Test Blu-ray 4K Ultra HD : In a Violent Nature

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In a Violent Nature

Canada : 2024
Titre original : –
Réalisation : Chris Nash
Scénario : Chris Nash
Acteurs : Ry Barrett, Andrea Pavlovic, Cameron Love
Éditeur : ESC Éditions
Durée : 1h34
Genre : Horreur
Date de sortie DVD/BR/4K : 22 octobre 2025

Après s’être fait dérober un précieux artefact, cadeau de sa mère, un tueur en série s’extirpe de sa tombe pour entamer une quête vengeresse. Il va traquer un groupe de jeunes qui se racontent son histoire…

Le film

[4/5]

Prenez un slasher basique, genre Vendredi 13 : il y a ce qui se passe dans le film, ce qui est généralement donné à voir au spectateur, et puis il y a ce qui se passe entre les plans du film. Ces moments durant lesquels Jason Voorhees, après avoir embroché un campeur ou une monitrice de colo, se remet à marcher dans les bois, errant dans l’attente de ses prochaines victimes, peut-être en se demandant s’il a bien fermé le gaz avant de partir. In a Violent Nature s’intéresse à ces interstices, ces creux narratifs que les slashers traditionnels évitent avec le plus grand soin, préférant laisser leurs tueurs dans l’ombre et le mystère. Le film de Chris Nash, au contraire, prend le pari de suivre le tueur, un mort-vivant nommé Johnny, comme s’il était le héros d’un road movie contemplatif, sauf qu’au lieu de croiser des motels et des stations-service, et vu qu’il est à pied, il croise des arbres, et une fois de temps en temps, un campement d’ados à décapiter.

In a Violent Nature ne cherche pas à réinventer le slasher, mais simplement à le réorienter, à diriger le regard du spectateur vers les endroits que l’on ne nous montre jamais. L’idée forte du film est donc de prendre un genre très codifié, de le retourner comme une vieille chaussette, afin d’en faire quelque chose de neuf, de beau, et de presque dérangeant. En plaçant la caméra derrière Johnny, souvent à bonne distance, Chris Nash transforme son boogeyman en une figure presque tragique, un spectre errant dans une nature indifférente. A la croisée des chemins entre le David Lowery de A Ghost Story et Terrence Malick, le film s’attache à prendre son temps, comme lors d’une balade en forêt. Les feuilles bruissent, les branches craquent, et les têtes tombent comme des fruits trop mûrs. Ce parti pris formel, qui pourrait passer pour une lubie arty, s’avère au contraire d’une cohérence redoutable : en ralentissant le rythme, In a Violent Nature donne du poids à chaque geste, à chaque meurtre, et surtout à chaque silence.

Le silence, justement, est l’un des grands atouts de In a Violent Nature. Pas de musique tonitruante, pas de jumpscares à la chaîne, juste le bruit de la forêt et le souffle du tueur. Ce minimalisme sonore renforce l’impression d’assister à une procession funèbre, où chaque victime semble marcher vers son destin comme un pigeon vers une frite tombée sur le macadam. Et si bien des spectateurs risquent assurément de trouver le film beaucoup trop lent, ils pourront toujours se consoler en se disant qu’ils ont vu un film d’horreur qui ne les prend pas pour des débiles. Ce qui, en 2025, est aussi rare qu’un slip propre dans une coloc étudiante. De plus, même ceux qui trouveront le temps long seront obligés d’admettre que visuellement, In a Violent Nature est une claque. Pas une claque dans la gueule façon « C’est l’heure du jumpcut », mais une claque douce, moite, qui laisse une trace. La photographie sublime les paysages canadiens, les plans larges donnent de l’air, et les meurtres, quand ils arrivent, sont d’une brutalité chirurgicale. Mention spéciale à la fameuse scène dite du « meurtre Yoga », qui mérite sa place au panthéon des mises à mort les plus dégueu et les plus inventives du genre. On y retrouve une maîtrise technique impressionnante, avec des effets pratiques qui feraient passer les CGI de La Nonne pour des animations PowerPoint.

Et puis, In a Violent Nature nous place presque « dans la tête » du Boogeyman, dans le sens où dès les premiers moments du film, on comprend ce qu’il recherche, et les dialogues entre campeurs nous apprendront le reste, nous permettant de boucher les trous narratifs par des bribes de légendes urbaines. De fait, on verra que ce qui anime Johnny n’est pas seulement un désir de vengeance, mais aussi la notion de « mémoire affective », et le poids des objets. Le précieux pendentif volé à Johnny n’est pas qu’un prétexte narratif : il incarne le lien avec une mère disparue, une trace d’humanité dans un corps devenu machine à tuer. Ce détail, presque anodin, donne au film une profondeur inattendue, comme si Leatherface avait un journal intime planqué sous son tablier. Et cette humanisation du monstre, sans jamais tomber dans le pathos, permet à In a Violent Nature de poser une question simple mais vertigineuse : que reste-t-il de nous quand il ne reste plus rien ? Sortez les copies, vous avez quatre heures.

Le Blu-ray 4K Ultra HD

[4/5]

L’édition Blu-ray 4K Ultra HD de In a Violent Nature, proposée par ESC Éditions, nous offre une image d’une précision redoutable. Les paysages forestiers canadiens y gagnent une texture presque tactile, avec des feuillages qui frémissent comme des poils pubiens sous la brise. Les contrastes sont maîtrisés, les noirs profonds, et les détails — notamment dans les scènes nocturnes — sont d’une netteté qui ferait rougir un ophtalmo. Le grain est respecté, sans surenchère de lissage, ce qui permet au film de conserver son identité visuelle rugueuse et organique. Côté son, le mixage VO en DTS-HD Master Audio 5.1 est une réussite : les ambiances naturelles enveloppent l’espace, les craquements de branches surgissent avec une précision chirurgicale, et les rares dialogues sont parfaitement clairs. La VF, également en DTS-HD Master Audio 5.1, s’en sort honorablement techniquement parlant, mais artistiquement, s’avère une véritable catastrophe, à croire qu’elle a été torchée à la va-vite par trois acteurs amateurs (mais alors très très très amateurs). On ne saurait trop vous conseiller de visionner le film en version originale.

Côté suppléments, le Blu-ray 4K Ultra HD de In a Violent Nature ne contient qu’un commentaire audio de la production et du casting (en VO non sous-titrée), accompagné de la traditionnelle bande-annonce. Pour autant, les suppléments disponibles sur le Blu-ray (également disponible dans le boîtier de cette édition estampillée ESC Éditions) s’avèrent extrêmement intéressants, à commencer par le documentaire intitulé « Naufrage : La tentative avortée du premier In a Violent Nature » (1h11), qui reviendra sur le premier essai de Chris Nash afin de tourner son film, en 2021. Cette plongée fascinante au cœur des affres des productions indépendantes américaines nous montrera Chris Nash et son équipe lutter contre les éléments, les pannes, et les tensions internes, dans une ambiance qui rappelle parfois The Blair Witch Project, mais sans les cris et la morve au nez. C’est un témoignage précieux sur la persévérance artistique, et sur les galères qui précèdent parfois les réussites. On poursuivra ensuite avec un retour sur la fameuse scène du « meurtre Yoga » (4 minutes) revient sur la scène la plus marquante du film, avec des coulisses techniques et une intervention savoureuse de Steven Kostanski, le roi du latex sanglant. On terminera enfin avec une courte featurette consacrée au Tournage du film (13 minutes), qui nous permettra de voir quelques moments volés sur le plateau.

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