Critique Express : Employé / Patron

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Employé / Patron

Uruguay : 2021
Titre original : El Empleado Y El Patron
Réalisation : Manuel Nieto Zas
Scénario : Manuel Nieto Zas
Interprètes : Nahuel Pérez Biscayart, Cristian Borges, Justina Bustos, Fatima Quintanilla
Distribution : Eurozoom
Durée : 1h46
Genre : Drame
Date de sortie : 6 avril 2022

3/5

Synopsis : Un petit patron agricole, préoccupé par la santé de son bébé, tente de conjuguer sa vie personnelle à son travail chronophage. Pour son exploitation de soja, il recrute un jeune homme de 18 ans qui a un besoin urgent de gagner de l’argent pour subvenir aux besoins de sa famille, récemment agrandie. Un jour un terrible évènement advient sur la plantation.


Un pays qui se transforme

« La patrie s’est faite à cheval », dit un dicton uruguayen. Il est vrai que l’Uruguay, tout comme sa voisine l’Argentine, a longtemps été un pays de gauchos, ces gardiens de troupeau se déplaçant à cheval dans la pampa, les équivalents de ceux qu’aux Etats-Unis on appelle les cowboys. Il faut dire que, pendant très longtemps, la plus grande partie de la surface agricole du pays était consacrée aux élevages bovin et ovin. Ce n’est que récemment, une petite trentaine d’années tout au plus, que le pays a développé ses productions végétales avec, en particulier, une production de soja de plus en plus importante. Dans les exploitations agricoles qui se sont tournées vers les productions végétales, ce ne sont pas des gauchos que l’on cherche à embaucher, ce sont des gens capables de piloter de gros tracteurs tractant une charrue et de grosses machines agricoles. Une denrée rare, d’après ce que montre le début du film. Une « denrée » que recherche Rodrigo, le jeune patron d’une exploitation de taille moyenne qui vient d’être lâché par deux de ses employés et dont on comprend vite, par ailleurs, que l’enfant qu’il a eu avec Federica a de graves problèmes de santé. Parti pour voir si Lacuesta, un « vieil » employé de son père, ne pourrait pas faire l’affaire, c’est finalement Carlos, le fils de Lacuesta, qu’il va embaucher. Malgré ses 18 ans, Carlos est déjà en couple et père d’une petite fille. Très impliqué dans tout ce qui tourne autour des chevaux, il a l’ambition de participer au raid de Santa Clara, un raid équestre très bien doté en récompenses et qui se dispute sur plus de 100 kilomètres.

 

Peut-être avez vous déjà remarqué que le jugement qu’on porte sur un film évolue au cours de sa projection et que, presque toujours, l’impression ressentie vers sa fin tend à s’imposer comme étant l’impression générale laissée par le film. C’est peut-être ce qui se passera pour vous à la vision de Employé / Patron, avec une bonne première moitié du film qui a tendance à trainer et qui comprend en plus quelques ellipses assez maladroites, et la suite et la fin beaucoup plus vivantes et passionnantes. Dans cette deuxième moitié, des drames interviennent, les compagnes de Rodrigo et de Carlos apportent une vision différente par rapport au travail et par rapport aux enfants, le père de Rodrigo fait son apparition, de toute évidence aux origines françaises. Et puis, l’on suit de près le raid de Santa Clara, un de ces raids qui prouve que, malgré tout, la culture équestre est toujours très populaire en Uruguay, d’autant plus que les Emirats Arabes sont près à payer au prix fort les chevaux qui se montrent à leur avantage  Même si Rodrigo est sensiblement plus âgé que Carlos, ils sont tous les deux les pères d’enfants en bas âge et la relation employé / patron qu’ils entretiennent s’avère particulièrement apaisée.

Présenté en 2021 à la Quinzaine des Réalisateurs, Employé / Patron est le 3ème long métrage de Manuel Nieto Zas. Pour son casting, le réalisateur a choisi un mélange de comédien.ne.s professionnel.le.s et de non professionnel.le.s. Le plus connu pour nous est bien sûr Nahuel Pérez Biscayart, l’interprète de Rodrigo. En fait, l’ayant vu dans de nombreux films français, dont Au revoir là-haut et 120 battements par minute ainsi que, très récemment, dans le film germano-russe Les leçons persanes, on a tendance à oublier que ce comédien est argentin et on est presque surpris de le retrouver en tête d’affiche de ce film tourné dans le nord de l’Uruguay.

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