À voir sur Netflix : Le bout du monde (Rim of the world)

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Le bout du monde (Rim of the world)
États-Unis : 2019
Titre original : Rim of the world
Réalisation : McG
Scénario : Zack Stentz
Acteurs : Jack Gore, Miya Cech, Benjamin Flores Jr
Distributeur : Netflix France
Durée : 1h38
Genre : Science-Fiction, Aventures
Date de sortie : 24 mai 2019

Note : 3,5/5

Une attaque extraterrestre frappe en pleine colonie de vacances. Pour sauver le monde, quatre adolescents qui n’ont rien en commun doivent remplir une mission périlleuse…

Repéré grâce à une poignée de clips dans la deuxième moitié des années 90, Joseph McGinty Nichol alias McG est arrivé dans le petit monde du cinéma en frappant très, très fort. Avec Charlie et ses drôles de dames (Charlie’s angels, 2000) et Charlie’s angels : Les anges se déchaînent (Charlie’s angels : Full throttle, 2003), McG s’est en effet imposé d’entrée de jeu comme un des cinéastes les plus iconoclastes de sa génération. A l’image d’un Baudelaire de l’Art cinématographique, Hollywood lui avait donné sa boue, et il en avait fait de l’or. Malheureusement, et malgré son talent incroyable, son aura auprès des studios ne serait que de courte durée, et s’estomperait finalement peu à peu au tournant des années 2010, jusqu’à ce que son nom ne résonne plus que dans le cœur meurtri d’une poignée de fans, désespérant de le voir reprendre un jour les rennes de la saga Charlie’s angels, qui échouerait finalement – signe des temps – dans les mains d’une femme. Et le temps leur montra qu’ils avaient raison. Ainsi, malgré toute sa bonne volonté, en pliant sous le poids des impératifs moraux de l’ère des réseaux sociaux, Elizabeth Banks se montrerait en effet bien incapable de transcender son matériau de base de la même façon que McG vingt ans auparavant. Et parce que son esprit potache et iconoclaste n’était plus dans l’air du temps, McG fut finalement complètement écarté des majors, et trouva refuge chez Netflix, pour qui il tourna La babysitter en 2017, puis Le bout du monde (Rim of the world) en 2019.

Sous l’impulsion d’une grande partie de la p(a)resse cinéma, beaucoup ont cherché à y retrouver une version cinématographique de la série Stranger Things – monumentale erreur. D’autres ont voulu y voir Les Goonies de la génération 2010, et s’y sont également cassé les dents. Si Le bout du monde (Rim of the world), le dernier film en date de McG, entretient bien des liens avec les productions Amblin Entertainment développées par Steven Spielberg dans les années 80/90, il semble que la note d’intention de McG et de son scénariste Zack Stentz soit en réalité un peu différente. En effet, plutôt que de tenter de se placer en « héritier » de l’esprit Amblin, le scénariste semble vouloir jouer la carte de la référence à gogo afin d’apporter un peu de pop culture et de diversité à ce représentant d’une Amérique WASP et pavillonnaire typiquement 80’s et un peu trop propre sur elle.

La volonté des deux lascars n’est pas pour autant de se diriger vers la moquerie ou l’agressivité, mais d’avantage vers l’hommage teinté de malice. Ainsi, les références à Steven Spielberg pleuvent littéralement, dans l’esprit autant que visuellement, à l’image de cette séquence reconstituant quasi-à l’identique la scène de la cuisine de Jurassic Park. Mais bien d’avantage que de proposer une relecture des classiques des années 80, il semble surtout que la volonté de Zack Stentz ait été d’apporter une réponse réellement contemporaine au Super 8 de J.J. Abrams ou à la série Stranger Things des frères Duffer, qui jouaient tous deux également la carte de l’hommage à Amblin, mais sans avoir les couilles de prendre en compte les spécificités de l’époque ou de la jeunesse d’aujourd’hui. Zack Stentz quant à lui fait le choix de s’y attaquer frontalement, en ne plaçant pas l’intrigue de Rim of the world dans les années 80 mais bel et bien dans le présent.

Pilier de l’univers Marvel au cinéma, Stentz fait partie de ces scénaristes ayant contribué à façonner le cinéma familial tel qu’il existe aujourd’hui. Mais c’est aussi un personnage passionné, volontiers bavard et assez drôle, que vous aurez peut-être eu le loisir d’entendre à quelques reprises s’entretenir avec Kevin Smith dans des vidéos ou des podcasts. Cet aspect de sa personnalité explique d’ailleurs la profusion de références à d’autres films que l’on peut retrouver au cœur des dialogues de Rim of the world. Ces dernières sont souvent extrêmement amusantes et bien vues, même si elles paraissent parfois un peu too much dans la bouche d’adolescents. En effet, les entendre évoquer John Wick, Beethoven, Independence Day ou citer par cœur les dialogues de Gladiator ou de Star Wars, d’accord, mais les entendre discuter de Werner Herzog, là en revanche, on a un peu plus de mal à y croire.

Mais le côté extrêmement référentiel des dialogues et de l’intrigue font également partie du charme de Rim of the world. De même que les multiples références sexuelles, parfois bien trash et explicites, surtout dans la bouche de jeunes gamins à peine pubères. Ces bons mots en dessous de la ceinture, fréquents et répétés de la part de Zack Stentz, pourront rappeler la patte de son camarade Kevin Smith, également doué pour les dialogues bien barrés alternant références geeks et blagues de cul. La caractérisation des personnages est efficace, et permet aux quatre gamins d’afficher des personnalités affirmées sans jamais s’avérer niais ou agaçants. Les acteurs interprétant les adolescents, Jack Gore, Miya Cech, Benjamin Flores Jr. et Alessio Scalzotto, sont tous inconnus au bataillon, mais ils sont convaincants.

Le talent de metteur en images de McG fait le reste, et permet d’ailleurs d’emballer quelques séquences assez monumentales, même si elles paraissent parfois en décalage absolu avec le reste du métrage : on pense par exemple à la scène de partage des lits, où à celle du centre commercial, suivie par la virée en Mustang sur fond de NWA. Les rebondissements sont nombreux et le film relativement court, même si bien sûr le budget ne permettra pas l’utilisation d’effets spéciaux extrêmement réussis. Pour autant, McG en véritable prodige de l’image se permettra quelques petites surprises dont il a le secret, avec une caméra extrêmement mobile, des angles de prise de vue remarquables ou encore de jolis et impressionnants petits plans-séquences plaçant le spectateur au cœur de l’action.

Le bout du monde (Rim of the world) permettra donc aux amoureux de McG de retrouver le cinéaste dans ce qu’il sait faire de mieux : un bon petit divertissement populaire extrêmement bien torché et ne prenant jamais le spectateur pour un con.

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