Test Blu-ray : Vij ou le diable

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Vij ou le diable

Russie : 1967
Titre original : Viy
Réalisation : Konstantin Ershov, Georgiy Kropachyov
Scénario : Konstantin Ershov, G. Kropachyov, Alexandre Ptushko
Acteurs : Leonid Kuravlyov, Natalya Varley, Aleksey Glazyrin
Éditeur : Artus Films
Durée : 1h17
Genre : Horreur
Date de sortie cinéma : 22 mars 1972
Date de sortie DVD/BR : 6 juin 2020

Trois jeunes séminaristes quittent leur monastère pour partir en vacances. La nuit, ils se font héberger par une fermière qui se révèle être une sorcière. Khoma l’empoigne et la laisse pour morte, après qu’elle se soit transformée en jolie jeune fille. Sous la pression de la famille, le recteur oblige Khoma à passer trois nuits auprès de la défunte afin de prier pour son âme. Il va vivre trois nuits d’épouvante jusqu’à l’apparition de VIY, le démon et maître des Gnomes…

Le film

[5/5]

Les spécialistes du cinéma soviétique se plaisent à prétendre que le film d’horreur n’a jamais existé en URSS, principalement pour des raisons idéologiques. Sorti sur les écrans russes en 1967, Vij ou le diable serait donc ainsi l’exception qui confirme la règle. S’il est toujours possible de remettre en question cette absence totale de cinéma d’horreur dans la Russie soviétique au Vingtième Siècle, on admettra tout de même que le film de Konstantin Ershov et Georgiy Kropachyov a pour lui quelque-chose de vraiment unique et de jamais vu.

Adapté d’un conte fantastique de l’écrivain russe Nicolas Gogol (assurément l’auteur dont le nom fait le plus rire les enfants), Vij ou le diable impressionne, dès le premier coup d’œil. En tant que spectateur, on éprouvera en effet rapidement le sentiment de se trouver devant une œuvre forte, visuellement superbe, au cœur de laquelle chaque plan s’avère plus saisissant de beauté encore que le précédent. A cet égard, le film rappellera au spectateur une poignée d’autres OVNI de cinéma s’étant imposés comme de véritables chocs esthétiques. Des œuvres à l’identité visuelle extrêmement marquée, développant volontiers une atmosphère trouble et fantastique… On pense par exemple à des merveilles inclassables telles que Le narcisse noir (Michael Powell et Emeric Pressburger, 1947), Le fleuve (Jean Renoir, 1951) ou encore Le tigre du Bengale (Fritz Lang, 1959).

Vij ou le diable est en effet de la trempe de ces films-là : une œuvre que l’on considère de façon immédiate comme une véritable pépite, un trésor (trop oublié) du cinéma soviétique. Fascinant, beau et angoissant tout à la fois, rempli jusqu’à la gueule d’images éblouissantes et bizarres, capables d’alimenter tout aussi bien nos rêves que nos cauchemars. Déroulant son récit à toute vitesse sur une durée finalement très ramassée (1h16), Vij ou le diable multiplie les rebondissements et les ellipses temporelles qui plongeront à coup sûr le spectateur au cœur d’un espace-temps pour le moins dilaté, sans repère rationnel à quoi se raccrocher.

En deux mots comme en cent, Vij ou le diable est donc une réussite absolue, plongeant le spectateur dans un sentiment d’inquiétante étrangeté où tout semble pouvoir arriver. Les effets spéciaux et la direction artistique du film, signés Alexandre Ptouchko (dont on murmure qu’il serait le réalisateur officieux du film), sont absolument remarquables, le film s’avérant un grand spectacle visuel, tout simplement grandiose et époustouflant. En plus d’être clairement et définitivement visionnaire et en avance sur son temps.

Le Combo Blu-ray + DVD + Livre

[5/5]

Vij ou le diable débarque cette semaine chez Artus Films. Afin d’attirer l’attention du public vers cette pépite trop peu connue dans l’hexagone, Artus lui a offert un superbe Digibook Blu-ray + DVD + Livre dénotant du soin toujours renouvelé par l’éditeur afin de fournir au consommateur français des éditions Blu-ray de première bourre, qui soient non seulement de bonnes vieilles tueries techniques mais également de « beaux objets » de collection. Vij ou le diable s’offre donc un époustouflant lifting Haute Définition sur galette Blu-ray, et se verra accompagné un livret de 24 pages signé Nicolas Bonnal et intitulé « Gogol et la montée du cinéma fantastique ». Un vrai petit bouquin, solidement écrit, documenté et illustré, vraiment passionnant et bien éloigné des livrets produits à la chaîne par d’anciennes gloires de Mad Movies.

Du côté du master restauré 2K, aussi bien côté image que côté son, l’éditeur nous propose pour ce flamboyant Vij ou le diable une édition de très bonne tenue ; le film est présenté dans son format 1.37 respecté et en 1080p. La restauration a fait place nette des taches et autres points blancs, et l’ensemble affiche une belle stabilité. L’encodage préserve scrupuleusement la granulation d’origine, avec une définition parfois surprenante et des couleurs aux contrastes très accentués et parfaitement retranscrits. Le mixage audio français d’origine ainsi que la VO russe sont proposés en LPCM 2.0 mono d’origine, dans les deux cas parfaitement clair, net et précis.

Côté suppléments, les amoureux du film seront assurément aux anges. On retrouvera en effet, outre le livret de 64 pages écrit par Nicolas Bonnal intégré au boîtier Digibook, une poignée de suppléments passionnants. On commencera avec une très intéressante présentation du film par Stéphane Derderian et Christian Lucas (18 minutes), qui évoqueront les différences et les similitures entre le livre de Nicolas Gogol, Vij ou le diable et Le masque du démon de Mario Bava, qui s’avérait une adaptation du même récit. Des passerelles avec le cinéma de Tarkovski ainsi que les autres adaptations de la légende de Viy seront également évoquées dans un ensemble sympathique mais qui part un peu dans tous les sens. On terminera ensuite avec la traditionnelle bande-annonce, une galerie de photos ainsi qu’avec le générique français du film (2 minutes) et la bande-annonce du Conte du Tsar Saltan, également disponible chez Artus Films. Vous pourrez bien sûr commander le film au sein de la boutique en ligne de l’éditeur.

1 COMMENTAIRE

  1. C’est marrant, le film est sensé être rempli de scènes et d’images époustouflantes mais tout le monde publie les mêmes photos tirées de la seule scène du film qui amène quelque chose, c’est à dire la dernière… 1H10 de film mou du genou, 5 minutes de véritable proposition d’imaginaire et hop, un chef d’oeuvre… Mouais, c’est pas parce qu’il fait office d’OVNI dans le cinéma qu’il faut crier au génie.

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