Critique Express : Poisson rouge

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Poisson rouge

France : 2022
Titre original : –
Réalisation : Hugo Bachelet, Clément Vallos, Matthieu Yakovleff
Scénario : Hugo Bachelet, Clément Vallos, Matthieu Yakovleff
Interprètes : Guillaume Darnault, Julie Gallibert, Andy Pimor, Fabien Strobel
Distribution : Destiny Films
Durée : 1h40
Genre : Comédie dramatique
Date de sortie : 27 septembre 2023

3.5/5

Synopsis : Guillaume, 33 ans, perd la mémoire de façon irréversible et va rentrer dans un centre spécialisé. Dans l’espoir de lui laisser un souvenir heureux, ses potes d’enfance lui organisent un dernier week-end festif. Ils se lancent dans un road trip qui permettra peut-être à Guillaume de régler ses problèmes avant qu’il ne les oublie…

Sans doute connaissez vous l’expression « avoir une mémoire de poisson rouge », une expression née d’une croyance selon laquelle la mémoire d’un poisson rouge serait limitée à quelques secondes. De nombreuses expériences scientifiques ont montré que cela était totalement faux mais cette vieille expression continue d’être utilisée et elle est à l’origine du titre du film réalisé par Hugo Bachelet, Clément Vallos et Matthieu Yakovleff. En effet, ce film raconte le week-end que Julie et Fabien, les meilleurs ami.e.s de Guillaume, ont organisé afin de permettre à ce dernier d’aborder plus sereinement son arrivée, dès le lundi qui suit, dans un centre spécialisé dans la maladie d’Alzheimer (même si on n’entend jamais le mot « Alzheimer » durant toute la durée du film !). Guillaume est jeune, il n’a que 33 ans, mais, depuis déjà pas mal de temps, sa mémoire se détériore de plus en plus, principalement celle relative à des faits récents. Concernant les souvenirs anciens, on s’aperçoit vite que Guillaume a toujours présentes en lui une pensée pleine d’affection pour sa grand-mère Claudette, une pensée amoureuse pour Mathilde, « l’amour de sa vie », et de vieilles rancœurs que ce week-end va lui permettre de solder plus ou moins élégamment. Rancœur envers Andy, un ancien condisciple de collège qui n’arrêtait pas de lui « jeter des trucs » durant les cours lorsqu’ils étaient en 4ème et en 3ème, une rancœur qui va vite se dissiper, Andy se joignant au trio pour la suite du week-end. Rancœur envers un patron qui l’a licencié.  Rancœur envers son père qui ne vient jamais le voir.

Dans leur désir de bien faire pour offrir un dernier week-end de liberté et de bonheur à leur ami, tout en sachant très bien que la fin de l’histoire est malheureusement écrite, Julie, Fabien et Andy ne vont pas manquer de commettre des gaffes. De leur côté, elle et ils vont également étaler leurs propres faiblesses : le côté ergomaniaque de Julie qui considère qu’on peut bosser à n’importe quelle heure, la médiocrité professionnelle de Fabien, un comédien cantonné à des rôles de figurants ou à des films de publicité, Andy qui n’arrive pas à assumer une paternité imminente. Ce film sur l’amitié très forte qui lie une femme et des hommes qui, à part cette amitié, n’ont finalement pas grand chose en commun, a été écrit et réalisé par Hugo Bachelet, Clément Vallos et Matthieu Yakovleff, un trio d’amis qui, déjà au lycée, avait pris l’habitude de réaliser des court-métrages ensemble. Au sein de Couac Production, la maison de production qu’ils ont fondée en 2012, ils ont surtout réalisé des clips, des documentaires et des captations de concert. Poisson rouge est leur premier long métrage de fiction. Ils ont pris ensemble une décision importante et osée : réaliser un film dont les situations seraient écrites mais les dialogues improvisés par les interprètes. Pour interpréter les 4 rôles principaux, ils ont sorti de leur chapeau Guillaume Darnault, Julie Gallibert, Andy Pimor et Fabien Strobel, des amis de longue date réunis dans la troupe d’improvisation « Les AutreS« . Si la distribution ne présente aucun interprète de très, très grande notoriété, on y trouve quand même, dans des seconds rôles, des comédiens et des comédiennes souvent rencontré.e.s au cinéma ou à la télévision : Denis Lavant, Thomas VDB, Steve Tran, Clémence Bretécher, … Par ailleurs, pour gagner du temps, le trio de réalisateurs s’est réparti le travail, Clément étant plus particulièrement chargé de l’écriture, Hugo gérant l’esthétique du film et occupant le poste de Directeur de la photographie, Matthieu ayant la responsabilité de la direction d’acteur. Force est de reconnaître que ce choix très osé de l’improvisation dans les dialogues donne beaucoup de spontanéité et de naturel à cette ode à l’amitié, sans pour autant, grâce au talent des interprètes, générer une ribambelle de scories. Le film passe sans encombre du cocasse à l’émotion et nous gratifie de quelques répliques (improvisées !) pleines de saveur : « si tu veux un monologue, appelle mon répondeur et parle avec lui », « être mise dans la merde de ta famille pour la comprendre, c’est ça être en couple ! », deux exemples parmi d’autres.

 


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