Test Blu-ray : Basic

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Basic

États-Unis : 2003
Titre original : –
Réalisation : John McTiernan
Scénario : James Vanderbilt
Acteurs : John Travolta, Connie Nielsen, Samuel L. Jackson
Éditeur : ESC Éditions
Durée : 1h38
Genre : Thriller, Drame
Date de sortie cinéma : 28 mai 2003
Date de sortie DVD/BR : 20 août 2025

Au Panama, une équipe de soldats américains en mission se retrouve prise au piège lorsqu’un ouragan frappe la région. Au sortir d’une nuit d’apocalypse, seuls deux membres de l’équipe sont retrouvés vivants. Mais ils refusent de parler. Que s’est-il vraiment passé ? Le lieutenant Julia Osborne et l’agent Tom Hardy sont dépêchés sur la base militaire pour mener l’enquête et faire toute la lumière sur la disparition des GI’s. Ils ne sont pas au bout de leurs surprises…

Le film

[3,5/5]

Le chaos comme méthode, la jungle comme alibi

Basic, c’est un peu Agatha Christie en stage commando chez les Marines. Le film de John McTiernan, qui signait là un dernier baroud d’honneur avant sa descente aux enfers judiciaire, s’ouvre sur une disparition en pleine jungle panaméenne, lors d’un exercice militaire qui tourne au carnage. Six soldats, un sergent tyrannique, un ouragan, deux survivants, et une enquête qui ressemble à un Rubik’s Cube trempé dans du whisky. Basic ne cherche pas à être clair, il cherche à être dense, voire opaque. Et c’est précisément cette opacité qui fait sa force : le film ne raconte pas une histoire, il la déconstruit, la tord, la plie, la retourne, puis la balance au spectateur en disant « tiens, débrouille-toi avec ça ».

Dans Basic, chaque personnage ment, manipule, dissimule. Même les flashbacks ont l’air de se foutre de la gueule du spectateur. Le récit se construit par couches successives, au fur et à mesure des révélations des personnages. Mais derrière cette complexité apparente, McTiernan explore une thématique centrale : la vérité est une construction, et la mémoire un champ de bataille. Dans un monde où les institutions sont gangrenées par la corruption, où les militaires jouent à cache-cache avec la morale, Basic interroge la notion même de justice. Et ce n’est pas un hasard si le personnage principal, Tom Hardy (John Travolta, en roue libre mais toujours magnétique), est un agent de la DEA soupçonné de magouilles. Et peut-on faire confiance à quelqu’un qui a les mains sales pour nettoyer le cul des autres ?

Rien n’est vrai, tout est permis

Formellement, Basic est un festival de plans serrés, de plongées abruptes, de mouvements de caméra nerveux. McTiernan, fidèle à son style, filme l’action comme un orgasme contrarié : ça monte, ça monte, et puis ça explose dans une gerbe de révélations. La jungle, recréée en Floride avec des palmiers de location, devient un théâtre de l’absurde, un espace mental où les repères se dissolvent. Le montage, signé George Folsey Jr., joue avec le temps comme un enfant avec ses crottes de nez : ça colle, ça s’étire, ça revient, et ça part dans des directions insoupçonnées. Basic n’est pas un film d’action, c’est un film de confusion maîtrisée. Et dans ce chaos, chaque plan semble dire : « Rien n’est vrai, tout est permis » – ce qui, soit dit en passant, pourrait aussi être le slogan officieux de TikTok.

La dynamique entre les personnages de Basic est un autre point fort. Travolta et Connie Nielsen, qui incarne la capitaine Julia Osborne, jouent au chat et à la souris avec une tension sexuelle à peine dissimulée. On sent que McTiernan aurait aimé glisser une scène de douche, mais bon, tout le budget est probablement passé dans les palmiers. Samuel L. Jackson, en sergent West, est une figure d’autorité ambiguë, presque mythologique, dont la présence hante le récit comme une flatulence dans un ascenseur. Et si certains dialogues très artificiels semblent avoir été écrits par un stagiaire sous Lexomil, ils participent à cette ambiance de faux-semblants, où chaque mot peut être une bombe à retardement. Basic ne cherche pas à plaire, il cherche à déranger, à provoquer, à faire réfléchir – même si c’est entre deux scènes où Travolta fait des grimaces.

Basic, simple – Vous n’avez pas les bases

Thématiquement, Basic est une réflexion sur le pouvoir, la hiérarchie, et la manière dont les institutions militaires peuvent devenir des machines à broyer l’individu. Le film montre comment la vérité est souvent sacrifiée sur l’autel de la discipline, comment les ordres peuvent justifier l’injustifiable. Et dans ce contexte, l’enquête menée par Hardy et Osborne devient une quête de sens, une tentative de rétablir l’ordre dans un monde où même les morts mentent. Le film évoque aussi, en creux, la masculinité toxique, la violence systémique, et le besoin de contrôle. Et si tout cela semble un peu trop sérieux, qu’on se rassure : Basic est aussi un thriller haletant, avec des rebondissements à faire pâlir un épisode de House of the Dragon. Mais sans scène de douche.

Enfin, Basic mérite presque d’être vu comme une synthèse du cinéma de John McTiernan. On y retrouve la paranoïa de Predator, la tension de Piège de cristal, et le goût du labyrinthe narratif entrevu a cœur d’Une journée en enfer. C’est un film qui ne s’excuse jamais d’être complexe, qui assume ses choix, même les plus tordus. Et dans une époque où le cinéma semble parfois réduit à des algorithmes de satisfaction instantanée, Basic fait figure de résistant. Un film qui demande de l’attention, de la patience, et un peu de foi.

Le Blu-ray

[4/5]

Le Blu-ray de Basic, sorti cet été sous les couleurs de ESC Éditions, nous propose une image solide, avec une définition très satisfaisante et des contrastes bien gérés. Les scènes sombres, nombreuses dans le film, conservent leur lisibilité, et le grain cinéma a été préservé. Les couleurs sont naturelles, sans saturation excessive, et les détails dans les visages et les décors sont suffisamment nets pour apprécier le travail de Steve Mason à la photographie. Côté son, VF et VO nous sont proposées dans des mixages DTS-HD Master Audio 5.1 qui nous offrent, dans les deux cas, une spatialisation efficace, notamment dans les scènes de jungle et les séquences d’interrogatoire. La version française mais manque peut-être un peu de punch dans les basses, et les dialogues sont bien restitués, sans souffle ni distorsion.

Les suppléments du Blu-ray de Basic sont également intéressants. On commencera avec un commentaire audio du réalisateur John McTiernan (VOST), qui n’était probablement pas l’exercice préféré du grand McT, et s’avère plutôt ennuyeux dans son genre – le cinéaste balance une poignée de pistes de réflexion ainsi qu’une poignée d’informations pertinentes. On embrayera ensuite avec un making d’époque (15 minutes), qui reviendra brièvement sur le tournage du film, en évoquant les conditions climatiques ainsi que les choix de mise en scène. On terminera enfin par un entretien avec le réalisateur John McTiernan (22 minutes) ainsi qu’avec une poignée de featurettes d’époques : le film vu par le scénariste (17 minutes) et par l’équipe (22 minutes). La traditionnelle bande-annonce fermera la section.

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