Critique : Benjamin

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Benjamin

Grande-Bretagne : 2018
Titre original : –
Réalisation : Simon Amstell
Scénario : Simon Amstell
Interprètes : Colin Morgan, Phénix Brossard, Jack Rowan, Jessica Raine
Distribution : Outplay
Durée : 1h25
Genre : Comédie dramatique
Date de sortie : 25 décembre 2019

3/5

Déjà présentateur d’émissions à la télévision, acteur, scénariste et humoriste de stand-up, le quadragénaire britannique Simon Amstell est aussi, dorénavant, réalisateur de cinéma. Benjamin, son premier film, est largement inspiré de sa propre existence. Il n’est peut-être pas inutile de savoir trois choses le concernant : il a été élevé dans une famille de confession juive, ses parents ont divorcé alors qu’il était adolescent et il est ouvertement homosexuel.

Synopsis : Benjamin, jeune cinéaste en herbe, est sur le point de sortir son second film, non sans rencontrer quelques difficultés. Un soir, il tombe sous le charme d’un musicien français nommé Noah. Accablé par son manque de confiance en lui, Benjamin se retrouve confronté à sa plus grande angoisse, le sentiment amoureux…

Un homme qui n’a aucune confiance en lui-même

7 ans, déjà, se sont écoulés depuis la réalisation de « Happy », le premier film de Benjamin Oliver, un film qui avait rencontré un franc succès. Même si se posent encore quelques questions sur certaines scènes, à garder ou pas, « No self », le deuxième du réalisateur, est presque terminé et son avant-première doit avoir lieu lors du très proche dans le temps BFI London Film Festival. Quand on lui demande pourquoi tant de temps s’est écoulé entre les 2 films, la réponse de Benjamin est la suivante : « Quand ton travail est apprécié, il faut arrêter avant qu’on commence à te détester. L’idéal aurait été de faire ce film et de mourir ». Et Billie, son agente, de résumer le propos par « Disons que tu es un perfectionniste ». En fait, Benjamin est surtout un homme qui n’a aucune confiance en lui-même et qui stresse énormément face à la réception qu’on va faire de son film ! Et le voilà, en plus, qui se retrouve confronté à un évènement inattendu : un coup de foudre ressenti pour Noah, le chanteur d’un groupe de rock « slowcore », rencontré lors d’une manifestation mondaine organisée par Martha, une amie de Billie, pour le lancement d’une gamme de chaises. Noah est français, beaucoup plus jeune que Benjamin et il est à Londres pour suivre les cours de la Guildhall school of music. Il est possible que cet évènement inattendu puisse diminuer le stress ressenti par Benjamin ; il est possible, aussi, qu’il puisse l’augmenter !!

Les milieux artistiques de Londres

Vues ses nombreuses « casquettes », Simon Amstell est quelqu’un qui connait probablement très bien la plupart des milieux artistiques de Londres. Passant du cinéma à l’art contemporain en passant par la musique et le stand up, il déroule un panorama de ces milieux, sans acrimonie, sans méchanceté, mais avec un ton moqueur, plein de verve, qui n’est pas sans rappeler celui de Woody Allen parlant de New-York. Les peintures qu’il fait de son ami Stephen, que Benjamin imagine en neurasthénique prêt à mettre fin à ses jours, et de son agente Billie, toujours débordée, sont empreintes de sympathie et de générosité. Celle de Noah respire l’amour que Benjamin a dû éprouver pour la personne qui lui a inspiré ce personnage. Par contre, Harry, le partenaire de Benjamin dans « No self », un acteur ambitieux à l’avenir prometteur, a droit à un portrait moins aimable. Toutefois, celui dont Simon Amstell se moque le plus, c’est à coup sûr de lui-même, ou plus exactement, de Benjamin, personnage dans lequel le réalisateur a probablement mis beaucoup de lui-même. Dans la mise en abyme que représente « No self » (réalisé par Benjamin) dans Benjamin (réalisé par Simon Amstell), ce dernier va jusqu’à utiliser le BFI London Film Festival comme cadre de la première de « No self ». Comme par hasard, c’est dans le cadre de l’édition 2018 de ce festival qu’a eu la première de Benjamin !

Avant tout, des interprètes de séries TV

Originaire d’Irlande du Nord, âgé de 33 ans, Colin Morgan, l’interprète de Benjamin, est un comédien « tout-terrain », qui passe allègrement du théâtre, au cinéma en passant par les séries TV. Le réalisateur a tenu que, pour une fois, il ne gomme pas son accent irlandais. Concernant l’interprète de Noah, Simon Amstell ne voulait pas qu’il soit originaire de Londres. C’est finalement le jeune acteur français Phénix Brossard qui a été choisi. Joel Fry, l’interprète de Stephen, a surtout joué pour des sitcoms TV. Il est également Hizdahr zo Loraq dans les saisons 4 et 5 de Game of Thrones. Quant à Jessica Raine, l’interprète de Billie, elle aussi a surtout joué dans des séries TV, en particulier dans Call the midwife, série dans laquelle elle interprète le rôle de Jenny Lee.

Concernant la musique du film et les chansons interprétées par Noah, Simon Amstell a collaboré avec James Righton, chanteur et claviériste du groupe The Klaxons. Il est bon de noter que c’est Phénix Brossard lui-même qui, sur scène, entouré de véritables musiciens, chante les chansons écrites par James et Simon.

Conclusion

Pour son premier film, Simon Amstell installe sur l’écran un réalisateur qui est un peu son double mais qui, lui, se retrouve face aux affres du deuxième film, celui qui, très souvent, est considéré comme le plus difficile à réaliser. Dans Benjamin, Simon Amstell, avec un ton qui rappelle assez souvent Woody Allen, se montre manifestement narquois par rapport à lui-même tout en se moquant gentiment des milieux artistiques de Londres. On ne rit jamais à gorge déployée mais le film est plaisant.

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