Critique Express : How to have sex

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How to have sex

Grande-Bretagne : 2023
Titre original : –
Réalisation : Molly Manning Walker
Scénario : Molly Manning Walker
Interprètes : Mia McKenna-Bruce, Shaun Thomas, Lara Peake
Distribution : Condor Distribution
Durée : 1h28
Genre : Drame
Date de sortie : 15 novembre 2023

2.5/5

Synopsis : Afin de célébrer la fin du lycée, Tara, Skye et Em s’offrent leurs premières vacances entre copines dans une station méditerranéenne ultra fréquentée. Le trio compte bien enchaîner les fêtes, cuites et nuits blanches, en compagnie de colocs anglais rencontrés à leur arrivée. Pour la jeune Tara, ce voyage de tous les excès a la saveur électrisante des premières fois… jusqu’au vertige. Face au tourbillon de l’euphorie collective, est-elle vraiment libre d’accepter ou de refuser chaque expérience qui se présentera à elle ?

Vous prenez Tara, Skye et Em, 3 adolescentes anglaises qui viennent de passer leurs examens marquant la fin de leur séjour au lycée et vous les balancez à Malia, sur la côte nord de la Crête, pour un séjour au cours duquel elles n’auront qu’un seul but, s’éclater, un séjour qui, impérativement, sera fait de soleil, de fête, d’alcool et de sexe. C’est ce qu’a fait la réalisatrice britannique Molly Manning Walker pour son premier long métrage. Le monde est bien fait : un logement proche de celui de nos 3 adolescentes est occupé par Badger, Paddy et Paige, 3 jeunes britanniques un peu plus âgés qu’elles. Voilà qui devrait faciliter les choses concernant le volet « sexe » de leurs vacances. Un volet que Tara a bien l’intention de satisfaire : elle tient absolument à perdre sa virginité avant de retourner en Grande-Bretagne. Avec quel genre d’homme, dans quelles conditions, elle n’y a pas vraiment réfléchi, il faut juste qu’elle « le fasse ». Est-ce par rapport à ses copines ? Est-ce du fait de la pression sociale liée au sexe qui s’exerce sur les adolescent(e)s ?  Un peu des deux, sans doute ! Toujours est-il qu’elle va « le faire », mais dans des conditions qu’on pourra qualifier de sordide et qui seront loin de la satisfaire.


L’idée de ce film est venu à la réalisatrice lors du mariage d’une amie à Ibiza, mariage qui lui a permis de retrouver des amies de jeunesse et de faire resurgir de leurs mémoires ce qui s’était passé sur cette île lors de leurs premières vacances sans leurs parents. En particulier la scène où un jeune homme se donnait en spectacle en se faisant faire une fellation en public. Un retour vers le passé qui, dit elle, lui a permis de prendre conscience de l’incidence que cet évènement avait eu sur sa vie sexuelle, une prise de conscience partagée avec toutes les amies à qui elle avait parlé durant ce mariage. C’est pourquoi elle a tenu à inclure une telle scène dans son film, scène qui amène Tara à se montrer déçue par le jeune homme sur lequel elle avait jeté son dévolu pour faire office de premier amant. Il parait évident que Molly Manning Walker souhaitait montrer, au travers de son film, que le scénario envisagé par Tara pour débuter sa vie sexuelle était loin d’être le meilleur. Pas de problème, elle y parvient, même si elle n’insiste pas assez sur l’ambiguïté dont fait souvent preuve la pression sociale : le fait qu’une jeune fille dont on sait qu’elle ne « couche » pas se verra facilement rejetée comme étant trop prude, trop puritaine alors qu’une jeune fille dont on sait qu’elle « couche » se verra souvent traitée de « fille facile », de « pute », de « trainée », de « salope ».

Par ailleurs, les questions du consentement et du viol trouvent une place importante dans How to have sex. Et là, dès le départ, la réalisatrice s’est mise dans une position difficile : pour faire court, le consentement, ce n’est pas forcément le fait de dire « oui » à votre partenaire, c’est surtout le fait de pouvoir dire « non » à tout moment et d’être entendue ; le viol, c’est le fait de refuser d’entendre ce « non ». Il se trouve que Tara a décidé de perdre sa virginité lors de son séjour à Malia. Certes, cela ne signifie pas qu’elle souhaite passer à l’acte avec n’importe qui, mais, indéniablement, cela la fragilise quant à son discernement. En plus, il y a cette ambiance pernicieuse de fiesta H24 et l’état d’ébriété qui ne la quitte que rarement, deux éléments qui ne peuvent que nuire à sa capacité à dire « non ». Tout cela concourt à renforcer le message de la réalisatrice visant à dissuader les jeunes filles de suivre le modèle de Tara pour débuter dans la sexualité partagée mais ne fait pas de How to have sex un film permettant d’éclairer avec justesse de jeunes spectateurs sur ce qu’est le consentement, sur ce qu’est le viol.

Alors que le début du film faisait craindre le pire, How to have sex, grâce au beau personnage qu’est Tara, grâce au talent de Mia McKenna-Bruce, son interprète, et malgré ses excès et ses maladresses, s’avère au final « moins pire que si c’était pire ».  Attention : il s’agit là d’une réflexion émise par un « vieux » qui s’attache surtout à la qualité cinématographique du film. Reste à savoir l’effet qu’il aura sur son cœur de cible, les adolescents et, plus précisément, les adolescentes. En tout cas, ce film a plu au jury de la sélection Un Certain Regard du dernier Festival de Cannes puisqu’il lui a attribué son Prix !

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