La Tour du Diable
Royaume-Uni : 1972
Titre original : Tower of Evil
Réalisateur : Jim O’Connolly
Scénario : Jim O’Connolly, George Baxt
Acteurs : Bryant Haliday, Jill Haworth, Mark Edwards
Editeur : Rimini Éditions
Durée : 1h29
Genre : Fantastique, Horreur
Date de sortie cinéma : 14 juin 1973
Date de sortie DVD/BR : 6 juin 2025
Accostant Snape Island, un îlot au large de l’Écosse, deux pêcheurs découvrent les corps de trois jeunes gens sauvagement assassinés. Penny, l’unique survivante, dans un état second, tue l’un des pêcheurs. Admise dans un hôpital, elle va raconter ce qu’elle a vu. Peu après, des archéologues débarquent sur l’îlot à la recherche de la tombe d’un roi phénicien…
Le film
[3,5/5]
Réalisé en 1972 par Jim O’Connolly, La Tour du Diable s’inscrit pile au tournant de deux époques du cinéma d’épouvante anglais : l’âge d’or de la Hammer est passé, et le genre est doucement en train de passer d’une esthétique gothique sophistiquée à une ambiance et un style baroques et décomplexés. Les événements de mai 68 en Europe ont largement contribué à libérer les mœurs, la censure s’assouplit et on n’hésitera dorénavant plus à se vautrer dans les excès en tous genres : plus gore, plus sexy, le cinéma british se retire le balai du cul et trouve une liberté de ton que d’aucuns pourront forcément trouver vulgaire. Comme son quasi-contemporain Une messe pour Dracula (Peter Sasdy, 1970), La Tour du Diable est pile à la croisée de deux époques, et n’arrive réellement à se décider entre le classicisme d’une esthétique léchée et les dérives sexy et gore des films de l’époque, signés par exemple Herschell Gordon Lewis de l’autre côté de l’Atlantique (Blood Feast, 2000 Maniacs !). Qu’importe : il mélangera les deux !
Le film mettra donc en scène une bande de hippies drogués et délurés, confrontés à un mystérieux culte primitif et sanglant dans une tour d’allure gothique. Si l’intrigue n’a rien à voir, le ton libre et volontiers provocateur de La Tour du Diable rappelle celui du Peuple des abîmes (Michael Carreras, 1968, toujours produit par la Hammer), et colle plutôt bien à l’histoire qui nous est narrée, opposant deux modes de vie (antique/contemporain) tout comme le film confronte formellement deux « écoles » du fantastique anglais. Plastiquement superbe, le film nous propose beaucoup de plans mémorables, et la mise en scène de Jim O’Connolly (réalisateur de La vallée de Gwangi, ce fameux western avec des dinosaures !) s’avère fine, efficace et étonnamment réfléchie ; elle contribue pour beaucoup à faire de La Tour du Diable un film paraissant sans aucun doute avoir coûté le double de son budget réel. Du côté des acteurs, on retrouvera avec plaisir Jack Watson (Le Voyeur), Bryant Haliday (La Poupée diabolique), Dennis Price (Les Sévices de Dracula), Jill Haworth (La Maison de l’épouvante), Anna Palk (Le Corrupteur) et la trop peu connue Candace Glendenning, sosie 70’s de Delphine Chanéac et vue dans le Satan’s slave de Norman J. Warren.
Le Blu-ray
[4,5/5]
Après être sorti au format DVD en 2016 sous les couleurs d’Artus Films, La Tour du Diable débarque aujourd’hui dans une superbe édition Collector Blu-ray + DVD + Livret sous les couleurs de Rimini Éditions, dans la fameuse collection « Angoisse » de l’éditeur. Le film de Jim O’Connolly s’offre donc enfin une occasion d’être redécouvert en Haute-Définition en France. Et quelle redécouverte ! L’image restaurée est extrêmement belle et solide, affichant un grain préservé, des couleurs superbes et une excellente profondeur de champ. Les contrastes sont fins et affirmés, et le master semble globalement débarrassé des principaux dégâts infligés par le temps (jaunissement, taches ou autres griffes…). Bref, la restauration est de qualité, et on ne note pas d’utilisation excessive du réducteur de bruit ni amélioration des contours : le résultat est extrêmement satisfaisant. Côté son, la bande-son est proposée en DTS-HD Master Audio 2.0, en VF et VO et mono d’origine. Les dialogues sont clairs et bien découpés, et la musique entêtante de Kenneth V. Jones est bien mise en avant.
Du côté des suppléments, on notera tout d’abord un livret de 24 pages, intitulé « Massacre sur l’île au trésor » et conçu par Marc Toullec. Sur le Blu-ray à proprement parler, on se régalera d’une passionnante présentation du film par Éric Peretti, qui reviendra avec un grand talent sur le contexte de production du film, ses influences et sa place entre deux époques dans l’histoire du cinéma d’horreur britannique. Passionnant !