Critique : Tunnel

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Tunnel

Corée, 2015
Titre original : Teo-neol
Réalisateur : Kim Seong-hun
Scénario : Kim Seong-hun, d’après l’oeuvre de So Jae-won
Acteurs : Ha Jung-Woo, Doona Bae, Dal-Su Oh
Distribution : Version Originale / Condor
Durée : 2h06
Genre : Film catastrophe
Date de sortie : 3 mai 2017

Note : 2/5

En dehors de Hong Sang-Soo et de quelques films isolés par ci, par là, il est devenu très difficile pour les cinéphiles français de pouvoir visionner en salles du cinéma sud coréen, du moins en dehors des festivals. Cette réflexion s’applique tout particulièrement au cinéma de genre, qui, on le sait, a souvent du mal à se frayer un chemin dans nos salles, quel que soit le pays d’origine d’ailleurs. C’est pour cette raison qu’il était forcément excitant de voir un distributeur prendre le risque de sortir un film d’un réalisateur encore peu connu (son film précédent, l’excellent Hard Day, avait connu une sortie discrète début 2015 après avoir écumé tous les festivals spécialisés pendant 1 an), qui plus est, dans le registre du film catastrophe, sous genre dont raffolent les coréens mais dont les productions locales sortent ici au mieux en vidéo. Même en sachant que ce genre de film a souvent tendance à virer au mélo excessif pour le public français, on s’en frottait les mains d’avance, persuadés que l’on aurait droit à un maelström d’émotions comme les sud coréens en sont coutumiers dans leur cinéma si riche en ruptures de ton…

Synopsis: Alors qu’il rentre retrouver sa famille, un homme est accidentellement enseveli sous un tunnel, au volant de sa voiture. Pendant qu’une opération de sauvetage d’envergure nationale se met en place pour l’en sortir, scrutée et commentée par les médias, les politiques et les citoyens, l’homme joue sa survie avec les maigres moyens à sa disposition. Combien de temps tiendra-t-il ?

Un récit balisé et routinier

Le synopsis est évidemment riche de promesses, particulièrement lorsqu’on connaît le goût des cinéastes coréens pour la satire sociale glissée de manière frontale à l’intérieur de tous les genres populaires. La police est la cible privilégiée des polars, où elle est systématiquement montrée comme incompétente et dépassée par les événements. Ici, ce sont plutôt les médias et politiques qui en prennent pour leur grade, mais malheureusement, en restant plus au niveau des petites piques cyniques mais restant à la surface des choses, que du discours réellement provocateur. La base dramaturgique s’articulera principalement autour de notre pauvre homme coincé, et de la réaction de sa femme campée par la formidable Doona Bae (comme d’habitude a-t-on envie de dire). Ce qui sur le papier, n’est pas forcément un mal, se transforme pourtant rapidement en récit balisé et routinier ayant du mal à tenir la distance sur la durée.

Il n’était certainement pas nécessaire de faire tenir une histoire manquant à ce point de rebondissements novateurs sur deux heures, qui paraissent rapidement démesurées. Car le film ne s’éloigne quasiment jamais des clichés faisant tant ricaner du mélo catastrophe dont le cinéma Hollywoodien s’est fait le spécialiste. Hormis que les coréens forcent toujours un peu plus sur la corde sensible, la structure reste assez semblable à bien d’autres films tombés dans l’oubli ou passant pour des nanars. C’est bien ce qui déçoit le plus ici, cette absence de prise de risques, de la part d’une cinématographie qui nous a habitués, du moins pour les rares films distribués en France, à un peu plus d’irrévérence. Et ce qui pourrait passer, dans un film américain, pour un simple blockbuster de plus, ni pire ni mieux que les autres, se transforme ici en grosse déception ayant bien du mal à maintenir l’attention du spectateur un peu endormi tout le long.

On ne sait ce qui a bien pu se passer pour que ce cinéaste si prometteur, ayant réussi avec son précédent long l’un des films les plus excitants du genre de récente mémoire, et qui gérait si bien les ruptures de ton évoquées plus haut, se soit rabaissé à ce type de production clairement pas honteuse, mais pas à la hauteur de ce que l’on attends désormais du cinéma coréen, qui a placé la barre très haut cette dernière décennie. La mise en scène n’est même pas particulièrement remarquable, ne se démarquant là encore pas du tout venant Hollywoodien, là où Hard Day se plaçait parmi le haut du panier en la matière.

Conclusion

Il est difficile de s’exprimer longuement sur un film s’oubliant quasiment en temps réel, et dont on se demande sincèrement ce qui a bien pu motiver son distributeur à l’exploiter en France, là où d’autres métrages faisant office de petites bombes ne trouvent pas preneurs.

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