Cannes 2025 : Denzel Washington Palme d’or d’honneur

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On aurait dû s’en douter. A condition de suivre de près les préparatifs du Festival de Cannes, ainsi que son déroulement, on se serait rendu compte qu’il manquait encore une Palme d’or honorifique au compteur, aux côtés de celle de Robert De Niro. Celle-là a été remise par Leonardo DiCaprio il y a une semaine, lors de la cérémonie d’ouverture de la 78ème édition du festival. L’acteur et réalisateur américain Denzel Washington est désormais le lauréat de la deuxième, suite à la remise surprise orchestrée hier soir lors de la première de son nouveau film Highest 2 Lowest de Spike Lee, à découvrir prochainement sur Apple TV +.

Washington devient le troisième acteur de passage sur la Croisette à recevoir ce prix honorifique sans annonce au préalable, trois ans après Tom Cruise en mission Top Gun Maverick et deux ans après Harrison Ford ayant endossé une dernière fois les habits de son personnage phare Indiana Jones.

Deux détails peuvent surprendre dans le contexte de ce trophée amplement mérité, bien plus que les cachotteries l’ayant précédé. En effet, ce serait Spike Lee, l’un des cinéastes attitrés de Washington grâce à leurs cinq films ensemble, depuis Mo’Better Blues en 1990, qui aurait soufflé l’idée à Thierry Frémaux, délégué général du festival. De même, le choix du jour de l’événement ne paraît guère anodin, puisque la première au Grand Théâtre Lumière du film de Lee hors compétition a eu lieu le même soir que celle, en compétition, de Alpha de Julia Ducournau. Le long-métrage précédent de la réalisatrice, Titane, avait gagné la Palme d’or en 2021 de la part du jury sous la présidence de … Spike Lee.

Puis, alors que le festival avait bien insisté dans ses communiqués de presse sur le fait que Denzel Washington se prêtait pour la première fois à l’exercice de la montée des marches, il peut paraître étrange qu’une vedette d’une telle envergure internationale et bénéficiant d’une carrière si longue et prestigieuse n’ait jamais fait escale sur la Croisette. D’autant plus que le lauréat, visiblement ému, a dit dans son discours de remerciement qu’il le considérait comme un privilège d’être de retour à Cannes. Avec quel film donc, le géant du cinéma américain aurait-il participé dans le passé à ce festival ? La possible sélection est effectivement très restreinte, puisque seul l’adaptation de Shakespeare Beaucoup de bruit pour rien de Kenneth Branagh y avait été présentée en compétition en 1993.

Cette présence fort parcimonieuse de Washington dans l’un des trois principaux festivals européens reflète sa reconnaissance officielle plutôt ambiguë sur le vieux continent. Tandis qu’il avait gagné à deux reprises l’Ours d’argent du Meilleur acteur au Festival de Berlin, pour Malcolm X et Hurricane Carter respectivement en 1993 et l’an 2000, il n’a par exemple jamais été nommé aux prix de l’Académie du cinéma britannique. Son seul autre prix d’envergure en termes de festivals était la reconnaissance pour l’ensemble de son œuvre en 2014 à San Sebastian en Espagne.

Nommé jusqu’à présent dix fois aux Oscars, entre Cry Freedom Le Cri de la liberté de Richard Attenborough en 1988 et The Tragedy of Macbeth de Joel Coen en 2022, et deux fois victorieux grâce à Glory de Edward Zwick comme Meilleur acteur dans un second rôle en 1990 et à Training Day de Antoine Fuqua comme Meilleur acteur douze ans plus tard, Denzel Washington (* 1954) demeure néanmoins hautement populaire à travers le monde. Il a surtout réussi à faire perdurer sa carrière en se réinventant à intervalles réguliers. Ainsi, après des rôles dans la tradition de ceux incarnés jadis par son mentor Sidney Poitier, Washington a su s’imposer comme l’un des acteurs majeurs de sa génération.

Autant à l’aise dans des films à message social, de Soldier’s Story de Norman Jewison à L’Affaire Roman J. de Tony Gilroy, en passant par Philadelphia de Jonathan Demme, Le Plus beau des combats de Boaz Yakin et John Q de Nick Cassavetes, il a également su s’imposer dans des œuvres plus populaires, quasiment toujours gratifiés de résultats pour le moins satisfaisants au box-office américain. Et il a même su se réinventer sur le tard en dur à cuire, dans la lignée directe de Charles Bronson et Liam Neeson, à travers la trilogie Equalizer de Antoine Fuqua entre 2014 et 2023. Enfin, Washington passe aussi à l’occasion derrière la caméra, comme l’ont montré ses quatre films en tant que réalisateur : Antwone Fisher, The Great Debaters, Fences et A Journal for Jordan.