Test Blu-ray : Materialists

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Materialists

États-Unis : 2025
Titre original : –
Réalisation : Celine Song
Scénario : Celine Song
Acteurs : Dakota Johnson, Chris Evans, Pedro Pascal
Éditeur : Sony Pictures
Durée : 1h56
Genre : Comédie romantique
Date de sortie cinéma : 2 juillet 2025
Date de sortie DVD/BR : 5 novembre 2025

Une jeune et ambitieuse matchmakeuse new-yorkaise se retrouve dans un triangle amoureux complexe, tiraillée entre le « match » parfait et son ex tout sauf idéal…

Le film

[3,5/5]

Materialists s’ouvre comme une vitrine new-yorkaise où les mannequins de luxe ont troqué les sacs Vuitton pour des dilemmes sentimentaux. Celine Song, après Past Lives, s’amuse à disséquer les codes de la comédie romantique en les rhabillant façon satire. Dakota Johnson incarne Lucy, matchmakeuse professionnelle (Dakota Johnson), coincée entre un ex cabossé (Chris Evans) et un millionnaire séduisant (Pedro Pascal). Le triangle amoureux devient ici un laboratoire où l’amour se mesure en devises, où les émotions se négocient comme des actions en bourse. Derrière la caméra, Celine Song déploie une mise en scène qui épouse son sujet : caméra fluide, couleurs saturées, et une lumière qui semble sortie d’un catalogue de lofts à Brooklyn. Chaque plan respire le luxe, mais derrière la brillance se cache une ironie mordante. Song filme les soirées mondaines comme des arènes où les regards sont des armes, et les sourires des contrats tacites. La cruauté est assumée, et montre que la société capitaliste transforme tout en marchandise, y compris les sentiments.

Materialists interroge donc la marchandisation des relations. Lucy vend des rencontres comme d’autres vendent des sneakers en édition limitée. Le film pose une question simple : que vaut l’amour dans une société où tout s’achète ? La réponse n’est jamais donnée frontalement, mais se glisse dans les détails : un costume trop parfait, une bague trop brillante, une conversation qui sonne comme une transaction. C’est là que Celine Song excelle : en liant le fond et la forme, en montrant que la séduction peut être aussi artificielle qu’un filtre Instagram. Ainsi, on pourrait croire que Lucy choisit ses prétendants comme on sélectionne des options sur une Tesla : cuir beige, toit ouvrant, fidélité garantie. Mais derrière l’ironie mordante, le film rappelle tout de même que l’amour est une matière instable, qui échappe à tous les algorithmes.

Le trio d’acteurs principaux fonctionne comme une équation insoluble, où chaque variable refuse de se laisser dompter. Et dans un monde saturé de Tinder, de réseaux et d’influenceurs, Materialists dialogue avec son époque, questionnant la sincérité des relations. Est-ce que l’amour peut survivre à la logique du marché ? La scénariste / réalisatrice ne répond pas, mais offre une fresque où les personnages se débattent entre désir et statut social. Le film devient une parabole contemporaine, un miroir tendu à une génération obsédée par l’image et la réussite. A ce titre, le film se pose également comme une jolie réflexion sur l’échec, dans le sens où Lucy, malgré son métier, ne parvient pas à orchestrer sa propre vie sentimentale. Globalement, Materialists réussit donc à transformer une comédie romantique en satire sociale, sans perdre de vue l’émotion. Très sympathique !

Le Blu-ray

[4/5]

Le Blu-ray de Materialists, disponible depuis quelques semaines sous les couleurs de Sony Pictures, nous est présenté dans un boîtier classique avec fourreau cartonné. L’image, tournée en 35 mm et proposée au format 1.85:1, restitue parfaitement le grain argentique voulu par Celine Song. Les couleurs saturées de New York, les reflets des soirées mondaines et les intérieurs luxueux sont magnifiés par une compression solide. Le rendu conserve une texture naturelle, sans excès de lissage, et permet d’apprécier le travail du chef opérateur Shabier Kirchner. Les contrastes sont équilibrés, offrant une belle profondeur dans les scènes nocturnes et une luminosité éclatante dans les séquences diurnes. Côté son, le film nous est proposé en VF et VO en DTS-HD Master Audio 5.1. La VO se distingue par une spatialisation immersive : les dialogues restent clairs, la musique de Japanese Breakfast enveloppe l’espace avec une ampleur réjouissante, et les ambiances urbaines sont restituées avec précision. La VF, bien mixée, nous propose également une dynamique satisfaisante, même si elle paraît parfois moins ample que la version originale.

Les suppléments du Blu-ray de Materialists sont peu nombreux, mais intéressants. On commencera avec un court making of (17 minutes), qui revient sur l’histoire et les personnages, tout en abordant l’expérience de Celine Song comme matchmakeuse. On y découvre la volonté de la réalisatrice de signer une comédie romantique pas si romantique, et les témoignages du casting apportent un éclairage sur la genèse du projet. Le second module, consacré à la bande originale du film (11 minutes), donne la parole au groupe Japanese Breakfast, qui raconte la création de la chanson « My Baby (Got Nothing at All) ». Ce segment, à la fois thématique et technique, complète agréablement l’ensemble. Enfin, les amoureux du film pourront se lancer dans un commentaire audio de Celine Song : la scénariste / réalisatrice y explique ses choix de mise en scène, son rapport au thème du matérialisme amoureux, et sa manière de détourner les codes de la comédie romantique. Intéressant !

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