Souviens-toi l’été dernier
États-Unis : 2025
Titre original : I Know What You Did Last Summer
Réalisation : Jennifer Kaytin Robinson
Scénario : Sam Lansky, Jennifer Kaytin Robinson,
Acteurs : Chase Sui Wonders, Madelyn Cline, Jonah Hauer-King
Éditeur : Sony Pictures
Durée : 1h51
Genre : Horreur, Thriller
Date de sortie cinéma : 16 juillet 2025
Date de sortie BR/4K : 19 novembre 2025
Lorsque cinq amis causent involontairement un accident de voiture mortel, ils décident de dissimuler leur implication et concluent un pacte pour garder le secret plutôt que de faire face aux conséquences de ce terrible évènement. Un an plus tard, leur passé revient les hanter et ils sont confrontés à une terrible vérité : quelqu’un sait ce qu’ils ont fait l’été dernier… et est déterminé à se venger. Traqués un à un par un mystérieux tueur, ils découvrent que cela s’est déjà produit auparavant et se tournent vers deux survivants du terrible Massacre de Southport de 1997 dans l’espoir d’obtenir leur aide…
Le film
[3,5/5]
Souviens-toi l’été dernier version 2025 débarque sans prévenir, comme un ex qu’on n’a jamais vraiment oublié. Pas besoin de faire semblant : tout le monde sait pourquoi il est là. Il veut raviver les braises d’un été moite, où les ados couraient en criant, les secrets s’empilaient comme des cadavres dans une glacière, et les cirés noirs faisaient office de tenue de soirée. Le film ne cherche pas à réinventer le genre, mais à le caresser dans le sens du crochet, avec une affection sincère pour les codes du slasher et une envie de faire plaisir à ceux qui ont grandi en rêvant de Jennifer Love Hewitt et de meurtres bien découpés. Le film, estampillé « requel » (reboot + sequel, pour les amateurs de mots-valises à la con), joue la carte du revival 90’s sans trop se poser de questions existentielles, et c’est peut-être là sa plus grande force : le tueur au crochet revient, les ados crient, les secrets refont surface, et tout ça dans une ambiance moite comme une salle de sport après un cours de zumba.
Tout comme le spectateur se lançant dans le visionnage du film de Jennifer Kaytin Robinson, Souviens-toi l’été dernier sait parfaitement où il met les pieds : dans le sable de Southport, là où les corps s’échouent et les regrets s’enracinent. Le film reprend grosso merdo le pitch de l’original sans trop le secouer : un accident, un pacte, un an de silence, puis bim, le retour du refoulé en ciré noir. Ce qui change, c’est le regard porté sur la culpabilité. Là où le film de 1997 se contentait de faire trembler les hormones, celui de 2025 tente une incursion dans le trauma générationnel, avec des personnages qui supportent difficilement le poids de leur passé. Le scénario du film, signé Sam Lansky et Jennifer Kaytin Robinson, joue en effet sur les faux-semblants, les flashbacks et les révélations à la chaîne. Rien de révolutionnaire, mais la mécanique est bien huilée, le film interrogeant mine de rien sur la mémoire, le poids des secrets, et surtout sur la manière dont les réseaux sociaux transforment les traumas en likes.
Et puisqu’on évoquait le film de 1997, impossible de ne pas confesser le plaisir coupable que l’on cultive à l’égard du Souviens-toi l’été dernier version Jennifer Love Hewitt. À l’époque, l’ado moyen ne savait pas trop ce qu’il regardait : un slasher ou une déclaration d’amour aux seins de son actrice principale. La scène où elle hurlait « What are you waiting for?! » en tournant sur elle-même reste gravée dans les rétines à la façon d’une pub vintage pour Wonderbra. Un peu plus de 25 ans plus tard, les temps et les mœurs ont changé, mais Souviens-toi l’été dernier tente de réactiver cette magie en confiant des rôles importants à Jennifer Love Hewitt et Freddie Prinze Jr., et en tentant un rajeunissement numérique de Sarah Michelle Gellar, mi-raté, mi-attendrissant, comme un filtre Instagram sur une photo de mamie. Ça cloche un peu, mais ça touche.
La sincérité de l’ensemble apparait comme d’autant plus claire que la réalisatrice, Jennifer Kaytin Robinson, semble réellement apprécier le genre et en maîtrise parfaitement les codes. Ainsi, Souviens-toi l’été dernier joue avec habileté sur les reflets, les angles obliques et les couloirs sombres ; les jump scares sont calibrés, les meurtres chorégraphiés avec une précision presque trop propre. On est loin du chaos organique développé par David Gordon Green sur Halloween Kills, mais on sent une volonté de styliser la violence, de la rendre presque poétique. Le tueur surgit ainsi occasionnellement dans des contrechamps inattendus, et certaines idées, telles que celle des sels de bain rouge (reprise sur le visuel du Steelbook 4K édité par Sony Pictures), s’avèrent visuellement très impactantes.
Pour le reste, Souviens-toi l’été dernier s’inscrit dans une vague de slashers néo-nostalgiques, aux côtés de Scream VI, Bodies Bodies Bodies ou encore Fear Street, partie 1 : 1994. Tous cherchent à réconcilier les ados d’hier avec ceux d’aujourd’hui, à faire dialoguer la génération VHS avec la génération TikTok. Le film y parvient en partie grâce à son casting : Madelyn Cline et Chase Sui Wonders apportent au film une fraîcheur crédible, sans réellement tomber dans le cliché du casting trop ouvertement « woke ». Ils sont beaux, ils sont paumés, et ils crient bien. Ils contribuent d’ailleurs à faire de ce Souviens-toi l’été dernier cuvée 2025 un film à l’image de son modèle, à savoir un slasher honnête, qui assume ses origines et tente de les moderniser sans trop se prendre au sérieux. On sent aussi et surtout une vraie volonté de faire plaisir aux fans, qui se retrouve jusque dans une scène post-générique mettant en scène Jennifer Love Hewitt et Brandy, qui annonce clairement une suite aux aventures du tueur au crochet. On ignore cependant si les modestes résultats du film au box-office permettront à Sony de concrétiser le projet.
Le Blu-ray 4K Ultra HD
[4/5]
Souviens-toi l’été dernier arrive ces jours-ci au format Blu-ray 4K Ultra HD, sous les couleurs de Sony Pictures. Côté image, la galette Katka nous propose une copie en Dolby Vision + HDR10 qui fait honneur à la photographie du film. Les contrastes sont profonds, les noirs abyssaux, et les reflets sur le ciré du tueur brillent comme une capote en latex sous un néon de boîte de nuit. Les scènes nocturnes sur le port de Southport sont magnifiées, avec une gestion des sources lumineuses qui frôle le sublime. Le son n’est d’ailleurs pas en reste : la VO en Dolby Atmos offre une spatialisation immersive, avec des effets de sursaut bien répartis et une ambiance sonore qui enveloppe sans étouffer. La VF en DTS-HD Master Audio 5.1 est également excellente : les dialogues sont clairs, les basses bien présentes, notamment lors des séquences de poursuite, et les cris de Madelyn Cline résonnent comme une alarme de voiture dans un parking désert.
Du côté des suppléments, le Blu-ray 4K Ultra HD de Souviens-toi l’été dernier fait indéniablement le taf, avec un solide ensemble de featurettes promotionnelles. On commencera avec un petit making of (9 minutes) qui revient sur le concept de « requel » et la volonté de reconnecter avec les fans de la première heure. Les interventions de Jennifer Love Hewitt et Freddie Prinze Jr. sont touchantes, même si un peu trop promo. On continuera ensuite avec un module consacré aux effets spéciaux (11 minutes), qui abordera les scènes de meurtres et la direction artistique de l’ensemble. On terminera enfin avec un bêtisier (3 minutes) ainsi qu’avec une série de scènes coupées (8 minutes), dont une scène finale alternative qui aurait mérité sa place dans le montage final. Intéressant !





















