Critique Express : Club Zéro

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Club Zéro 

Autriche, Allemagne, France, Grande-Bretagne, Danemark : 2023
Titre original : –
Réalisation : Jessica Hausner
Scénario : Jessica Hausner, Géraldine Bajard
Interprètes : Mia Wasikowska, Sidse Babett Knudsen, Elsa Zylberstein
Distribution : Bac Films
Durée : 1h50
Genre : Drame
Date de sortie : 27 septembre 2023

3/5

Synopsis : Miss Novak rejoint un lycée privé où elle initie un cours de nutrition avec un concept innovant, bousculant les habitudes alimentaires. Sans qu’elle éveille les soupçons des professeurs et des parents, certains élèves tombent sous son emprise et intègrent le cercle très fermé du mystérieux Club Zéro.

Peut-être savez vous ce qu’est « l’alimentation consciente » ? Peut-être pas ! En tout cas, c’est au travers de ce concept d’ « alimentation consciente » que la réalisatrice autrichienne Jessica Hausner a choisi d’aborder le thème des problèmes que pouvait générer la délégation donnée par manque de temps par un grand nombre de parents à l’institution éducative. C’est en tant que professeur de nutrition que Miss Novak a été engagée dans un lycée huppée dont la localisation ne sera jamais précisée. Une seule certitude : on y parle anglais. Très vite, il s’avère que Miss Novak est une spécialiste de « l’alimentation consciente ». Il n’y a rien à redire à  ces principes de « l’alimentation consciente » : manger lentement et sans distraction, faire attention à chaque bouchée, ne manger que jusqu’à ce que vous soyez rassasié tout en sachant qu’il faut parait-il 20 minutes au cerveau pour se rendre compte que l’on est rassasié, être à l’écoute de ce qui relève de la faim réelle et ne pas succomber aux envies de manger qui ne relèvent pas de la faim, etc. Tout cela ne peut qu’être bon pour le corps, tout cela ne peut qu’être bon pour la planète. Un petit groupe d’élèves s’avère très intéressé par les cours de Miss Novak, chacun(e) pour une raison qui lui est propre, et les membres de ce groupe suivent scrupuleusement les principes qu’elle leur inculque.  Toutefois Miss Novak a un objectif caché : amener petit à petit ces élèves vers le Club Zéro, un club fermé où il n’est plus question de quantité ou de qualité concernant la nourriture ingurgitée, puisque, dans ce club, on ne mange plus rien ! Face à cette dérive sectaire, quelle peut-être la réaction des parents lorsque cette dérive devient patente ? Que peut faire la direction de l’établissement scolaire ? N’est-il pas trop tard pour réagir ?

Quand bien même l’autrichienne Jessica Hausner a été l’élève puis la collaboratrice de Michael Haneke, c’est plutôt vers le suédois Ruben Östlund qu’on doit chercher un certain cousinage cinématographique. En effet, son cinéma va aussi loin dans le sarcasme grinçant que le palmé d’or de 2022 avec ce film qui nous parle d’une certaine frange de la société contemporaine, incapable, soi disant par manque de temps, de s’occuper de l’éducation de ses enfants et qui les confie à des établissements scolaires privés supposés être « haut de gamme » mais dont certains professeurs peuvent s’avérer incontrôlables. Comme on peut d’en douter, Jessica Hausner est reçue de façon aussi clivante que Ruben Östlund, appréciée par une partie du public, complètement rejetée par les autres. Rejetée, on peut l’admettre, même si on ne partage pas ce jugement. Par contre, on ne comprend plus rien lorsque, pour expliquer ce rejet, est évoqué  le caractère réactionnaire de Club zéro ! Comme par hasard, le même jugement à lemporte-pièce que celui apporté par certains critiques pour  disqualifier The square et Sans filtre.

Dans ce film à la production très internationale, la distribution l’est tout autant avec l’australienne Mia Wasikowska dans le rôle de Miss Novak, la danoise Sidse Babett Knudsen dans celui de Mrs Dorset, la Directrice de l’établissement scolaire,  la britannique Camilla Rutherford et les français Elsa Zylberstein et Mathieu Demy en parents d’élèves, etc., tout ce monde s’exprimant en anglais. Pour ce film dans lequel l’habillement des protagonistes a une certaine importance, que ce soit celui porté par Mrs Dorset ou l’uniforme porté par les élèves, Jessica Hausner a fait appel à sa soeur Tanja, une costumière réputée, pour le choix des coupes et des couleurs. Très souvent présente au Festival de Cannes, le plus souvent dans la sélection Un Certain Regard, Jessica Hausner l’était à nouveau cette année avec Club Zéro, qui, comme Little Joe, son film précédent, a eu droit à la Compétition Officielle.


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