The Master
Hong Kong : 1992
Titre original : Long xing tian xia
Réalisation : Tsui Hark
Scénario : Lam Kei-to, Lau Tai-muk
Acteurs : Jet Li, Yuen Wah, Crystal Kwok
Éditeur : HK Vidéo
Durée : 1h32
Genre : Action
Date de sortie DVD/BR : 9 août 2025
Étudiant en kung-fu, le jeune Jet se rend aux États-Unis à la recherche de son maître qui a disparu. Celui-ci, qui vendait des herbes et des plantes médicinales, a été passé à tabac par la bande de l’arrogant Johnny, un champion d’arts martiaux qui entend régner sur les gangs de la ville. Pour atteindre ce but, il se doit d’éliminer Jet…
Le film
[3,5/5]
Quand on évoque le cinéma de Tsui Hark, il est de coutume de dire que Double Team fut son premier film américain en 1997. Dans le cas de Jet Li : on situe généralement le début de sa carrière aux États-Unis aux alentours de 1998, avec son rôle de méchant dans L’Arme fatale 4. Dans la chronologie d’Internet, et notamment du site de référence IMDb, la rencontre entre Tsui Hark et Jet Li date de 1991, avec l’immense succès d’Il était une fois en Chine, chef d’œuvre absolu qui les projeta tous deux sous les feux de la rampe du cinéma d’action international. A la façon d’un rebondissement de Rick et Morty, la réapparition en vidéo de The Master vient brouiller les espace-temps : ce film, intégralement tourné aux États-Unis en 1989, ne sortirait pourtant dans les salles hongkongaises qu’en 1992, un an après le succès d’Il était une fois en Chine.
Le titre cantonais de The Master est Wong Fei Hung 92 – ji Lung hang tin ha, ce qui signifie Wong Fei Hung 92 – Le dragon est descendu sur la terre. Si la référence au personnage central d’Il était une fois en Chine est explicite, ce titre suggère en même temps une référence à Bruce Lee, et notamment à La Fureur du Dragon : ce n’est pas du tout étonnant dans le sens où l’intrigue de The Master est très similaire à celle du film de 1972. Dans le film de Bruce Lee, Tang était un Hongkongais qui arrivait à Rome pour aider la famille d’un ami, victime de racket ; dans celui de Jet Li, Jet est un Hongkongais qui arrive à Los Angeles pour aider son ancien maître, également victime de racket. D’ailleurs, c’est également grosso merdo le pitch de Jackie Chan dans le Bronx (1995), qui mettra en scène un Hongkongais débarquant à New York chez son oncle et se retrouvant au cœur d’une guerre des gangs. Il est amusant de noter que ces trois films aux intrigues très similaires ont contribué au succès de leurs acteurs principaux sur le territoire américain !
Malgré ce que suggère son titre cantonais, on ne trouve pas de trace de Wong Fei Hung dans l’intrigue de The Master, mais un mélange d’humour naïf et d’action urbaine. L’humour du métrage sera principalement amené par les interactions entre Jet et trois latinos membres de gang un peu losers, ainsi qu’entre Jet et May (Crystal Kwok), une employée de banque asiatique qui tombera follement amoureuse de lui, sans que Jet ne semble jamais remarquer l’attirance de la jeune femme à son égard. L’humour très enfantin fonctionne de manière assez aléatoire tout au long du film, mais la représentation des membres de gangs aux frontières du ridicule s’intègre finalement assez bien avec certains films américains des années 90, tels que Streetfighters : La Rage de vaincre (1993), Double Dragon (1994) ou encore Esprits rebelles (1995). Ce n’est donc pas dans ces domaines que le film de Tsui Hark se révèle le plus convaincant, même si on sent bien que le réalisateur tente de faire passer un message, notamment sur le choc des cultures entre et orient et occident, ainsi que sur la façon dont sont traitées les minorités ethniques aux États-Unis.
Heureusement, les nombreuses scènes d’action viennent un peu épicer le déroulement de The Master, même si on a un peu de mal à comprendre les raisons qui poussent le bad guy du film, Johnny (Jerry Trimble), à attaquer les autres écoles de kung-fu de Los Angeles. Les combats sont assez brutaux et chorégraphiés de manière très efficace par Brandy Yuen et Yuen Wah, avec une mention particulière pour le combat final entre Jet et Johnny, assez long et impressionnant, tant au niveau de la technique que de la chorégraphie. La vitesse de Jet Li y est tout particulièrement mise en évidence, et ce même si l’acteur souffrait d’une blessure au poignet qui l’empêchait d’exprimer pleinement son talent d’artiste martial. En l’état, l’ensemble reste tout à fait sympathique et s’avérera un parfait amuse-bouche en attendant une hypothétique ressortie de la saga Il était une fois en Chine au format Blu-ray 4K Ultra HD.
Le Blu-ray
[4/5]
Disponible au format DVD depuis quelques années, déjà sous les couleurs de HK Vidéo, The Master s’offre aujourd’hui un beau Blu-ray tout beau tout neuf, présenté dans un classieux Digipack trois volets au design soigné et contenant une présentation du film signée Nicolas Rioult. Côté transfert, si on ne sait jamais tellement à quoi s’attendre avec les remasterisations made in Hong-Kong, ici, le rendu Haute-Définition s’avère réellement solide, et même assez impressionnant. Le grain cinéma a été respecté, le piqué est précis, les couleurs sont naturelles et le niveau de détail tout à fait satisfaisant. Un sans-faute côté image donc, que l’on retrouvera également du côté des pistes audio, avec deux pistes (français/cantonais) mixées en DTS-HD Master Audio 2.0, qui s’accompagneront également de deux mixages DTS-HD Master Audio 5.1. Dans les deux cas, le rendu acoustique est clair et détaillé, et les dialogues toujours parfaitement intelligibles. La spatialisation en mode multicanal est un peu artificielle, mais s’avère tout à fait appréciable sur les scènes de baston.
Du côté des suppléments, en plus des traditionnelles bandes-annonces et du passionnant retour sur la genèse du film proposé dans le Digipack de The Master, on se plongera dans un entretien avec Yuen Wah (16 minutes), qui portait sur le film la double-casquette d’acteur et de chorégraphe des combats. Il reviendra sur son expérience sur le tournage du film, et sur les difficultés à travailler avec les équipes américaines, ce qui a créé de nombreuses tensions sur le plateau. Il évoquera également sa relation avec Jet Li, ainsi que sur son plaisir de jouer un « gentil », alors que le cinéma hongkongais lui confiait alors principalement des rôles de méchant. Intéressant !