Test Blu-ray : Sabotage

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Sabotage

Canada : 1996
Titre original : –
Réalisation : Tibor Takács
Scénario : Rick Filon, Michael Stokes
Acteurs : Mark Dacascos, Carrie-Anne Moss, Tony Todd
Éditeur : Metropolitan Film & Video
Durée : 1h39
Genre : Action
Date de sortie DVD/BR : 14 novembre 2025

Michael Bishop est le seul survivant d’une mission commando qui a mal tourné. Soupçonnant un sabotage en interne, ses supérieurs décident d’étouffer l’affaire. Après des années de convalescence, Bishop a entamé une nouvelle vie en tant que garde du corps. Son expérience et ses compétences font de lui le meilleur dans ce domaine. Pourtant ses clients commencent à mourir violemment. Le passé se répète et Bishop va devoir faire face à une sombre conspiration…

Le film

[4/5]

Si elles étaient autrefois les chouchoutes des vidéoclubs, les séries B américaines d’action des années 90 semblent pour la plupart totalement retombées dans l’oubli, et ne bénéficient pas – en France du moins – du regain de popularité qu’ils mériteraient sans doute. Ainsi, les noms d’Isaac Florentine, Sheldon Lettich, Tibor Takács, Louis Morneau, Christian Duguay, Avi Nesher, Anthony Hickox ou encore David Worth se voient pour la plupart peu représentés en Blu-ray, et même en DVD tout court pour être tout à fait honnête. Sur critique-film.fr, on essaie volontiers de rendre à ces artisans du cinéma de genre les honneurs qu’ils méritent, et vous trouverez dans nos colonnes plus de critiques de films de Tibor Takács que de Satyajit Ray.

On remet donc aujourd’hui le couvert avec Sabotage. Derrière cette façade de série B canadienne se cache une pépite d’action musclée signée Tibor Takács, un cinéaste qui, avant de se compromettre au tournant des années 2000 en ne tournant quasiment plus que des nanars Nu Image à destination de Sci-Fi Channel, s’était fait une spécialité des films à budget modeste mais à ambition visuelle démesurée. Entre 1995 et 1998, il tournerait ainsi coup sur coup quatre films avec Mark Dacascos : Deadly Past, Sabotage, Sanctuary et Redline. L’acteur, révélé par Streetfighters : La Rage de vaincre (Sheldon Lettich, 1993), était alors encore auréolé du succès d’estime de Crying Freeman (Christophe Gans, 1995), et son nom en gros sur une VHS d’action était presque une garantie pour les vidéoclubs.

S’il avait marqué les mémoires des amateurs d’actioners burnés grâce à son édition VHS estampillée TF1 Vidéo, Sabotage n’avait cependant pas bénéficié d’une sortie au format DVD. Cette erreur est aujourd’hui rectifiée grâce à Metropolitan Film & Video, qui nous permet aujourd’hui de redécouvrir en Blu-ray ce concentré de testostérone, de fusillades chorégraphiées et de dialogues qui sentent bon le whisky frelaté et les regrets d’anciens combattants. Le scénario, qui tient sur un ticket de métro froissé, propulse Mark Dacascos dans une enquête explosive aux côtés de Carrie-Anne Moss, encore loin de Matrix mais déjà magnétique. Tony Todd, l’inoubliable Candyman, complète le casting avec une présence qui ferait frémir un miroir. Et pour les amateurs de second rôles solides, Graham Greene et John Neville viennent ajouter une touche de classe à ce cocktail de bastons et de conspirations.

Sabotage ne cherche certainement pas à révolutionner le genre, mais il le sert avec une sincérité désarmante. Les thématiques du film – trahison, loyauté, mémoire traumatique – sont abordées sans fioritures, à coups de flashbacks nerveux et de dialogues qui claquent comme ma main sur ton cul. Mais là où Sabotage surprend et marque des points dans le cœur des amateurs d’action, c’est dans sa mise en scène : Tibor Takács multiplie les cadrages inclinés, les zooms agressifs, les plans tournoyants et les ralentis qui sentent bon le clip MTV de 1994. Chaque fusillade est pensée comme une danse macabre, chaque explosion comme une déclaration d’amour au cinéma d’action. Takács, loin de se contenter d’un découpage fonctionnel, joue avec les codes, les détourne, les pousse dans leurs retranchements. Le placement des caméras, souvent audacieux, crée une tension palpable, presque organique.

Certaines scènes du film évoquent également Sniper (1993) ou État d’urgence (1997), autres fleurons des étagères des vidéoclubs de l’époque, mais Sabotage parvient à conserver une identité propre, notamment grâce à son montage frénétique et ses décors urbains qui transpirent la fin de siècle. Le film ose des choix visuels qui frisent parfois le mauvais goût – comme ce plan où Dacascos surgit d’une fumée rose bonbon, façon licorne vengeresse – mais qui, paradoxalement, renforcent son charme. C’est dans l’excès que Sabotage trouve sa vérité, comme cette ex qui hurle dans la rue à trois heures du mat’ mais qui, au fond, veut juste qu’on l’écoute.

Et puis il y a cette scène, au milieu du film, qui met en scène un face-à-face entre Mark Dacascos et Tony Todd, dans un entrepôt désert. La caméra tourne autour des deux hommes, les lumières clignotent comme les sapins de Noël dans les rayons de la Foirfouille, et le son se coupe brusquement pour ne laisser que les respirations. C’est dans ces moments que Sabotage atteint une forme de grâce : le chaos devient chorégraphie, la violence devient langage, et bien sûr, la chenille devient papillon. Et si le film de Tibor Takács est certes un pur produit de son époque (muscles huilés, femmes en tailleur, méchant qui ricane…), c’est également un plaisir coupable absolument jouissif, à réhabiliter au plus vite.

Le Blu-ray

[4/5]

Sabotage débarque en Blu-ray chez Metropolitan Vidéo, et autant dire que le résultat est à la hauteur des attentes des amateurs de cinéma d’action vintage. L’image, proposée en 1080p au format 1.78:1, offre une belle restitution des contrastes, avec des noirs profonds et une définition solide, même si certaines scènes nocturnes accusent un léger grain. Les couleurs, souvent saturées dans le film, retrouvent ici leur éclat d’origine, notamment lors des séquences d’action où les explosions et les éclairages urbains prennent toute leur ampleur. Côté son, les mixages VF et VO en DTS-HD Master Audio 2.0 font le job avec efficacité. La version originale se distingue par un meilleur équilibre acoustique, notamment lors des fusillades, tandis que la VF, bien que correcte, manque parfois de punch dans les dialogues. Les basses sont bien présentes, sans jamais écraser les voix, et les ambiances sonores contribuent à renforcer l’immersion dans cet univers de complots et de bastons.

Pas de suppléments à se mettre sous la dent, hélas, ce qui est dommage tant Sabotage aurait mérité un petit making of ou une interview de Tibor Takács pour éclairer les coulisses de cette production atypique. Mais l’essentiel est là : une copie propre, un son qui claque, et la possibilité de redécouvrir ce film dans des conditions optimales. Pour les fans de Mark Dacascos, de Tony Todd ou simplement de cinéma d’action qui sent la sueur et le cuir, ce Blu-ray est une belle occasion de replonger dans les années 90 sans passer par la case VHS moisie.

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