Test Blu-ray : Rapide

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Rapide

France : 2025
Titre original : –
Réalisation : Morgan S. Dalibert
Scénario : Morgan S. Dalibert, David Moreau
Acteurs : Paola Locatelli, Alban Lenoir, Anne Marivin
Éditeur : Universal Pictures
Durée : 1h38
Genre : Drame, Sport
Date de sortie cinéma : 16 avril 2025
Date de sortie DVD/BR : 27 août 2025

Max a toujours aimé aller vite. Elle ne sait pas faire autrement. Alors quand elle découvre le karting, c’est une évidence : elle sera championne de F1. Les compétitions juniors s’enchaînent, les victoires aussi. Pourtant, à 17 ans, aucune écurie ne la retient. Sa faute principale : être une jeune femme dans un sport d’hommes. Face à ce monde qui lui tourne le dos, seul un ancien pilote de deuxième zone totalement fantasque croit encore en son potentiel. Un seul but : faire de Max la plus rapide…

Le film

[3/5]

Après la saga Balle perdue sur Netflix, qui s’est rapidement imposée comme une relecture intelligente et made in France des films d’action et de bagnoles US, on retrouve aujourd’hui avec plaisir Alban Lenoir au cœur de Rapide, qui pour le coup est un peu comme si Fast & Furious avait été tourné dans un lycée agricole de l’Essonne, avec des rêves de Formule 1 et des moteurs qui sentent la sueur adolescente. Le film de Morgan S. Dalibert ne cherche pas à réinventer la roue, mais à la faire tourner vite, très vite, quitte à perdre quelques boulons en cours de route. Rapide raconte l’histoire de Max (Paola Locatelli), jeune fille accro à la vitesse, qui rêve de devenir pilote pro dans un monde où les femmes sont aussi bien accueillies que des pets dans un ascenseur. Le scénario, classique mais efficace, déroule une trajectoire balisée, mais le fait avec suffisamment de sincérité pour qu’on ne s’ennuie pas. Et puis, il faut bien avouer que voir Paola Locatelli foncer dans les virages avec la rage au ventre, ça a plus de gueule que les vidéos TikTok de drift en trottinette.

Rapide s’inscrit dans la lignée des films de sport qui carburent à l’adrénaline et aux punchlines. Mais ici, pas de testostérone en spray ni de bimbos en bikini sur capot brûlant. Le film préfère mettre en avant une héroïne qui ne cherche pas à plaire, mais à gagner. Et ça change tout. La mise en scène, nerveuse sans être hystérique, épouse le rythme des courses sans jamais tomber dans le clip MTV. Les plans sur les circuits sont bien torchés, avec une caméra qui colle aux trajectoires comme une moule à son rocher (oui, c’est une métaphore marine, et alors ? on peut aimer les grosses cylindrées ET les crustacés). Rapide ne cherche pas à impressionner, mais à faire ressentir. Et ça fonctionne : le spectateur est scotché à son siège, se décalant légèrement dans son fauteuil pour accompagner la bagnole dans les virages – c’est puissant et efficace, même si parfois on aimerait que le montage respire un peu plus, histoire de ne pas finir avec les pupilles en burn-out.

Dans Rapide, le mercenaire du cinéma d’action français Alban Lenoir incarne Stanislas, ancien pilote fantasque reconverti en mentor borderline. Le genre de type qui vit dans un château, collectionne les voitures et parle comme s’il avait avalé un dictionnaire de citations motivantes. On pourrait croire à une caricature, mais le film parvient à lui donner une vraie épaisseur, notamment grâce à une direction d’acteurs qui évite le cabotinage. Bon, Alban Lenoir en fait toujours des caisses, mais c’est le rôle qui veut ça. Et puis, il faut bien un peu de folie dans ce monde de virages serrés et de chicanes prises à pleine vitesse. Signe des temps probablement, Rapide explore aussi, en filigrane, la question du genre dans le sport, sans jamais tomber non plus dans un discours militant : le féminisme ici n’est pas brandi comme un étendard, mais intégré dans la narration, ce qui le rend d’autant plus percutant.

Alors bien sûr, Rapide ne révolutionne en rien le cinéma d’action et/ou le récit sportif en mode « underdog », mais il le fait vibrer à sa manière. Le film évoque la passion, le dépassement de soi, et la solitude des parcours atypiques. Max est une héroïne qui ne demande pas la permission, et c’est peut-être ça le vrai moteur du film. La bande-son, entre électro nerveuse et clins d’œil à Flashdance, accompagne cette énergie sans fausse note. Et même si certains personnages secondaires sont un peu sous-exploités (coucou Mélanie, la copine qui aurait mérité plus qu’un rôle de figurante bavarde), Rapide tient la route. On pense parfois à Gran Turismo, parfois aux récits initiatiques so 80’s de type Karaté Kid ou Rocky IV, parfois à une pub pour les pneus Michelin, mais ça passe tranquilou, et toujours avec une touche de sincérité qui fait plaisir à voir, surtout dans un film français.

Et puis, on admettra qu’au fil du récit, Rapide se permet occasionnellement quelques digressions inattendues et assez savoureuses, qui permettent au film de sortir de la routine et de trouver sa propre petite musique. On pense par exemple à cette scène durant laquelle le personnage incarné à l’écran par Paola Locatelli se fait recaler d’une écurie parce qu’elle a « trop de caractère ». On croirait entendre un recruteur de start-up en train de refuser une candidate parce qu’elle n’a pas de compte LinkedIn premium. Derrière l’humour, le film interroge les normes sociales, les stéréotypes, et la manière dont les institutions freinent les élans individuels. Le placement des caméras, souvent en plongée sur Max, souligne son isolement dans un monde qui la regarde de haut. Rapide n’est pas un film de bagnoles, c’est un film sur la vitesse intérieure – celle qui te pousse à avancer même quand tout le monde te dit de freiner.

Le Blu-ray

[4/5]

Après avoir attiré un peu plus de 172.000 français dans les salles au printemps dernier, Rapide dégaze aujourd’hui au format Blu-ray, sous les couleurs de Universal Pictures. Côté master, la galette nous propose une image 1080p très propre, avec un rendu des couleurs vif et contrasté, notamment sur les scènes de course où les bolides claquent comme les fessées dans un vestiaire de rugby. Le piqué est précis et les scènes nocturnes conservent une lisibilité appréciable. Côté son, le mixage DTS-HD Master Audio 5.1 offre une belle spatialisation, avec des moteurs qui rugissent dans les enceintes comme des lions sous stéroïdes. Pour ceux qui ne disposeraient pas de Home Cinema, Universal nous propose également une seconde piste en DTS-HD Master Audio 2.0, puissante et équilibrée. Pas de bonus.

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