Heretic
États-Unis : 2024
Titre original : –
Réalisation : Scott Beck, Bryan Woods
Scénario : Scott Beck, Bryan Woods
Acteurs : Hugh Grant, Chloe East, Sophie Thatcher
Éditeur : Le Pacte
Durée : 1h51
Genre : Horreur
Date de sortie cinéma : 27 novembre 2024
Date de sortie DVD/BR : 9 avril 2025
Deux jeunes missionnaires de l’église mormone d’une petite ville du Colorado font du porte à porte dans l’espoir de convertir les habitants. Le soir venu, après une journée infructueuse, elles décident de frapper à la porte d’une maison isolée. C’est le charmant Mr Reed qui les y accueille. Mais très vite, les jeunes femmes réalisent qu’elles sont tombées dans un piège. La maison est un véritable labyrinthe où elles ne pourront compter que sur leur ingéniosité et leur intelligence pour rester en vie…
Le film
[3,5/5]
La première séquence de Heretic invite le spectateur à découvrir deux jeunes filles assises sur un banc, en train d’avoir une discussion franche et ingénue au sujet des préservatifs « King size » : l’une soumet l’idée selon laquelle en réalité, les préservatifs grande taille sont de la même taille que les autres, et qu’il ne s’agit que d’une astuce publicitaire destinée à rassurer les hommes, à les flatter dans leur ego, tandis que l’autre affirme le contraire. La caméra de Scott Beck et Bryan Woods ne tardera pas à informer le spectateur que les deux jeunes filles en question sont en réalité deux missionnaires mormones, sœur Barnes (Sophie Thatcher) et sœur Paxton (Chloe East), de passage en ville afin d’atteindre leur quota de baptêmes et/ou de conversions.
C’est cette activité qui conduira les deux sœurs chez Mr Reed (Hugh Grant), un homme affable et sympathique qui avait probablement manifesté un intérêt pour le mormonisme quelque temps auparavant. En dépit de la pluie, les deux sœurs refusent d’abord d’entrer chez Mr Reed, mais quand ce dernier leur indique que sa femme est présente, les deux jeunes filles concèdent à entrer dans la maison. S’ensuivra le passage probablement le plus fascinant de Heretic : après avoir discuté avec les filles de son intérêt pour la religion mormone, Reed se lancera dans une passionnante « déconstruction » théologique, grâce à une espèce de vulgarisation mettant en parallèle l’histoire des différentes religions et celle du fameux jeu de société Monopoly.
Véritable tour de force formel et narratif de Heretic, cette séquence aura naturellement de quoi offenser quiconque étant attaché à l’expérience d’une « foi » ou d’un dogme religieux en particulier, mais vu de l’extérieur, le discours du personnage, étayant ses comparaisons entre les différentes religions et les différentes versions du Monopoly, s’avère assez réjouissant et extrêmement drôle, surtout quand il utilise une édition « Bob Ross » du Monopoly pour la comparer aux religions les plus « farfelues », telles que le mormonisme. La démonstration menée par Hugh Grant pourra paraître d’autant plus choquante qu’elle est clairement mise en parallèle par les scénaristes / réalisateurs Scott Beck et Bryan Woods avec la première séquence du film et sa discussion sur les capotes XXL.
C’est passée cette séquence baignée de provocation que Heretic révélera, peu à peu, sa nature de film d’horreur, au fur et à mesure que les deux héroïnes se retrouveront dépassées sur le plan émotionnel et métaphysique. A partir de ce moment, les choses commencent à partir dans une direction plus horrifique, lorsque les filles sont contraintes de choisir entre deux portes qui, soi-disant, leur permettront de sortir du domicile verrouillé de Reed, l’une marquée « belief » (croyance) et l’autre « disbelief » (incroyance). Dès lors, Heretic ne tardera pas à basculer dans le Grand Guignol, pour se diriger bon gré mal gré vers un final déroutant, contenant encore beaucoup de questions sans réponses.
En dépit de ce virage à 180 degrés, Heretic demeurera intéressant jusque dans ses dernières minutes, notamment grâce au talent de Scott Beck et Bryan Woods, qui nous réservent encore quelques surprises au-delà des scènes « gore » ; on pense par exemple à l’utilisation répétée d’une métaphore à base de papillons, qui apporte un brin de poésie à l’ensemble. De plus, si le film est économe en acteurs, le trio de tête composé par Sophie Thatcher, Chloe East et Hugh Grant est excellent, avec évidemment une mention spéciale pour Hugh Grant, qui se régale à déconstruire son image héritée de la comédie romantique.
Le Blu-ray
[4/5]
Heretic vient de sortir au format Blu-ray sous les couleurs de Le Pacte, et l’éditeur s’est fendu d’un bien beau travail technique : définition exemplaire, piqué précis, couleurs éclatantes, noirs d’une belle densité… Le rendu est impeccable, homogène, en tous points parfait. Côté audio, la VF et la VO nous sont proposées dans des mixages DTS-HD Master Audio 5.1, et dans les deux cas, on bénéficiera d’une immersion totale au cœur du film. Bien entendu, il s’agit d’un film relativement avare en effets choc, et le mixage est donc essentiellement basé sur les voix, avec de légères touches d’ambiance, à la finesse néanmoins remarquable. Le tout explosera surtout à nos oreilles durant le dernier acte du film, à la spatialisation bluffante et très habile. Pas de suppléments.
