Test Blu-ray : Mutant

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Mutant

États-Unis : 1984
Titre original : Night Shadows
Réalisation : John ‘Bud’ Cardos
Scénario : Peter Z. Orton, Michael Jones, John C. Kruize
Acteurs : Wings Hauser, Bo Hopkins, Lee Montgomery
Éditeur : Rimini Éditions
Durée : 1h39
Genre : Fantastique, Horreur, Science-fiction
Date de sortie DVD/BR : 25 mai 2023

Deux frères, Josh et Mike, débarquent pour quelques jours dans une petite ville du Texas. Ils découvrent que de nombreux habitants sont morts récemment ou portés disparus. Lorsque Mike disparaît à son tour, Josh fait équipe avec le shérif local et une institutrice pour le retrouver…

Le film

[3/5]

Véritable rareté de l’ère vidéoclubs, Mutant est un film sorti en 1984 et signé John ‘Bud’ Cardos. Si ce nom vous dit sans doute quelque chose, c’est parce que Cardos est le réalisateur d’un film fantastique très réussi, L’Horrible invasion – un film « culte » mettant en scène William Shatner face à une flopée d’araignées bien décidées à envahir le monde. D’ailleurs, il est également question d’invasion dans Mutant : la jaquette de la VHS annonçait d’ailleurs avec emphase « Cette fois, la plus mortelle menace pour le genre humain ne viendra pas du ciel… »

Car oui, Mutant est un fruit de l’époque bénie du vidéoclub triomphant. Exploité en VHS dans la deuxième moitié des années 80 sous le titre Mutants (au pluriel), sous la bannière de Terror Vidéo, le film de John ‘Bud’ Cardos fait partie de ces films que l’on voyait à l’époque sur les étagères des vidéoclubs, et devant lequel certains d’entre nous sont peut-être passés plusieurs dizaines de fois sans jamais le louer. La faute peut-être à un visuel un peu trop mystérieux pour accrocher le regard…

Quoiqu’il en soit, c’est aujourd’hui l’heure du rattrapage grâce à Rimini Éditions, qui nous propose aujourd’hui de (re)découvrir ce Mutant, qui en l’état s’avère un très sympathique petit hommage aux double-programmes de science-fiction des années 50 qui remplissaient les cinémas américains au lendemain de la deuxième Guerre Mondiale. Fonctionnant presque selon le modèle de ces films de SF évoquant sans en avoir l’air la « menace rouge », Mutant nous propose donc le récit effrayant de la transformation des habitants d’une petite ville du Sud profond des États-Unis en zombies blafards et assoiffés de sang.

Mutant commence donc par la présentation de deux frères, Josh et Mike (Wings Hauser et Lee Montgomery), qui suite à une indélicatesse des gens du coin, débarquent à pied dans une ville ayant toutes les allures d’une ville-fantôme en mode Southern Gothic. A la tombée de la nuit, suite à une série d’événements bizarres, ils finiront par faire équipe avec la barmaid / enseignante locale et se retrouveront mêlés à un mystère lié à des déchets toxiques qui transforment les rednecks du coin en zombies aux visages blancs et aux yeux étrangement enfoncés.

Le look singulier de ces mutants / zomblards, simple mais très réussi, constitue d’ailleurs un des aspects les plus originaux et attachants du film de John ‘Bud’ Cardos : on pourra évidemment voir dans ce type de maquillages un clin d’œil au Carnaval des âmes, le classique du cinéma d’horreur tourné par Herk Harvey en 1962. L’autre originalité de Mutant réside dans la façon dont ces zombies drainent l’énergie de leurs victimes, par le biais de fentes – évoquant curieusement des vagins – situées dans la paume de leurs mains qui suintent d’une substance verte peu ragoutante. Ce liquide aura la particularité de brûler leurs victimes, ce qui nous donnera au final des scènes de meurtres assez similaires à celles du film De si gentils petits monstres (Max Kalmanowicz, 1980), un autre petit classique de l’ère « vidéoclub », qui sera par ailleurs bientôt disponible chez Pulse Vidéo.

Mutant commence à la manière d’un film fantastique, puis au mélange entre horreur et action dans son dernier acte, assez réjouissant dans son genre. Habile metteur en scène, John ‘Bud’ Cardos parvient à créer un véritable suspense dans une poignée de séquences. La musique de Richard Band est par ailleurs très réussie, et parvient à se montrer à la fois énergique et oppressante, ce qui renforce encore la dernière demi-heure du film.

Du côté des acteurs, on saluera en premier lieu la prestation de Wings Hauser, absolument excellente. Surtout connu pour son rôle de psychopathe dans La Descente aux enfers (Gary Sherman, 1982), Wings Hauser passe cette fois du côté des héros, et forme à l’écran un bon binôme avec Lee Montgomery. On notera également la présence de Bo Hopkins, qui retrouve ici un rôle de shérif, mais moins taré que celui qu’il incarnait dans l’excellent La Vengeance aux Tripes (Jack Starrett, 1976), ainsi que celle de Jennifer Warren, que l’on avait pu voir dans La Fugue (Arthur Penn, 1975).

Le Combo Blu-ray + DVD + Livret

[4/5]

Disponible à partir du 25 mai chez Rimini Éditions, le Blu-ray de Mutant débarque dans la collection « Angoisses », la vaste collection de l’éditeur dédiée au cinéma fantastique. Rimini a donc choisi de mettre en avant ce film méconnu, et on ne peut que saluer bien bas ce choix éditorial peu évident. Côté master, on retrouve une copie Haute Définition certes perfectible, mais globalement propre : si certains plans subissent de fortes baisses de définition, dans l’ensemble, le film de John ‘Bud’ Cardos affiche une belle pêche – le grain cinéma a manifestement été lissé mais la définition et le piqué sont satisfaisants. Les plans nocturnes ou en basse lumière rencontrent par moments de petits soucis de contrastes et/ou de pixellisation, mais la redécouverte du film suffira à notre bonheur, surtout si l’on considère que le film était jusqu’ici inédit en DVD en France. Côté son, la version française d’origine côtoie donc la VO, toutes deux en DTS-HD Master Audio 2.0 : les deux proposent des dialogues clairs et sans (trop de) souffle parasite ; on préférera néanmoins la version originale, plus ample et efficace, à la version française, qui souffre par ailleurs d’occasionnelles petites distorsions sonores.

Du côté des suppléments, on ne trouvera rien sur la galette à proprement parler, mais on se régalera de la présence dans le boîtier d’un livret de 24 pages rédigé par l’inusable Marc Toullec et consacré à la carrière de John ‘Bud’ Cardos.

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