Critique : Hard Day

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Hard Day afficheHard Day

Corée du Sud, 2014
Titre original : Kkeut-kka-ji Gan-da
Réalisateur :  Kim Seong-hun
Scénario : Kim Seong-hun, Hae-Jun Lee
Acteurs : Lee Seon-gyoon, Jo Jin-woong, Shin Jung-keun
Distribution : Bodega Films
Durée : 1h51
Genre : thriller, comédie
Date de sortie : 7 janvier 2015

Note : 4/5

Aidé par des mesures de protection, le cinéma de la Corée du Sud, un peu comme le cinéma hexagonal, arrive à  résister vaillamment, sur son sol, à l’industrie cinématographique US. Ce que nous en voyons dans les Festivals et, ensuite, sur nos écrans se partage le plus souvent entre films noirs souvent très violents et films poétiques ou mélodramatiques dans le bon sens du terme. Beaucoup plus rares sont les films coréens permettant de mettre en œuvre les zygomatiques, quelle que soit la façon d’y arriver. Cette année, la Quinzaine des Réalisateurs a apporté sur la Croisette un film coréen qui mélange de façon réussie thriller plein de suspense et comique burlesque. Ce film, c’est Hard Day et c’est le deuxième qu’a réalisé le quadragénaire Kim Seong-hun.

Synopsis :  En route pour assister aux funérailles de sa mère, et tandis qu’il est visé par une enquête pour corruption, le commissaire Ko Gun-su renverse accidentellement un homme. Pour se couvrir, il décide de cacher le corps dans le cercueil de sa mère.
Lorsque l’affaire est découverte, on nomme son partenaire pour mener l’enquête. Et quand l’unique témoin de l’accident l’appelle pour le faire chanter, Gun-su comprend qu’il n’est pas au bout de ses peines…

Hard Day 2

Une sale journée

La journée du commissaire Ko Gun-su (parfois orthographié Go Geon-soo !) commence plutôt mal : sa femme est en train de demander le divorce, son commissariat est sur le point de subir une enquête interne pour des faits de racket et il doit se rendre à l’enterrement de sa mère. Tout cela ne serait (presque) rien si, malencontreusement, il ne heurtait pas avec sa voiture un piéton qui passait par là. Mort, le piéton. A partir de là, tout s’enchaîne : comment se débarrasser du corps ? Pourquoi ne pas tirer profit des funérailles de sa maman et d’un cercueil destiné à un enfouissement éternel ? Comment se débarrasser de Park Chang-min, un témoin qui prétend avoir tout vu et veut faire chanter le commissaire ? L’objectif de Kim Seong-hun : tenir un rythme soutenu et faire en sorte que, chaque fois, au moment précis où le commissaire pense être tiré d’affaire, une nouvelle tuile lui tombe sur la tête. Et ce, (petit clin d’œil !) presque jusqu’au bout.

Hard Day 1

Un thriller haletant parsemé de scènes burlesques

Quel est le point commun entre un thriller et le burlesque ? Le rythme, bien sûr ! N’accole-t-on pas généralement l’adjectif haletant à tout thriller qui se respecte ? Quant au burlesque, pas question de perdre son temps entre chaque gag, des gags qui, le plus souvent, se présentent sous la forme d’un événement éprouvant pour le héros. Lorsqu’on recherche le rythme, il est nécessaire de jouer sur trois paramètres : le scénario, la mise en scène et le montage. Kim Seong-hun a eu 6 ans pour peaufiner son scénario en collaboration avec Hae-Jun Lee : aucun risque de se retrouver face à un scénario bâclé comme nous en inflige 2 fois par an son compatriote Hong Sang-soo. Habilement, Kim Seong-hun alterne scènes tournées caméra à l’épaule et plans larges composées avec brio. Quant au montage, et c’est là le seul petit défaut du film, il pêche parfois au niveau de la longueur de certains plans qui auraient gagné à être un peu plus concis. Cela n’empêche pas quelques scènes d’être dignes d’entrer dans le panthéon des grands moments du cinéma noir, telle celle où Ko Gun-su utilise un jouet appartenant à son fils, en l’occurrence un soldat télécommandé, pour introduire le cadavre qui le gène dans la chambre mortuaire où repose sa mère. Et puis, flottant tout au long au dessus du film, il y a la satire. C’est ainsi qu’une fois de plus dans un film coréen, on se retrouve face à une police corrompue et incompétente. Au point qu’un grand chef de la police annonce au commissaire à peu près ce qui suit : « vous avez trempé dans le meurtre d’un policier, dans de la corruption, de la dissimulation de cadavre, dans des histoires de drogue, etc. mais pas question de sortir l’affaire, cela donnerait une mauvaise image de la police. Par conséquent, on efface tout ! ». Qu’ajouter de plus ?

 

Hard Day 4

Problèmes d’orthographe

Si vous cherchez les filmographies des comédiens présents dans Hard Day, vous rencontrerez un certain nombre de problèmes : l’écriture des noms coréens avec notre alphabet peut se faire de plusieurs façons et, en plus, le prénom est donné parfois avant le nom, parfois après. Dans ces conditions, difficile de s’y retrouver ! Le commissaire Ko Gun-su est joué par Lee Seon-gyoon, parfois orthographié Lee Sun-gyun ou Seon-gyun Lee ou Lee Sun-kyun ou etc. C’est en tout cas un acteur qui a beaucoup tourné avec Hong Sang-soo et Hard Day représente sa première prestation dans un film d’action. Examen de passage réussi ! Quant à Park Chang-min, le maître chanteur, il est interprété par Jo Jin-woong (ou Cho Jin-woong ou Jin-woong Jo), vedette montante du cinéma coréen.

Conclusion

Il est dommage que le montage de ce film n’ait pas été, parfois, un petit peu plus « enlevé ». Toutefois, ne boudons pas notre plaisir : pour une fois qu’un cinéaste coréen réalisant un thriller choisit d’y incorporer une grosse dose d’humour et de burlesque, et ce, sans vulgarité, sans forcer le trait, il n’est pas question de faire la fine bouche. On devrait reparler bientôt de Kim Seong-hun.

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