Prosper
France : 2025
Titre original : –
Réalisation : Yohann Gloaguen
Scénario : Dominique Baumard, Yohann Gloaguen
Acteurs : Jean-Pascal Zadi, Cindy Bruna, Makita Samba
Éditeur : Le Pacte
Durée : 1h30
Genre : Fantastique, Comédie
Date de sortie cinéma : 19 mars 2025
Date de sortie DVD : 9 juillet 2025
Prosper, chauffeur Uber à côté de ses pompes, prend comme passager un homme mourant qui vient de se faire tirer dessus. Paniqué, Prosper se débarrasse du cadavre tout en lui volant sa paire de bottines en croco. En les portant, Prosper se retrouve habité par l’esprit de l’homme assassiné : King – un gangster respecté et craint de tous. Partagé entre ces deux personnalités que tout oppose, Prosper et King, unis dans un seul corps, enquêtent pour démasquer l’assassin de King…
Le film
[3,5/5]
Le cinéma français, et en particulier la comédie, semble parfois avoir peur de sa propre ambition. On en veut pour preuve la sortie du premier long-métrage de Yohann Gloaguen, Prosper. Distribué dans les salles en mars 2025, cette comédie fantastique prenant pour postulat de départ l’idée de la « possession » d’un corps par un autre a malheureusement été vendue, par le biais de sa bande-annonce et de son affiche, comme une simple comédie de situation à la Freaky Friday. Le film met en scène Prosper (Jean-Pascal Zadi), un chauffeur VTC en galère possédé par l’esprit du « King » (Makita Samba), un gangster congolais ayant la particularité d’être un « sapeur », c’est-à-dire un passionné de la sape, comme le sont par exemple les membres de la Société des ambianceurs et des personnes élégantes, abrégée en SAPE.
Cet élément narratif n’est que le point de départ de Prosper, qui développe par ailleurs un scénario très intéressant et ambitieux concernant le meurtre du King, que le personnage interprété à l’écran par Jean-Pascal Zadi va devoir démêler en « prêtant » son corps au King le temps que ce dernier mène l’enquête. Cette cohabitation forcée n’est ainsi pas forcément pas un prétexte afin d’enchaîner les gags tournant en dérision l’univers des sapeurs et des black dandies ; au contraire, elle tend vraiment à mettre en lumière le monde de la sapologie, avec un recul doublé d’un respect certain. Ainsi, contrairement à ce que pouvait laisser penser l’affiche du film, qui mettait en scène les deux versions de Jean-Pascal Zadi en mode Dolemite is my Name, le décalage entre les deux personnalités habitant ce même corps n’est pas uniquement utilisé à des fins humoristiques, mais s’inscrit au contraire dans un ensemble plus complexe et surtout beaucoup plus passionnant pour le spectateur.
Ce sont ces partis pris artistiques qui font tout le prix et l’originalité de Prosper, qui, de fait, n’est jamais exactement où on l’attendait. Le film est drôle, mais ce n’est pas la comédie bouffonne que l’on aurait pu craindre. Au contraire, grâce à son intrigue simple mais parfaitement ficelée, il prend bien souvent des atours de polar de pieds nickelés, ces polars hérités des frères Coen mettant en scène, le plus souvent sur une intrigue assez complexe et foisonnante de personnages, des truands improbables et des opportunistes cédant à l’appât du gain. Fortement teinté d’humour noir, Prosper commence également avec un cadavre et un gros paquet de pognon, et la série de quiproquos qui s’enchaîne s’avère solide, rythmée, et l’ensemble est extrêmement attachant. On n’en attendait d’ailleurs pas moins de Yohann Gloaguen, qui signe ici son premier film, mais qui avait débuté comme assistant réalisateur pour David Lynch et Wong Kar Wai !
Le DVD
[4/5]
N’ayant malheureusement réalisé qu’un peu moins de 40.000 entrées dans les salles françaises, Prosper n’aura en toute logique pas droit à une édition Blu-ray, et s’épanouira donc sur support DVD sous les couleurs de Le Pacte. Pour autant, et tant que vous faîtes le choix de visionner Prosper sur un diffuseur approprié, le DVD édité par Le Pacte nous permettra de découvrir ce petit polar teinté de comédie dans des conditions satisfaisantes. Il faut de toutes façons avouer que l’éditeur est rodé au format DVD, et nous propose une nouvelle fois un master sans faille : définition, piqué et couleurs composent plutôt bien avec les limites d’un encodage en définition standard. Côté son, le film est proposé en Dolby Digital 5.1, dans un mixage dynamique et bien enveloppant. Mais Le Pacte n’oublie pas les cinéphiles qui visionnent leurs films à domicile sans utiliser de Home Cinema, et l’éditeur nous propose également un mixage Dolby Digital 2.0, acoustiquement plus cohérent si vous visionnez Prosper sans bénéficier d’un système de spatialisation acoustique.
Du côté des suppléments, Le Pacte nous propose tout d’abord un entretien avec Jean-Pascal Zadi et Cindy Bruna (12 minutes). Ils y reviendront pêle-mêle sur le mélange des genres proposés par le film, sur leurs rôles, ainsi que sur le respect vis-à-vis de la culture congolaise et de la sape. Ils évoqueront ce qu’ils ont pu apporter à leurs rôles, Jean-Pascal Zadi nous faisant part de ses regrets par rapport au fait que le réalisateur Yohann Gloaguen n’ait pas concédé à ajouter des bières à ses personnages. On continuera ensuite avec un entretien avec Yohann Gloaguen (13 minutes). Il nous expliquera comment il est arrivé sur le projet, sa rencontre avec des sapeurs – et notamment avec Jocelyn Armel alias le Beau Bachelor – lui ayant finalement permis de se l’approprier tout en respectant l’authenticité de la culture congolaise. Il évoquera l’aspect « casse-gueule » du sujet, le choix de Jean-Pascal Zadi et du reste du casting, etc. Enfin, on terminera avec un sujet estampillé Konbini au cours duquel Jean-Pascal Zadi se fait « saper » par le Beau Bachelor, Arlene Peleka et Altroto Moda Matrabanga (10 minutes).