Test DVD : Dynamite Jackson

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Dynamite Jackson

Philippines, États-Unis : 1974
Titre original : TNT Jackson
Réalisateur : Cirio H. Santiago
Scénario : Dick Miller, Ken Metcalfe
Acteurs : Jeannie Bell, Stan Shaw, Pat Anderson
Éditeur : Le chat qui fume
Durée : 1h11
Genre : Action
Date de sortie DVD/BR : 3 février 2015

 

 

La belle et experte en karaté Diana « TNT » Jackson apprend la mort de son frère. Suspectant un gang de trafiquants de drogue d’en être la cause et déterminée à découvrir la vérité, elle s’envole pour Hong Kong. Accompagnée d’un professeur d’arts martiaux, elle leur déclare la guerre totale…

 

 

Le film

[4/5]

Sous l’impulsion de plusieurs cinéastes ces dix dernières années (Tarantino et Rodriguez en tête), le cinéma d’exploitation tendance bis genre « grindhouse » est devenu un centre d’intérêt certain pour une petite frange de cinéphiles. En effet, les giallos, slashers déviants, films de blaxploitation et autres bandes érotiques se sont multipliés dans les bacs ces dix dernières années, sous la houlette de plusieurs éditeurs indépendants, nous proposant toujours plus de films intéressants et attendus de pied ferme des amateurs les ayant découverts adolescents (en 2015, des Blu-ray made in France pour Le venin de la peur chez Le chat qui fume ou encore Punisher chez The ecstasy of Films). On ose espérer qu’il ne s’agit pas là d’un simple effet de mode, et que ces bandes populaires ont juste retrouvé leur vocation de divertissement populaire, les extirpant du triste ghetto au cœur duquel les années les avaient enfermées. D’ailleurs, la nouvelle popularité de ces films est vue d’un très mauvais œil par les gardiens du temple du bis en règle générale, qui n’ont aucune envie que leur cinéphilie, qui s’est construite en réaction à une autre, devienne le mainstream de demain. Cela dit, tout cela est très humain, et si vous me permettez cet aparté personnel, même moi, quand je visionne aujourd’hui des bandes d’exploitation des années 70/80 avec ma femme, de dix ans ma cadette, j’ai toujours tendance à être vaguement sur la défensive quand elle aime le film, me targuant souvent d’un « oui, ben moi, je l’ai découvert en VHS en 86… », alors que dans le fond, je devrais simplement me réjouir que cela lui plaise, et me féliciter d’avoir trouvé la femme parfaite.

Fermons la parenthèse et félicitons nous donc de pouvoir revoir aujourd’hui Dynamite Jackson, et dans des conditions bien meilleures que sur la VHS estampillée United Vidéo qui prenait la poussière au grenier depuis des années. Dynamite Jackson, de son vrai nom TNT Jackson, est une production New World (Roger Corman donc) de 1974, réalisée par le philippin Cirio H. Santiago, et scénarisée par Ken Metcalfe et Dick Miller. Bien sûr, ces noms ne vous sont pas inconnus si vous êtes un familier de l’écurie Corman : Ken Metcalfe est un acteur plutôt spécialisé dans les bandes d’action décomplexées produites par Corman, et Dick Miller, acteur fétiche de Joe Dante, a connu une renommée tardive en jouant « Mr Futterman » dans le diptyque Gremlins. Écrit comme une BD d’action, le scénar de Metcalfe et Miller ne restera certes pas dans les annales pour sa sophistication : il tient presque d’avantage du « pitch » que du scénario, les péripéties rocambolesques et pour tout dire un peu interchangeables propres aux productions de Corman étant un peu là pour faire « remplissage ». Cela dit, avec son ton bon enfant, ses punchlines excessives et ses mandales distribuées avec une bonne régularité, il s’avère parfaitement sympathique, et s’impose même dans son genre comme un modèle d’efficacité, puisque Corman réutilisera ce scénario par deux fois au fil des ans, avec Attaque à mains nues (1981) et Angelfist (1993).

Pur film de blaxploitation mâtiné de kung-fu (« Everybody was kung fu fighting » chantait Carl Douglas la même année), Dynamite Jackson prête aujourd’hui forcément à sourire. Combats approximatifs, enchainant les accélérés avec peu de discrétion, doublures très visibles, faux raccords gratinés… De ce délice suranné et foutraque, nous proposant une femme badass pratiquant, comme Steven Seagal quelques années après elle, le cassage de bras bien brutal, on retiendra surtout l’interprétation de Jeannie Bell, ex-playmate de Playboy et future conquête de Richard Burton, et le charismatique Stan Shaw, dont la coupe de cheveux évoquant un ballon de baudruche crépu posé à même le crane n’entame que peu le magnétisme animal, rappelant beaucoup celui de Dennis Rodman, basketteur s’étant essayé au film d’action dans les années 90. Avec son affiche géniale (bien que sans rapport ou presque avec le film), son titre rappelant forcément beaucoup d’autres films de blaxploitation de l’époque (Cleopatra Jones – connu en France sous le nom de Dynamite Jones, Foxy Brown, etc) sa courte durée (1h11 en vidéo) et sa fameuse baston topless, cette petite production New World vaut clairement le coup de s’y plonger les yeux fermés. Qu’on l’ait découvert en VHS dans les glorieuses années 80 ou pas.

 

 

Le DVD

[4/5]

Indépendant et présent sur le front du DVD depuis 2006, Le chat qui fume s’est toujours démarqué par des choix éditoriaux couillus et sans concessions. L’éditeur montpelliérain enrichit en ce début février sa collection « Action Girls » avec deux nouveaux titres, The muthers et ce très attendu Dynamite Jackson qui nous intéresse aujourd’hui. Plutôt bien conservé, le master du film de Cirio H. Santiago s’en sort avec les honneurs. Même s’il n’est pas exempt de quelques tâches et autres griffes dues au temps, si certaines séquences accusent un peu le poids des ans (en particulier la séquence de fusillade dans le cinéma), l’ensemble est proposé au format, en 16/9 et affiche tout de même une belle pêche, avec certaines séquences où le piqué est d’une remarquable précision. Côté son, le film est encodé en mono d’origine, à la fois en VO et en VF d’époque. Si la version française s’avère assez amusante et désuète, elle est néanmoins en moins bonne forme (souffle, voix étouffées) que la version originale, plus directe et dynamique.

Dans la section suppléments, on trouvera, outre une introduction du film par China Foxx et Catwoman, deux courts sujets réalisés par l’équipe du fanzine Foxy Bronx. Le premier revient sur la carrière professionnelle et les frasques de la vie amoureuse de Jeannie Bell, richement illustrée en photos issues du magazine Playboy. Le second revient plus spécifiquement sur le film en lui-même, remettant autant que faire se peut son tournage en contexte.

On notera aussi le soin tout particulier porté par aux packagings de ces deux nouveaux titres : ils sont proposés dans de beaux digipacks, avec des reproductions d’affiches à l’intérieur, et des plaisanteries en forme de fausses citations sur la jaquette, telles que « Enfin une femme qui en a », naturellement signé Éric Zemmour.

 

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