Test DVD : Un Monde merveilleux

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Un Monde merveilleux

France : 2025
Titre original : –
Réalisation : Giulio Callegari
Scénario : Giulio Callegari
Acteurs : Blanche Gardin, Angélique Flaugère, Laly Mercier
Éditeur : Blaq Out
Durée : 1h15
Genre : Comédie, Science-fiction
Date de sortie cinéma : 7 mai 2025
Date de sortie DVD : 16 juillet 2025

Dans un futur un peu trop proche où les humains dépendent des robots, Max, une ancienne prof réfractaire à la technologie, vivote avec sa fille grâce à des petites combines. Elle a un plan : kidnapper un robot dernier cri pour le revendre en pièces détachées. Mais tout dérape. Flanquée de ce robot qui l’exaspère, elle s’embarque dans une course-poursuite pour retrouver sa fille et prouver qu’il reste un peu d’humanité dans ce monde…

Le film

[3,5/5]

Avec Un Monde merveilleux, Giulio Callegari s’amuse à repeindre le futur avec les couleurs d’un cauchemar pastel, où les robots ont remplacé les humains dans les tâches du quotidien, mais aussi dans leur capacité à faire chier. Le film, porté par la prestation de Blanche Gardin, impeccable en mère célibataire à la dérive totalement dépassée par les événements, ne cherche pas à prédire l’avenir à la façon Elon Musk et/ou des thuriféraires du transhumanisme, mais plutôt à en rire, à en pleurer, et à en faire des confettis. Un Monde merveilleux ne propose pas une dystopie classique, mais une comédie d’anticipation sociale qui prend le contre-pied des récits techno-futuristes habituels. Ici, pas de sauveur en latex ni de révolution numérique, juste une femme larguée, un robot obsolète, et une gamine placée en foyer. Une vision du futur pas si éloignée de nous en somme…

Un Monde merveilleux brille par sa capacité à mêler satire sociale et humour absurde, sans jamais sombrer dans le prêchi-prêcha. Le robot T-0, sorte de mixeur bavard déguisé en Stormtrooper, devient le miroir grotesque d’une société en perte de repères. La mise en scène, sobre mais efficace, laisse respirer les dialogues acides de Blanche Gardin, qui balance ses punchlines au flashball, comme un CRS des mots. Le cadre est souvent fixe, presque clinique, mais cette économie de moyens et d’artifices techniques permet finalement de mieux souligner l’aliénation des personnages. Et quand ça bouge, c’est pour mieux faire ressortir le chaos ambiant. Un Monde merveilleux ne cherche pas à séduire les amateurs de science-fiction pure, mais plutôt ceux qui aiment quand le futur ressemble à une mauvaise blague, dans laquelle on retrouve l’essentiel des dérives de notre époque.

Il y a dans Un Monde merveilleux une vraie réflexion sur la parentalité, sur la précarité galopante, et surtout sur la déshumanisation rampante amenée par les réseaux et notre dépendance de plus en plus grande vis-à-vis des nouvelles technologies. Max, l’héroïne, n’est pas une combattante badass, mais une ancienne prof larguée par le système, qui tente de récupérer sa fille en magouillant avec un robot de maison. Le film interroge la place des émotions dans un monde automatisé, où même les sentiments semblent programmés. Et si l’on rit souvent, c’est pour ne pas vomir. Le placement des caméras, souvent en légère contre-plongée, donne aux robots une stature presque divine, comme si l’humanité avait confié son destin à des grille-pains omnipotents. Un Monde merveilleux réussit à faire passer des idées fortes sous couvert de comédie, ce qui est déjà un exploit en soi.

Dans Un Monde merveilleux, Blanche Gardin est tout à la fois féroce et vulnérable. Elle incarne une femme qui n’a plus rien à perdre, sauf peut-être son sens de l’humour. Sa relation avec le robot T-0 est le cœur du film, oscillant entre tendresse et agacement, comme un vieux couple qui aurait oublié pourquoi il s’aime. Le film évite les clichés du buddy movie, préférant une dynamique plus chaotique ; mais derrière les gags se cache une vraie finesse d’écriture, qui interroge la manière dont la technologie redéfinit nos rapports sociaux. Le film joue avec les codes du genre, les détourne, les triture, comme un ado qui aurait trouvé le manuel de la dystopie dans les toilettes. Le montage, nerveux sans être hystérique, accompagne cette errance avec une belle fluidité. On pense parfois à Her, parfois à Wall-E, même si le message du film n’est pas toujours des plus limpides. A découvrir !

Le DVD

[4/5]

L’édition DVD d’Un Monde merveilleux, qui vient de sortir sous les couleurs de Blaq Out, propose une image plutôt propre, avec un léger grain qui sied bien à l’ambiance urbaine délavée du film. Les contrastes sont bien gérés, notamment dans les scènes nocturnes où les néons des robots tranchent avec la grisaille parisienne. Le piqué est correct sans être chirurgical, ce qui évite de trop mettre en valeur les imperfections du maquillage de Blanche Gardin. Côté son, le mixage Dolby Digital 5.1 fait le boulot, avec une spatialisation honnête et des dialogues toujours clairs, même quand le robot T-0 se met à hurler sa haine du monde le long des côtes bretonnes. On notera cela dit que Blaq Out n’oublie pas les cinéphiles qui visionnent leurs films à domicile sans utiliser de Home Cinema, puisque l’éditeur nous propose également un mixage Dolby Digital 2.0, plus cohérent si vous visionnez Un Monde merveilleux sur un « simple » téléviseur.

Les suppléments d’Un Monde merveilleux sont modestes mais pertinents. On trouve un intéressant entretien avec Giulio Callegari (24 minutes), au cours duquel le réalisateur expliquera comment l’explosion des technologies a fait passer son scénario de l’anticipation à la comédie sociale. Il reviendra également sur son amour pour la comédie, ainsi que sur la voix et le look volontairement vintage (et « un peu schlag ») du robot T-0.

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