Collection « Cine de terror » – El Retorno de Paul Naschy !

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Le cinéma de Paul Naschy, alias Jacinto Molina, n’est pas très bien représenté en DVD en France. Jusqu’à aujourd’hui, seuls La furie des vampires et L’empreinte de Dracula, respectivement quatrième et septième épisode de la saga lycanthrope consacrée à « Waldemar Daninsky » étaient disponibles en DVD Zone 2 dans l’hexagone.

Heureusement pour nous autres français, Artus Films existe et entreprend de réparer cette erreur avec le lancement de la collection « Cine de terror », consacrée au cinéma horrifique espagnol, qui propose, dés sa première vague, deux films avec Paul Naschy : Les vampires du Dr. Dracula (1968) et Le bossu de la morgue (1973).

 

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Les vampires du Dr. Dracula

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Espagne : 1968
Titre original : La marca del Hombre-lobo
Réalisateur : Enrique López Eguiluz
Scénario : Paul Naschy
Acteurs : Paul Naschy, Dyanik Zurakowska, Manuel Manzaneque…
Éditeur : Artus Films
Durée : 1h30
Genre : Horreur
Date de sortie cinéma : 31 mars 1971
Date de sortie DVD : 2 septembre 2014

 

 

En pillant le caveau d’un vieux château, des bohémiens retirent une croix en argent du coeur de Imre Wolfstein. Loup-garou revenu à la vie, celui-ci sème à nouveau la terreur dans la région. Participant à une battue pour occire la bête, le comte Waldemar Daninsky se fait mordre, et devient loup-garou à son tour. Pour contrer cette malédiction, il demande l’aide du professeur Mikhelov et de sa femme, réputés pour être des spécialistes de la lycanthropie. Mais ces derniers sont en réalité des vampires qui veulent utiliser Daninsky…

 

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Les vampires du Dr. Dracula représente une date dans le cinéma d’horreur espagnol. Premier film mettant en scène le personnage du loup-garou Waldemar Daninsky (qui apparaitra dans rien de moins que 12 films jusqu’en 2004), le film réalisé par Enrique López Eguiluz (olé) s’avère une petite merveille au charme suranné, dont la beauté plastique n’a d’égal que la classe qui s’en dégage. La marca del Hombre-lobo assume son melting pot d’influences, et s’impose comme un objet filmique non identifié, quelque part à la croisée des chemins entre le cinéma gothique britannique de la Hammer et les grands classiques de la Universal des années 30-40, qui aimaient à mélanger les créatures au cœur d’un seul et même film (Frankenstein rencontre le loup-garou…). Le tout étant remis à la sauce 1968 par Naschy qui en signait le scénario…

Par sa générosité formelle (le film a été tourné en 70mm et en 3D !) et narrative (deux loups garous et deux vampires dans un seul et même film !), Les vampires du Dr. Dracula annonce certes le foisonnement un peu foutraque dans lequel allait se vautrer le cinéma bis dans les années 70, mais s’avère également tout à fait fascinant : avec son esthétique baroque et ses éclairages rouge / vert, le film recrée de toute pièce, à la façon des films de Mario Bava à l’époque, un autre univers, à la fois macabre et ravissant, au cœur duquel le spectateur aimera se glisser avec délectation.

 

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Le bossu de la morgue


Espagne : 1973
Titre original : El jorobado de la morgue
Réalisateur : Javier Aguirre
Scénario : Javier Aguirre, Alberto S. Insúa, Paul Naschy
Acteurs : Paul Naschy, Rosanna Yanni, Víctor Alcázar…
Éditeur : Artus Films
Durée : 1h25
Genre : Horreur
Date de sortie cinéma : 22 janvier 1975
Date de sortie DVD : 2 septembre 2014

 

 

Gotho, un misérable bossu, est employé à la morgue d’un hospice. Il s’occupe des tâches les plus ingrates, à la risée de tout le personnel. Amoureux fou d’une patiente, il prend soin d’elle autant qu’il le peut. Hélas, elle ne survit pas à sa maladie, ce qui plonge Gotho dans le chagrin. Désespéré, il cache la belle dans le sous-sol de la morgue. Un médecin sans scrupules lui promet de la ramener à la vie. Mais, en échange, il doit l’aider dans ses recherches : Gotho doit ramener des cadavres tout frais…

 

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Très influencé par le cinéma d’exploitation à l’italienne des années 70, Le bossu de la morgue évoque, dans ses outrances et ses excès, la veine de films de type « women in prison » de l’époque, ou même, par le sadisme et la complaisance qu’il affiche sans honte, la grande époque de la « nazisploitation ». Tortures gratuites, bains d’acide, savant fou, expériences contre-nature, snuff animalier (de vrais rats sont brûlés vivants – mon dieu mais que faisait Brigitte Bardot en 73 ?), érotisme malsain, zombies qu’on se demande encore ce qu’ils viennent foutre là, créature horrible et monstrueuse… Le bossu de la morgue est un fourre-tout convoquant tout à la fois le noble cinéma gothique par son côté romantique et son tournage dans de splendides galeries souterraines et, d’un autre côté, l’exploitation la plus vile et la plus racoleuse. Autrement dit, du pur bis, et un vrai petit plaisir déviant.

 

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Les DVDs

[4/5]

Excellente initiative de la part d’Artus Films que cette collection « Cine de terror ». Tourné en 70mm (la HD des années 70 si vous préférez), Les vampires du Dr. Dracula perd forcément un peu de sa superbe encodé en définition standard. Enfin, en l’état, le master est de bonne tenue et en attendant qu’Artus se lance dans la grande aventure du Blu-ray, nous nous en contenterons très bien, d’autant plus que l’éditeur nous propose de découvrir le film dans son format cinémascope respecté, dans une version complète non censurée (d’où certains passages automatiquement proposés en espagnol sous-titré) et disposant d’une version française d’origine 100% désuète (Dolby Digital mono of course). Côté son, la VO est en meilleure forme que la VF, qui souffre parfois d’un léger souffle voire de légères distorsions sonores, typiques des bandes magnétiques un poil fatiguées.

Le master du Bossu de la morgue affiche une moins bonne forme (définition, couleurs et contrastes un peu faibles), mais le film est tout de même proposé « uncut » et au format. Le film est proposé en VO et VF, la VF d’époque s’avérant bien gratinée dans son genre. Cela dit, la rareté du film et la profusion de suppléments contrebalancent nettement la faiblesse du master.

Tous les suppléments de cette vague « Cine de terror », qui contient également le formidable et rare La mariée sanglante, sont en effet centralisés sur la galette du Bossu de la morgue. Niveau packaging, Artus fait péter le digipack sur ce titre, et propose un livret de 60 pages signé Alain Petit, qui nous détaille l’histoire du cinéma fantastique espagnol. C’est complet, bien illustré, et dans la section suppléments, on retrouvera à nouveau Alain Petit, interviewé par les passionnés de chez Artus, qui trahissent d’ailleurs lors de cet entretien leurs origines du Midi (« Alors Alaing, parle-nous de Paul Naschy, oh ! »). L’entretien en lui-même, dont la durée est plus importante que celle du film sur la galette (1h30 !!!), s’avère bien mené et vraiment passionnant. Alain Petit y remet la carrière de Paul Naschy en contexte, revient sur les qualités et les défauts du bonhomme, et revient longuement sur la naissance du cinéma d’épouvante espagnol, tout en n’oubliant pas non plus d’en évoquer les défauts et/ou limites. Tout simplement indispensable.

 

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