À voir en VOD : La loi de la jungle

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La loi de la jungle


États-Unis, Royaume-Uni : 2020
Titre original : Jungleland
Réalisation : Max Winkler
Scénario : Theodore B. Bressman, David Branson Smith, Max Winkler
Acteurs : Charlie Hunnam, Jack O’Connell, Jessica Barden
Durée : 1h30
Genre : Drame
Date de sortie VOD : 25 mars 2021

Note : 3,5/5

Une terrible défaite sur le ring endette Lion et son manager et frère Stan auprès du criminel local Pepper. Ce dernier accepte d’annuler leur dette s’ils traversent le pays afin que Lion participe à un combat de boxe. Le seul hic, ils doivent également transporter Sky, une adolescente en fuite qui doit être déposée à la porte du redouté Yates. Tandis que Stan entraine Lion pour le combat de sa vie, une série d’évènements menace de déchirer les deux frères, mais leur amour fraternel et leur croyance en une vie meilleure les entrainent dans ce drame captivant…

Épopée américaine

Deux frères en galère, un boxeur, un manager, à la Fighter. Pour payer une dette de jeu, ils acceptent d’escorter une jeune femme de la Côte Est jusqu’à Reno. Comme dans L’escorte infernale ou L’épreuve de force, ils finiront par s’attacher à la jeune femme. S’en suivra un enchaînement de rebondissements, quelques bagarres et une série de très mauvaises décisions, nous livrant une espèce de road movie de pieds-nickelés très inspiré par les frères Coen, et se situant à la croisée des chemins entre entre la poésie d’un Arizona Junior et l’âpreté sociale d’un No country for old men.

Autant dire clairement qu’il n’y a rien, absolument rien dans La loi de la jungle qui n’ait déjà été vu avant. Il s’agit juste d’un autre film indé affichant les atours du « film de boxe » pour finalement ne jamais réellement nous plonger dans l’univers du sport ou du récit d’outsider à la Rocky. Ni la boxe ni le sport n’ont aucune importance au cœur du film de Max Winkler.

La volonté du cinéaste semble plutôt d’utiliser les clichés afin de retrouver la forme classique de l’épopée américaine. Ce recours à des figures et des rebondissements déjà vus et revus dans de nombreux films et romans avant lui, et l’attachement de Winkler à plonger ses personnages au cœur d’une réalité sociale tangible lui permettent de cultiver un style finalement assez proche du « Grand roman américain » dans ses thématiques et ses résonances sociales.

Et d’une façon assez étonnante, le réalisateur, également co-scénariste du film, parviendra bel et bien, malgré les clichés et grâce à la foi inébranlable de son trio d’acteurs principaux, à nous proposer sa vision, déformée mais émouvante, du rêve américain. La sincérité du propos, alliée à la beauté de la photo de Damian Garcia et des images en général, permettent en effet au final à La loi de la jungle d’atteindre son but.

Trois personnages en perdition

Seuls comptent ici les personnages, leurs fêlures, leur détresse, mais aussi et surtout leur rage de (sur)vivre. Un pari pas si évident pour notre groupe de paumés, surtout au cœur d’une Amérique plus que jamais repliée sur elle même, où l’argent est au centre de tout et où l’absence de toute aide sociale condamne tout un chacun, pour dormir, à squatter des maisons vides saisies par les banques (relique de la crise des subprimes) ou des salles de classe, désertées à la tombée de la nuit.

Cependant, même si ce background social est intéressant, la principale force de La loi de la jungle se situe dans la description de ses trois personnages principaux, et dans leurs interactions. Dans la peau des deux frères Stanley et Lion, Charlie Hunnam et Jack O’Connell sont assez saisissants de naturel. Passant d’un rêve à un autre au fil des premières séquences du film, ils voient dans la possibilité de se battre dans « Jungleland », grand tournoi de boxe à mains nues, la chance d’accéder à une vie meilleure. C’est tout l’inverse pour la jeune Sky (Jessica Barden), qui quant à elle est attendue par Reno par un truand notoire – incarné par un John Cullum âgé de 90 ans et apparaissant ici très amoindri.

Combler le vide

Comme c’est le cas dans la plupart des road movies, le scénario de La loi de la jungle est extrêmement linéaire, et trouve son évolution dans le développement de ses personnages. Cela donnera parfois au récit des allures de flânerie, dans le sens où ce dernier sera essentiellement constitué de séquences n’apportant rien d’un point de vue purement narratif, mais enrichissant tout de même l’expérience du spectateur.

En chemin, et au fil de séquences tantôt amusantes, tantôt plus dramatiques, chaque personnage tentera donc de combler son vide affectif d’une manière différente. Inévitablement, Lion et Sky se rapprocheront l’un de l’autre, comme deux êtres brisés soumis à l’influence d’un autre. Certaines séquences développent d’ailleurs une certaine poésie, une pureté presque enfantine, telles que celle dite de la « danse », qui s’impose comme un rayon de soleil dans un monde sans espoir.

Pour autant, et malgré l’impact de certaines de ces séquences (la visite chez les parents de Sky, le deux contre un pour récupérer la voiture, etc), le rythme de La loi de la jungle se voit par moments un peu plombé par ce recours à une narration morcelée. La situation des trois personnages n’évoluant pas, le spectateur ne pourra s’empêcher de ressentir quelques longueurs, voir même de trouver le temps long. Reste donc une pure ambiance Americana portée par les nombreux drapeaux en arrière-plan et par l’inévitable Bruce Springsteen chantant « Dream Baby Dream » et balancé sur le grand final, forcément émouvant, du film.

La loi de la jungle est disponible en VOD à l’acte et en téléchargement définitif sur la majorité des plate-formes de Vidéo à la demande : MyTF1, Orange, Google Play, Canal VOD

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