Test Blu-ray : Les Bad Guys 2

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Les Bad Guys 2

États-Unis : 2025
Titre original : The Bad Guys 2
Réalisation : Pierre Perifel, JP Sans
Scénario : Yoni Brenner, Etan Cohen
Acteurs (VO) : Sam Rockwell, Marc Maron, Awkwafina
Éditeur : Universal Pictures
Durée : 1h44
Genre : Animation
Date de sortie cinéma : 30 juillet 2025
Date de sortie DVD/BR : 10 décembre 2025

Nos Bad Guys, désormais amendés en dépit de leurs efforts acharnés pour faire le bien, vont se retrouver entraînés dans un braquage international de haut vol, finement orchestré par une équipe aussi redoutable qu’insoupçonnée : les Bad Girls…

Le film

[3,5/5]

Succès surprise de l’animation en 2022, Les Bad Guys a rapidement obtenu le feu vert pour la mise en chantier d’une suite, toujours réalisée par le français Pierre Perifel. Et la bonne nouvelle à la découverte de ce nouveau film, c’est que Les Bad Guys 2 ne se contente pas de reprendre la recette du premier volet : il la détourne, la maquille, et la fait courir en talons sur un sol glissant. Le film s’amuse en effet à brouiller les pistes entre morale et immoralité, comme si la frontière entre le bien et le mal était une ligne de métro tracée en zig-zag. Ainsi, derrière ses gags cartoonesques et ses poursuites effrénées, cette suite interroge la possibilité même de rédemption : peut-on vraiment changer, ou reste-t-on condamné à rejouer éternellement son rôle de « méchant » ? La mise en scène, nerveuse et colorée, traduit cette tension par des cadrages qui oscillent entre la jubilation pure et l’angoisse du dérapage, toujours avec ce petit parfum d’insolence qui faisait la singularité du premier film.

Dans Les Bad Guys 2, les personnages, à la croisée des chemins entre animaux et caricatures sociales, se débattent avec leurs propres contradictions. Le loup, figure centrale, incarne cette lutte intérieure : héros malgré lui, il se retrouve coincé entre la tentation du frisson criminel et l’appel d’une vie rangée. L’animation traduit cette dualité par des textures qui se frottent les unes aux autres, comme si chaque plan était une bagarre entre crayons et pixels. Loin d’être un simple divertissement pour enfants, sous l’impulsion ambitieuse de ses scénaristes Etan Cohen et Yoni Brenner, Les Bad Guys 2 joue avec les codes du film de casse et du buddy movie, et s’offre à l’occasion des séquences d’action millimétrées où le placement des caméras rappellerait presque les chorégraphies urbaines d’un Michael Mann.

Les Bad Guys 2 brille aussi par son sens du rythme. Chaque séquence est montée comme une playlist Spotify en mode shuffle : ça passe du funk au métal, du silence contemplatif à la cacophonie urbaine. Ce chaos organisé reflète la thématique du film : l’ordre et le désordre ne sont pas des opposés, mais des partenaires de danse. Les poursuites en voiture, par exemple, ne sont pas seulement des morceaux de bravoure : elles traduisent la difficulté de garder le contrôle dans un monde où tout glisse. Et l’un des points forts des Bad Guys 2 réside dans la manière dont l’animation se met au service de cette philosophie de la fluidité. Les décors semblent respirer, les couleurs se déplacent comme des humeurs, et les personnages eux-mêmes sont des métaphores ambulantes. Le serpent, par exemple, incarne la tentation : il se faufile dans les interstices, comme une pensée coupable qui refuse de disparaître. Le film ose également des métaphores visuelles improbables : une explosion de confettis devient une pluie de remords, une ombre qui s’allonge sur un mur évoque la persistance des stigmates sociaux…

Enfin, Les Bad Guys 2 s’inscrit dans une époque où l’animation grand public rivalise avec les blockbusters live. On pense également à Nimona, que l’on a pu découvrir il y a deux ans sur Netflix, qui partage avec le film de Pierre Perifel cette volonté de brouiller les frontières entre bien et mal, entre héros et vilains. Mais là où Nimona jouait la carte de l’émotion brute, Les Bad Guys 2 préfère quant à lui le rire grinçant et la pirouette visuelle. Le film est une sorte de miroir déformant de notre société : il montre des personnages qui veulent être acceptés, mais qui ne savent pas comment se débarrasser de leurs étiquettes. Et si l’on rit devant leurs maladresses, on finit par se reconnaître dans leurs contradictions…

Le Blu-ray

[4/5]

Le Blu-ray des Bad Guys 2 vient de débarquer chez vos meilleurs dealers de culture, sous les couleurs de Universal Pictures. Côté galette Haute-Définition, l’image retranscrit parfaitement les couleurs éclatantes du film : chaque nuance de rouge, de vert ou de violet jaillit de l’écran comme une confiserie hallucinogène. Les contrastes sont solides, les noirs profonds, et l’animation conserve toute sa fluidité sans artefacts notables. On sent que le master a été travaillé avec soin, même si quelques plans très rapides laissent apparaître un léger aliasing. Côté son, la VO en Dolby Atmos est une véritable claque : les effets de spatialisation plongent le spectateur au cœur des poursuites, avec des basses qui font vibrer le canapé comme un trampoline en colère. La VF, mixée en Dolby Digital+ 7.1, n’est pas en reste : dynamique, claire, mais un peu moins ample que la VO. Les dialogues sont nets, les ambiances bien restituées, mais la version originale conserve l’avantage pour qui veut profiter pleinement de la richesse sonore de l’ensemble.

Les suppléments du Blu-ray des Bad Guys 2 sont nombreux et variés, offrant un véritable plongeon dans les coulisses du film. On commencera avec un commentaire audio des co-réalisateurs du film Pierre Perifel et JP Sans. Accompagnés de plusieurs chefs de département animation, ils nous livrent une pisete vivante, ponctuée de rires, qui aborde les Easter eggs, la construction des scènes et les choix esthétiques. Rarement un commentaire aura été aussi fluide et convivial, donnant l’impression d’assister à une discussion entre amis passionnés. On embrayera avec un court-métrage intitulé Petits mensonges et alibis (6 minutes) dans lequel Mr. Wolf et son équipe inventent une histoire délirante pour leur officier de probation. On enchaînera avec deux scènes coupées (6 minutes), introduites par Pierre Perifel et JP Sans, qui permettent de mieux cerner les choix narratifs opérés durant le tournage. Un sujet consacré au doublage du film (2 minutes) nous emmènera en studio pour découvrir l’enregistrement des dialogues, et un court making of (5 minutes) nous proposera un aperçu global et extrêmement rapide des enjeux de cette suite. On continuera ensuite avec un module consacré aux personnages (8 minutes), qui donnera la parole à une partie de l’équipe, et notamment aux acteurs qui les incarnent à l’écran. La featurette suivante s’intéressera aux scènes d’action film (5 minutes), du storyboard à l’écran, et montre la minutie du travail visuel. Les amateurs de casse apprécieront le retour sur la création de la scène du casse (10 minutes). Plus ludique, on terminera avec un tuto dessin (11 minutes) qui nous apprendra à dessiner Mistigri, Apocalypse et Pigtail, avec la complicité des artistes du film.

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