Critique : Cinéma mon amour

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Cinéma mon amour

Roumanie, Tchécoslovaquie : 2015
Titre original : –
Réalisation : Alexandru Belc
Scénario : Alexandru Belc, Tudor Giurgiu, Ilinca Micu
Acteurs : Victor Purice, Cornelia Chelmu, Lorena Cosau
Distribution : Outplay
Durée : 1h10
Genre : Documentaire
Date de sortie : 17 mai 2017

3/5

Script de Cristian Mingiu sur 4 mois, 3 semaines et 2 jours en 2007, puis premier assistant du réalisateur Corneliu Porumboiu sur Policier, adjectif en 2009, Alexandru Belc a réalisé son premier long métrage en 2012 : « 8th of march », un documentaire sur la place des femmes dans le monde du travail dans la Roumanie post-communiste. Dans Cinéma mon amour c’est à une plongée dans le monde des salles de cinéma de son pays qu’il nous entraîne.

Synopsis : En 1989, il y avait plus de 400 cinémas en Roumanie. Aujourd’hui, il en reste moins de 30. C’est l’histoire d’un combat. Celui de Victor, directeur de cinéma depuis plus de 40 ans et cinéphile militant, qui se bat au quotidien avec ses deux employées pour tenter de sauver sa salle, l’une des dernières de Roumanie. Baigné entre nostalgie et rêves d’avenir, Victor tente de résister avec passion.

Les salles de cinéma en Roumanie

En Roumanie, avant la chute du communisme, tout ce qui concerne le cinéma était sous le contrôle d’une entité unique en relation directe avec l’État, la « Centrala România-Film ». Des fonds avaient été alloués pour amener le cinéma à chaque habitant du pays, un important réseau de salles avait donc été créé  et la Roumanie comptait alors 400 cinémas permanents plus un grand nombre de salles itinérantes. Si on ajoute le faible prix des entrées et le fait qu’à cette époque la télévision ne diffusait ses programmes que quelques heures par jour, on conçoit que tout était réuni pour obtenir une très importante fréquentation dans les salles : en proportion, deux fois celle observée en France à la même époque ! Aujourd’hui, România-Film a été privatisé et il ne reste plus qu’une petite trentaine de cinémas. Des cinémas dans lesquels les majors américaines règnent en maître et qui laissent très peu de place aux réalisateurs roumains, dont le succès est beaucoup plus  grand dans les festivals du monde entier qu’auprès du public de leur pays.

 

Un cabot qui travaille comme un chien

Alexandru Belc avait 9 ans lorsque a éclaté la Révolution roumaine de 1989 et il était déjà « accro » au cinéma lorsque cet événement s’est déroulé. C’est donc tout naturellement qu’il a voulu se pencher sur ce qu’étaient devenues, depuis, les salles de cinéma de son pays. Au départ, il avait prévu de faire le tour de tous les cinémas de Roumanie. Jusqu’au jour où il a rencontré Victor Purice, l’exploitant du cinéma de Piatra Neamt, une ville de 85000 habitants, située en Moldavie, au nord-est du pays, à 300 km de Bucarest. Victor Purice lui est vite apparu suffisamment attachant pour qu’il décide de consacrer son film à son histoire plutôt que de courir d’un cinéma à l’autre comme il en avait l’intention au début. Il faut dire que Victor Purice a tout pour devenir un héros de cinéma : un homme qui, pour permettre à son cinéma de survivre, a décidé de ne pas suivre sa famille dans une émigration vers l’Italie, un homme qui, avec les deux employées qui travaillent à ses côtés, s’occupe de tout ce qui fait la vie d’une salle de cinéma, depuis la programmation jusqu’aux problèmes de chauffage de la salle en passant par la rénovation de la façade. Avant de passer à la 3D, n’est-il pas préférable de nettoyer le cinéma et de le débarrasser des rats ! Et puis, ce qui ne gâte rien lorsqu’il s’agit de cinéma, ce Victor Purice s’avère être un véritable « cabot », manifestement très heureux de se trouver face à une caméra, en particulier quand il s’agit de se lâcher dans une prestation d’ « air guitar ».

Tout au long du film, c’est donc avec le sourire aux lèvres qu’on suit Victor Purice dans son travail quotidien. On le suit aussi en Allemagne où, grâce à un ancien apprenti employé par son cinéma et qui a trouvé du travail dans ce pays, il a été invité afin de réaliser un échange d’expérience. L’Allemagne, « un autre niveau de civilisation » pour Victor Purice.


Photo et affiche

Ce film n’ayant pas de véritables comédiens, on parlera plutôt de sa photographie et de son affiche. Le Directeur de la photographie de Cinéma mon amour n’est autre que Tudor Vladimir Panduru, qui officiait sur Baccalauréat de Cristian Mungiu. Quant à l’affiche du film, on la doit à l’illustrateur espagnol Federico Babina, connu  pour  avoir  dessiné, dans sa série « Archidirector »,  des maisons influencées par le style cinématographique de 27 des plus grands réalisateurs de l’histoire du cinéma.

 

Conclusion

Intéresser les spectateurs à un documentaire sur la vie d’une salle de cinéma d’une petite ville de Roumanie : voilà pour un réalisateur une forme de pari dont on peut penser a priori qu’il sera difficile à gagner. Eh bien, grâce à la véritable prestation d’acteur de Victor Purice, l’exploitant du cinéma Dacia de Piatra Nemt, grâce au montage très judicieux du film, on peut s’amuser à faire un autre pari : qu’une grande majorité de spectateurs abandonneront très vite toute forme d’a priori négatif pouvant provenir de la lecture du synopsis.


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