plusieurs années, au point d’éveiller des soupçons chez sa mère : « T’as rencontré quelqu’un ? T’as presque rien dit à table, tu m’appelles plus et puis, t’es de bonne humeur ! ».

Seulement voilà : si le sentiment amoureux ne concerne vraiment que les deux personnes impliquées dans leur relation, il n’en est pas de même du couple ! Le couple, il doit se frotter à la vie sociale, au jugement que vont porter sur lui la famille, ou plutôt LES familles, ainsi, bien sûr, que les ami(e)s. Ce sont les problèmes posés par ces jugements que Monia Chokri, a voulu mettre en avant dans son film : quelle peut être l’existence d’un couple réunissant deux personnes de milieux sociaux très différents et/ou de milieux culturels très différents, quelle peut être la durée de vie d’un tel couple ? La réalisatrice se garde bien de trancher et la fin du film va vous laisser face à vos propres réponses, celles que vous aviez déjà sur ce sujet avant même d’aller voir le film ou bien celles que vous avez élaborées à la vision du film.

Après La femme de mon frère et Babysitter, la comédienne canadienne Monia Chokri, devenue réalisatrice en 2019, continue avec Simple comme Sylvain son exploration des couples, qu’il soit de type familial entre frère et sœur ou, tout simplement, amoureux. Découverte en tant que comédienne, en 2010, dans Les amours imaginaires de Xavier Dolan, même si elle apparaissait déjà 3 ans auparavant dans L’âge des ténèbres de Denys Arcand, ayant de nouveau tourné pour Xavier Dolan dans Laurence Anyways, on pouvait craindre que cette proximité ait déteint sur son cinéma en tant que réalisatrice. Même si elle a choisi de travailler avec André Turpin,  Directeur de la photographie sur de nombreux films de Xavier Dolan, heureusement, il n’en est rien : rien de prétentieux dans son film, pas d’afféteries chichiteuses.

Souvent très drôle, comme lorsque Sylvia prend pour du Rimbaud les paroles d’une chanson de Michel Sardou que lui susurre Sylvain, gentiment moqueur envers la condescendance dont peuvent faire preuve des intellos envers les gens du peuple, le film de Monia Chokri ne s’interdit pas, par ailleurs, au travers d’un personnage qui s’identifie par le pronom « iel », de porter un jugement sur les gens de l’âge de la réalisatrice (et elle n’a pourtant que 41 ans !) qui ne comprennent pas la génération plus jeune dont de nombreux éléments, refusant de se soumettre à ce que doit être, a priori, un garçon ou une fille, se déclarent non-genrés. Pour ce film qu’elle a choisi de tourner comme un documentaire animalier, en privilégiant l’utilisation de longues focales, Monia Chokri a choisi sa meilleure amie, Magalie Lépine Blondeau, également présente dans Les amours imaginaires et dans Laurence Anyways, pour interpréter le rôle de Sylvia, et Pierre-Yves Cardinal, Francis dans Tom à la ferme de … Xavier Dolan, pour interpréter Sylvain. Présenté dans la sélection Un Certain Regard à Cannes 2023, Simple comme Sylvain a été doublement récompensé aux Journées Romantiques de Cabourg 2023 : Grand Prix et Prix de la Jeunesse.

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