Critique : Entre les roseaux

0
2161

Entre les roseaux

Grande-Bretagne, Finlande : 2017
Titre original : A moment in the reeds
Réalisation : Mikko Makela
Scénario : Mikko Makela
Interprètes : Janne Puustinen, Boodi Kabbani, Mika Melender
Distribution : Outplay
Durée : 1h48
Genre : Drame, romance
Date de sortie : 20 mars 2019

2.5/5

Entre les roseaux est le premier long métrage de Mikko Makela. Ce cinéaste finlandais vit à Londres mais il est retourné dans son pays d’origine pour cette réalisation. Mikko Makela a réalisé des clips liés à la musique et à la mode et il travaille également dans le milieu théâtral.

Synopsis : De retour en Finlande pour les vacances d’été, Leevi aide son père à restaurer le chalet familial au bord d’un lac. Tareq, un réfugié syrien demandeur d’asile, les aide sur ce chantier. Alors que Leevi trouve refuge dans la littérature de Rimbaud, Tareq tente de se construire une identité dans un monde fait d’inégalités. Loin du regard du père, ces deux hommes que tout oppose se découvrent l’un l’autre. L’amour devient un exutoire…

Un père, son fils, un réfugié syrien

Etudiant à Paris, Leevi travaille sur une thèse consacrée à une comparaison entre le poète finlandais  Kaarlo Sarkia et Arthur Rimbaud. Les vacances d’été lui permettent de venir retrouver Jouko, son père, dans sa résidence secondaire, située à proximité d’un lac. Cette maison, Jouko envisage de la vendre : il voit péricliter son entreprise de transport de bois vers une usine de papier et souhaite, moyennant un investissement, se lancer vers un autre type de transport. Pour l’aider dans la remise en bon état de cette maison, il compte sur son fils et il a également engagé un ouvrier, Tareq, réfugié syrien, architecte de profession mais bien obligé d’accepter des petits boulots en attendant mieux.

Affirmer que les relations entre Leevi et son père ne sont pas au beau fixe relève de l’euphémisme, Jouko, un brin raciste et homophobe, reprochant à son fils de ne pas fréquenter de jeune fille, de chercher à ne pas effectuer son service militaire, en bref de ne pas se comporter en homme véritable. Cerise sur le gâteau, Jouko ne parle pas anglais, Tareq ne parle pas finnois et le père doit donc compter sur son fils pour dialoguer avec son ouvrier. Lorsque ses affaires amènent Jouko à quitter provisoirement le chalet et les deux jeune hommes qui y travaillent, une attirance mutuelle pousse Leevi et Tareq dans les bras l’un de l’autre.

Du neuf dans le déjà vu

A la lecture de ce qui précède, vous devez peut-être vous dire que Entre les roseaux vous rappelle d’autres films : Le secret de Brokeback Mountain, peut-être ? ou bien Call me by your name ? Seule la terre, sûrement encore davantage. Vous n’avez pas tort ! Il y a toutefois et heureusement du neuf dans Entre les roseaux. Il y a les rapports entre un père et son fils, Jouko et Leevi qui ne sont absolument pas sur la même longueur d’onde, au point que Leevi est allé poursuivre ses études en France, loin d’un père auprès duquel il étouffait ; il y a la situation des immigrés, obligés le plus souvent d’accepter des postes très éloignés de ce que leur qualification devrait leur permettre d’espérer ; il y a la relativité des situations de Tareq et de Leevi, un immigré et un émigré qui, tous deux, ont quitté leur pays d’origine pour trouver ailleurs plus de liberté, le premier ayant eu toutes les difficultés du monde pour arriver en Finlande, une destination qui, pour lui, en particulier en tant qu’homosexuel, n’est pas parfaite mais représente un progrès par rapport à la Syrie, le second n’ayant eu aucune difficulté pour aller poursuivre ses études en France, un pays dans lequel il se sent beaucoup plus libre que dans sa Finlande natale.

Malheureusement, la réalisation peine à mettre en valeur les objectifs du film. En premier lieu, on déplorera un certain manque de rythme dans la mise en scène et le montage du film, au point qu’on peut parler, le concernant, de longueurs dans la langueur. On peut aussi regretter que les scènes physiques entre Leevi et Tareq soient filmées avec un peu trop de complaisance.

Un film probablement très personnel

Mikko Makela ayant quitté la Finlande pour aller faire carrière en Angleterre, on peut penser qu’il y a beaucoup de lui-même dans le personnage de Leevi qui, lui, a quitté la Finlande pour la France. Pour jouer le rôle de Leevi, Janne Puustinen, un jeune comédien finlandais qui travaille aussi bien au théâtre qu’au cinéma. Boodi Kabbani, l’interprète de Tareq, a quitté il y a 5 ans la Syrie pour venir s’installer en Finlande où il travaille surtout comme metteur en scène de théâtre. Quant à Mika Melender, il jouait un tout petit rôle dans Olli Mäki, film finlandais sorti il y a 2 ans.

Conclusion

Face à un scénario qui donne une impression de déjà vu, mais avec des éléments « tout neufs » et fort intéressants, on ne peut que regretter une certaine mollesse dans la réalisation et le côté complaisant de certaines scènes.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici