Critique Express : Loup, y es-tu ?

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Loup, y es-tu

France: 2022
Titre original : –
Réalisation : Clara Bouffartigue
Distribution : Véo Distribution
Durée : 1h25
Genre : Documentaire
Date de sortie : 13 septembre2023

4/5

Synopsis : Des jeunes, des enfants et leurs parents viennent consulter, souffrance en bandoulière, sous le manteau ou sous la peau, c’est selon. Au centre médico-psycho-pédagogique, les soignants sont là pour les accompagner en thérapie. Par le jeu, le dialogue, le silence, en famille, en groupe ou individuellement, ils cheminent pour les aider à grandir. La nuit, dans les couloirs et la salle d’attente, entre rêve et cauchemar, un drôle de petit bonhomme s’anime et libère ses émotions. Il était une fois, derrière le symptôme, tapis dans l’ombre, des enfants, des adolescents et des parents qui avaient peur du loup… Loup y es-tu ?

Il y a 11 ans, la gersoise Clara Bouffartigue, issue d’une famille dont de nombreux membres travaillent ou travaillaient dans l’Education Nationale, nous avait fait partager le quotidien de deux professeurs et des élèves d’une classe de 4ème dans un collège du 9-3 dans un film ayant pour titre Tempête sous un crâne. Un titre qui aurait très bien pu être utilisé à nouveau pour son nouveau film, fruit d’une longue immersion de la réalisatrice dans le Centre médico-psycho-pédagogique Claude Bernard qui dispose à Paris de 3 lieux de consultation. En effet, le but de ce centre comme des divers CMPP de l’hexagone consiste à proposer un suivi et un accompagnement à des enfants et adolescents qui éprouvent des troubles du comportement, des difficultés d’apprentissage, des troubles psychomoteurs ou des troubles du langage : en résumé, des enfants ou des adolescents chez qui règne une véritable tempête sous leur crâne. On prend conscience très vite que le but de Loup, y es-tu ? n’est pas de nous expliquer dans le détail le fonctionnement d’un CMPP ni de nous dresser un inventaire détaillé des équipes qui les composent, médecins, psychomotriciens, orthophonistes, psychologues, éducateurs et assistantes sociales. Non, le but du film est de nous faire assister à un grand nombre de rencontres entre ces professionnels et des enfants ou des adolescents accompagnés ou non de membres de leur famille, d’une manière générale un des parents ou les deux parents.

Aucun commentaire ne vient s’ajouter à la restitution de ces rencontres et il ne nous sera jamais précisé à quelle profession appartient le soignant à l’écoute. Qu’importe ! Ce qui compte, c’est que, grâce à sa longue immersion dans le centre Claude Bernard, Clara Bouffartigue  a réussi petit à petit à se faire oublier des participants et, venant seule en s’occupant de l’image et du son, elle a pu ainsi capter des scènes d’une grande intensité, criantes de vérité, avec des enfants se réfugiant dans un profond mutisme ou, au contraire, débordant d’activité, avec des pères et des mères qui prennent petit à petit conscience que les problèmes rencontrés par leur enfant viennent directement des problèmes qu’elle et lui vivent à l’intérieur de leur couple. L’accent est mis sur les difficultés d’être parents, sur la fragilité de la relation parent/enfant. On découvre combien l’écoute et l’accompagnement sont importants pour aider parents et enfants à mieux se comprendre. Souvent, quelques entretiens au bon moment suffisent à ramener l’harmonie dans cette relation et ainsi d’éviter des dégâts ultérieurs dans le développement ou dans la scolarité de l’enfant et au-delà dans sa vie d’adulte. En fait, le but du film est bient de mettre en lumière le travail « de fourmi » de ces équipes qui, bien loin de la logique de rentabilité prônée par les technocrates de la santé, prennent le temps de privilégier l’humain. A la vision du film, on espère qu’on continuera à laisser aux CMPP les moyens qui leur sont nécessaires mais on s’inquiète en voyant arriver des réformes managériales brutales imposées à des institutions pédopsychiatriques, tel le cahier des charges de l’ARS Nouvelle Aquitaine apparu récemment et qui impose une transformation radicale du fonctionnement et de la mission des Centres Médico-Psycho-Pédagogiques, dans une direction restrictive comme de bien entendu ! Tempête sous un crâne n’avait réuni qu’un peu plus de 6000 spectateurs dans les salles. On peut espérer que le succès de la série En Thérapie sur Arte donne envie à un plus grand nombre de spectateurs de se confronter aux passionnants dialogues entre soignants et patients exposés dans Loup, y es-tu ?. La différence entre les deux ?  Une excellente fiction d’un côté, un excellent documentaire de l’autre.

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