Carnet de festival: PIFFF 2015 Jour 3

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The Survivalist

PIFFF 2015 BANDEAU

Après avoir passé la nuit à rêver de jolies japonaises en petite culotte, il est temps d’attaquer à nouveau le festival pour sa troisième journée de compétition. Une sélection tout en contraste puisque nous verrons le meilleur comme le pire de programmation.

Commençons donc avec les mauvaises nouvelles avec Der Nachtmahr de Akiz, une fumisterie qui s’apparente à une relecture du E.T. de Spielberg par un Larry Clarck sous ecstasy. On y suit les pérégrinations d’une jeune teufeuse bourgeoise qui se retrouve affublée d’un extra-terrestre hypersensible rencontré dans une fête techno. Voilà un film bien prétentieux qui sous ses postures de film de science-fiction entend bien traiter de sujets sociétaux contemporains: le mal-être adolescent, les fossés culturels entre les générations, la dépression, l’interdépendance…etc. Or, tous ces sujets ont été abordés avec plus de succès et de sérieux dans d’autres films de la sélection que dans ce pensum jeuniste. Personnages caricaturaux, images stroboscopiques, absence d’un réel point de vue dans son propos, scénario mal construit et musique hard techno assourdissante, le film d’Akiz donne la migraine à défaut d’inviter à la réflexion. A noter tout de même la réussite mineure du métrage: la créature extra terrestre aussi vilaine qu’intrigante qui, dans ses postures soumises, donne quelques scènes intéressantes, notamment dans le traitement de sa relation fusionnelle avec l’héroïne du film. Pour autant, Der Nachtmahr n’est rien d’autre qu’un médiocre film de plasticien !!!!

Je fais l’impasse sur le chef d’œuvre John Carpenter’s The Thing, déjà vu en salle en copie 35 mm à la Cinémathèque en version intégrale et je reprends les visionnage pour la séance de 19h30 avec le film post-apocalyptique de Stephen Fingleton: The Survivalist. Film pour le moins radical dans son approche du genre et sa construction, il dépeint, dans un monde plongé dans le chaos des suites de la disparition de sources énergétiques fossiles, de la survie d’un jeune fermier dans sa cabane isolée au fin fond d’une forêt en Irlande du Nord. La vie solitaire de cet homme va être bouleversée par l’arrivée inopinée d’une femme et de sa fille adolescente. Plus proche de La Route de Cormac McCarty que du Mad Max de George Miller, The Survivalist s’attache au quotidien de ses trois personnages contraints de vivre ensemble dans des temps aussi troubles. Avare en dialogues, le film s’avère très cru dans sa façon de décrire les rapports entre les êtres humains. Le cinéaste observe avec une juste distanciation l’évolution de ses personnages dans leur environnement, rend compte de leurs actes et souligne avec une froide objectivité le balancement du curseur moral dans ces conditions de vie extrême. Durant la séance de questions réponses, Stephen Fingleton a expliqué aux spectateurs comment il a procédé pour parvenir à un tel résultat et évoqué le remaniement du script avec les acteurs sur le plateau afin d’obtenir cette puissance naturaliste et viscérale dans ce post-apocalyptique intimiste. The Survivalist est à mon goût le meilleur film de la compétition, et il est fort injuste qu’il n’ait pas encore trouvé de distributeur en France !

The Survivalist

On termine avec un film un peu plus léger, quoique assez balourd dans son humour potache et le déploiement de décibels. Il s’agit de Deathgasm, comédie horrifique de Jason Lei Howden. Issu du milieu des effets spéciaux numériques et transfuge de Weta digital, le jeune cinéaste néo-zélandais réalise un film à l’ancienne, faisant la part belle aux prothèses et aux maquillages. On y suit le parcours de Brodie, ado chevelu recueilli par son oncle et sa famille de cul bénis. Il va exprimer sa révolte avec ses nouveaux amis en fondant un groupe de métal: Deathgasm. Les choses vont mal tourner quand ils vont jouer une partition maudite héritée d’une ex gloire du hard rock locale. Le film séduit essentiellement pour ses personnages attachants et la sincérité du cinéaste dans sa description de la culture métal, et son amour pour pour le genre horrifique qui doit beaucoup aux premières heures de son mentor Peter Jackson. Avalanche de gore, rire gras, outils de jardinage et sextoys, tous les ingrédients sont là pour faire passer aux spectateurs une bonne fin de soirée. Le film suit un peu trop scrupuleusement les règles du genre et souffre de ce fait d’un manque d’originalité.

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