Howl

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Howl avec James Franco, Jon Prescott

Howl l'affiche du filmHowl

USA : 2009
Titre original : Howl
Réalisateur : Robert Epstein
Scénario : Rob Epstein, Jeffrey Friedman
Acteurs : James Franco, Jon Hamm, Alan Alda
Distribution : Madadayo Films
Durée : 1h24
Genre : Biopic
Date de sortie : 1er février 2012

Globale : [rating:2][five-star-rating]

Rob Epstein et Jeffrey Friedman, connu pour leurs documentaires engagés, Paragraphe 175 et Celluloid Closet ont porté Howl à bout de bras dès sa genèse. Le fait d’avoir plusieurs casquettes sur ce projet personnel explique peut-être que dans sa forme le film ne séduit pas vraiment, voir même échoue dans sa moindre tentative narrative.

Synopsis : En 1957, l’éditeur du poète américain Allen Ginsberg est poursuivi en justice à la suite de la publication du poème « Howl » considéré comme obscène. Peu connu à l’époque, l’auteur devient rapidement un des personnages marquants de la contre-culture américaine.

Howl  avec James Franco, Jon Prescott

Une exécution formelle

Par des choix hasardeux et complexes de mise en scène, Epstein et Friedman laissent le goût amer d’un film maladroit dans sa forme. Les réalisateurs prennent le parti pris d’une réalisation décousue avec de multiples flashbacks, illustrations animées par une voix-off, ellipses d’une maladresse appuyée. Comme si l’ensemble n’apparaissait pas assez chargé, ils gardent, comme empreints de leurs anciens travaux, des tics de mise en scène du documentaire. Nous aurons ainsi droit à de nombreuses images d’archives parsemées ça et là comme une obligation de forme, alors que rien ne prête à l’instant même que celles-ci soient dévoilées. On retiendra qu’à ces moments précis, seul l’éveil des consciences intéresse les réalisateurs.

Cette conjugaison de formes et de faits apporte une irrégularité de rythme pesante et décousue. On se perd dans ce « mitraillage » d’images alors qu’on recherche désespérément une continuité dramatique au mieux, voir un simple chemin narratif au pire. En outre, par un choix probablement assumé, de tourner en longue focale, Epstein et Friedman soulignent de manière encore plus anxiogène le malaise visuel qu’apporte leur film.

Alors tout n’est pas mauvais, les séquences animées par le talentueux Erik Drooker, bien qu’inutiles, fondent un onirisme urbain. Comme une échappée, ces petits moments, bien que « noirs », résonnent comme des respirations. Là est bien le mal de ce métrage, où chacune des séquences isolées est intéressante mais non la continuité même du film. La mise en scène souffre à trop d’égards de nombreux allers et retours dans la vie de Ginsberg. Séquences d’interviews, de plaidoiries, de fictions ; s’ajoute à cela une voix-off omniprésente, pas forcément désagréable mais paralysée par un contenu très (trop ?) lyrique. Nous sortons ainsi souvent de la partie fiction ; à chaque fois que la performance des comédiens nous interpelle, la mise en scène, par un rythme haché, nous coupe dans l’élan immersif que le film se devait d’amener. Triste constat sur un tel projet qui pouvait être prometteur.

Howl  avec James Franco, Jon Prescott

Le charisme de la Beat Generation ?

En contrepoids de la mise en scène intervient la réussite du casting. James Franco. Imprégné par son rôle (son goût pour la littérature n’est pas un hasard de casting), mimétisme présent, Franco donne une interprétation fidèle et habitée d’ Allen Ginsberg. Sa prestation arrive à nous séduire, nous amener à comprendre ce que Ginsberg voulait défendre à l’époque. On n’attendait cependant un peu plus d’un Jack Kerouac, interprété par le discret Todd Rotondi, rôle qui demandait un charisme tout autre pour jouer un des auteurs majeurs du XXème siècle. Certes sa présence à l’écran est réduite mais une frustration est présente.

Les savoureux « duels » entre Jon Hamm et le sous-estimé David Strathairn restent un des points précieux du film, sans rendre transcendant les séquences dans lesquelles ils apparaissent puisque ces dernières, comme le reste, semblent être parsemées, ça et là, de manière décousue comme on le précisait sur l’ensemble de la mise en scène. Hormis l’interprétation, il n’y a rien de vraiment fulgurant à sauver sur le plan technique de Howl hormis une composition sonore, du délicieux Carter Burwell et divers artistes venant envelopper l’ensemble d’un élégant fond sonore et en parfaite résonance des années 50.

Résumé

Par une réalisation éclectique et décousue, Rob Epstein et Jeffrey Friedman passent à côté de leur projet, oubliant de procurer une continuité à leur mise en scène. Toutes émotions se retrouvent alors fréquemment sabordées laissant le spectateur en total désintérêt de l’œuvre. Reste alors la présence de James Franco qui, en tête d’un casting intéressant, sort son épingle du « jeu » et apporte sur la dernière ligne droite un intérêt mesuré au film.

[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=ee3VB-ubUs8[/youtube]

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