Wim Wenders, Prix Lumière 2023

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L’État des choses © 1982 Road Movies Filmproduktion / Wim Wenders Produktion / Filmverlag der Autoren /
Wim Wenders Stiftung / Les Acacias Tous droits réservés

Si au début de l’année, on nous avait dit que 2023 sera celle de la renaissance de Wim Wenders, on aurait eu du mal à y croire. En effet, cela fait bien une petite décennie que le réalisateur allemand est en perte de vitesse, enchaînant à la fois des films de fiction et des documentaires qui ne déplacent guère les foules, voire qui ne sortent même pas au cinéma en France.

Puis, il y a eu l’annonce de sa double sélection au Festival de Cannes, en compétition avec Perfect days pour lequel Koji Yakusho a obtenu le prix d’interprétation masculine et en séance spéciale avec le documentaire Anselm Le Bruit du temps. Ces deux films sont d’ores et déjà prévus de sortir sur les écrans français, respectivement le 29 novembre pour le premier et le 18 octobre pour le deuxième. Cette semaine, il est l’invité d’honneur du festival Il cinema ritrovato à Bologne en Italie, où il a présenté entre autres la version restaurée de son documentaire sur Nicholas Ray Lightning Over Water et où il tiendra une leçon de cinéma ce jour.

Surtout, comme on le sait depuis un peu plus de deux semaines, le lundi 12 juin pour être exact, Wim Wenders sera le lauréat du 15ème Prix Lumière. Il lui sera remis lors de la 15ème édition du Festival Lumière, qui aura lieu du samedi 14 au dimanche 22 octobre à Lyon et dans sa métropole. La cérémonie de remise de prix se tiendra le vendredi 20 octobre. Toutefois, Wenders sera présent quelques jours avant et après, du mercredi 18 au dimanche 22 octobre, avant de s’envoler pour le Festival de Tokyo dont il présidera le jury et qui commencera dès le lundi 23 octobre. Quand on vous disait que la renaissance de Wim Wenders ne connaît ni limites, ni frontières … !

En tant que lauréat du Prix Lumière, le réalisateur succède à son confrère Tim Burton. Son nom permet au trophée prestigieux de l’Institut Lumière d’accroître encore un peu plus sa portée européenne, puisque Wenders est le premier cinéaste allemand honoré de la sorte, après les Français Gérard Depardieu et Catherine Deneuve, le Tchèque Milos Forman, l’Anglais Ken Loach, l’Espagnol Pedro Almodovar et les Belges Jean-Pierre et Luc Dardenne.

Paris Texas © 1984 Robin Holland / Road Movies Filmproduktion / Argos Films / Filmverlag der Autoren /
Wim Wenders Stiftung / Tamasa Distribution Tous droits réservés

Or, il ne serait nullement exagéré de considérer Wim Wenders (* 1945) comme un citoyen du monde. Car après s’être fait un nom au cours des années 1970 comme l’un des meneurs du renouveau du cinéma allemand, grâce à Summer in the City, Alice dans les villes, Faux mouvement et Au fil du temps, il n’avait pas tardé à partir dans une longue et fructueuse itinérance à travers différents pays et cultures. Comme preuve, on peut citer le volet heureux de son aventure américaine avec L’Ami américain et Nick’s Movie, suivi de la parenthèse désenchantée de Hammett, avant que Wim Wenders ne se réinvente brillamment à travers L’État des choses – Lion d’or au Festival de Venise en 1982 – et Paris Texas – Palme d’or au Festival de Cannes deux ans plus tard.

Dès lors, il alternait sans gêne les genres entre les documentaires Tokyo-Ga et Carnets de notes sur vêtements et villes, la fable berlinoise Les Ailes du désir – Prix de la mise en scène au Festival de Cannes en 1987 – et la fable d’anticipation Jusqu’au bout du monde, suivies d’une suite des Ailes avec Si loin si proche. Le tout entrecoupé de clips musicaux pour U2 et les Talking Heads. Les années ’90 l’ont vu prendre définitivement un virage vers le cinéma anglophone, après l’escale portugaise Lisbon Story.

Depuis, l’immense majorité de ses films ont été tournés en anglais : The End of Violence avec Bill Pullman et Andie MacDowell, The Million Dollar Hotel avec Jeremy Davies et Mel Gibson, Land of Plenty avec Michelle Williams, Don’t come knocking avec Sam Shepard et Jessica Lange, Every Thing Will Be Fine avec James Franco et Charlotte Gainsbourg et Submergence avec James McAvoy et Alicia Vikander.

Les Ailes du désir © 1987 Road Movies Filmproduktion / Argos Films / Wim Wenders Stiftung / Tamasa Distribution
Tous droits réservés

Depuis le tournant du siècle, le domaine de prédilection de Wim Wenders est avant tout le documentaire. C’est là qu’il a connu ses plus gros succès récents, à commencer par l’hommage musical de Buena Vista Social Club, ressorti il y a deux ans, jusqu’à l’observation-conversation du pape dans Le Pape François Un homme de parole, sélectionné en séance spéciale au Festival de Cannes en 2018. Entre-temps, il s’était de même intéressé au blues dans The Soul of a Man, à la danseuse Pina Bausch dans Pina et au photographe brésilien Sebastiao Salgado dans Le Sel de la terre. C’est ce travail qui lui a valu à ce jour trois nominations à l’Oscar du Meilleur Documentaire, pour Buena Vista Social Club, Pina et Le Sel de la terre. Par ailleurs, ce dernier avait gagné en 2015 le César du Meilleur Documentaire.

L’hommage rendu par le Festival Lumière à Wim Wenders sera le point de départ d’un travail de longue haleine de rééditions en vidéo de ses films, orchestrées par Carlotta Films, en collaboration avec Les Films du Losange, Argos Films et la Fondation Wim Wenders. Pendant le festival, de nouvelles éditions de L’Ami américain et Les Ailes du désir sortiront, suivies de celles de la trilogie de la route : Alice dans les villes, Faux mouvement et Au fil du temps. D’autres films de Wim Wenders leur emboîteront le pas jusqu’en 2025.

Perfect Days © 2023 Master Mind Limited / Wenders Images / Haut et court Distribution Tous droits réservés

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