Test Blu-ray : May

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May

États-Unis : 2002
Titre original : –
Réalisation : Lucky McKee
Scénario : Lucky McKee
Acteurs : Angela Bettis, Jeremy Sisto, Anna Faris
Éditeur : ESC Éditions
Durée : 1h34
Genre : Drame, Horreur
Date de sortie cinéma : 10 mars 2004
Date de sortie DVD/BR : 6 juin 2025

May travaille dans un cabinet vétérinaire. C’est une jeune fille timide et complexée qui a beaucoup du mal à se faire des amis et dont l’attitude est étrange aux yeux des autres. Elle partage son appartement avec sa seule vraie amie, une poupée que lui a donné sa mère quand elle était petite. Un jour, elle flirte avec un jeune mécanicien intrigué par son attitude. Leur relation ne dure pas longtemps et après d’autres brèves rencontres sans lendemain, May décide de se fabriquer elle-même un amant idéal…

Le film

[4/5]

Véritable petit « classique » de l’horreur du début des années 2000, May a contribué à mettre sur le devant de la scène cinéphile Lucky McKee, scénariste / réalisateur ayant profondément marqué de son empreinte le cinéma fantastique du début du vingt-et-unième siècle, avant de presque totalement disparaître des radars il y a une dizaine d’années. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que la redécouverte de son premier film ne fait qu’accentuer le manque : on aimerait vraiment revoir le cinéaste reprendre la caméra afin de replonger le public dans son univers à la fois drôle et morbide.

Conçu comme une relecture moderne du mythe de Frankenstein, May suit la trajectoire contrariée d’une femme solitaire et marginale, interprétée avec un justesse absolue par Angela Bettis, dans sa quête désespérée afin de nouer des liens sociaux avec son entourage dans une ère pré-réseaux où seules comptaient les interactions « réelles ». Puissant, étrange, drôle et mélancolique, May nous proposait une réflexion sur les effets de l’ostracisme et de la solitude, agrémentée de généreuses doses d’effets gore, s’accentuant au fur et à mesure que s’effrite l’attachement à la réalité de son attachante héroïne. Plus de vingt ans après sa sortie, le premier film de Lucky McKee n’a rien perdu de sa force, et conserve toutes les qualités qui avaient été relevées par notre chroniqueur Julien Mathon dans sa critique du film, dont vous trouverez ci-dessous quelques morceaux choisis.

« La grande réussite de May réside dans son scénario très psychologique et truffé de détails qui nous plongent dans l’univers franchement décalé de cette héroïne plus qu’étrange. L’histoire est écrite avec une précision déroutante, chaque détail de l’existence de cette jeune femme est méticuleusement expliqué, nous offrant un personnage étrange, inquiétant mais terriblement attachant. May, c’est d’abord l’histoire personnelle de son scénariste Lucky McKee qui avoue avoir écrit un scénario semi-autobiographique. Le personnage de May est parfaitement construit, tant au niveau de sa vie actuelle, que l’on suit avec plaisir, que de son enfance, résumée ici pour nous permettre de mieux comprendre cette personnalité atypique. Les autres personnages qui gravitent autour de May ont chacun leur petite bizarrerie, à l’image de sa collègue lesbienne franchement nymphomane ou encore de son premier amour Adam, fan de gore et d’histoires sanglantes. Le petit monde qui gravite autour de May semble avoir ses névroses. Celles-ci permettent de rendre plus humain le personnage principal.

Malgré cela on trouvera dans May quelques défauts, à l’instar d’une réalisation correcte mais qui souffre de quelques temps morts. Il faudra attendre une heure avant de véritablement voir un film d’horreur, la première partie étant résolument tournée vers le drame sentimental, ce qui pourrait décourager les puristes venus assister à un film d’horreur classique. Mais tout ceci semblait nécessaire pour nous offrir un final que le spectateur désire honteusement. La montée en puissance de la démence est habilement menée, de plus on est forcé d’éprouver de l’empathie pour cette jeune femme et on se surprend à espérer, à attendre sadiquement une vengeance aussi dure que les épreuves qu’a endurées May. (…) En résumé, May est un conte horrifique délicieux. Une drame sentimental, proche d’une tragédie humaine qui se transforme progressivement en un revenge movie jubilatoire. »

Le Combo Blu-ray + DVD + Livret

[4,5/5]

Jusqu’ici totalement inédit en France au format Blu-ray, May s’offre aujourd’hui une prestigieuse édition Collector chez ESC Éditions. Et le premier film de Lucky McKee affiche pour l’occasion ses plus beaux atours : il s’offre même carrément un Combo Blu-ray + DVD + Livret prenant la forme d’un Digipack trois volets surmonté d’un fourreau et accompagné d’un poster du film. Côté master, May a fait l’objet d’une belle restauration, et le résultat est à la hauteur de nos attentes : l’image a été débarrassée de toute tache ou poussière, le tout est d’une stabilité impeccable, et la définition et le piqué sont littéralement excellents. La douce photo de Steve Yedlin est parfaitement respectée, la palette colorimétrique est d’une belle richesse, et la tenue des noirs ne faiblit jamais. Le transfert respecte par ailleurs à la lettre le grain argentique du film, et l’encodage ne nous réserve aucune mauvaise surprise. Du très beau travail. Côté son, les deux mixages (VF/VO) encodés en DTS-HD Master Audio 5.1 proposent des dialogues dynamiques et bien équilibrés. Si la spatialisation est discrète, les ambiances sont restituées de façon impressionnante, renforçant clairement l’impact des séquences les plus barrées et marquantes du film.

Côté suppléments, ESC a réuni une partie des bonus présents sur l’édition britannique du film, sortie en 2023. On commencera logiquement avec un commentaire audio du réalisateur Lucky McKee (VOST). Il s’agit d’une piste détendue et informative, plutôt bavarde d’ailleurs, ce qui s’explique par le fait que le scénariste / réalisateur y est accompagné de son directeur de la photographie Steve Yedlin, d’un des monteurs de May Chris Sivertson, de son actrice principale Angela Bettis, ainsi que de deux autres acteurs du film, à savoir Nichole Hiltz, qui interprète Ambrosia alias « Belles gambettes », et Bret Roberts, qui joue le gars que l’on croise chez le vétérinaire, et dont le chien a perdu une patte. On poursuivra ensuite par un entretien avec Lucky McKee (25 minutes). Le scénariste / réalisateur y évoque ses études de cinéma à l’USC, et les liens très forts qui s’étaient créés entre les différents étudiants de sa promo (parmi lesquels on trouve le nom d’un certain Rian Johnson). Il reviendra également sur la genèse de May par le biais d’un court-métrage qui reprendrait, dans les grandes lignes, l’intrigue de son premier long. Il évoquera également le casting du film, l’évidence autour de la prestation d’Angela Bettis, et les scènes qu’il a décidé d’écarter du montage final, et qui revenaient en partie sur la relation qu’entretenait May avec son père. On continuera ensuite avec un entretien avec Jeremy Sisto (11 minutes). L’acteur, que l’on avait pu voir dans les salles à peu près à la même époque dans l’excellent Détour mortel, évoquera naturellement sa collaboration avec Lucky McKee ainsi que sur son expérience avec les acteurs Angela Bettis, James Duval et Anna Faris. Il reviendra également l’engouement des fans d’horreur pour le film. On embrayera ensuite avec un making of d’époque (15 minutes), composé d’images volées sur le tournage de May, notamment sur la scène de la laverie, et nous offrant un aperçu amusant des acteurs et de l’équipe au travail. On terminera enfin avec un essai vidéo de Miranda Corcoran (21 minutes), qui reviendra sur les liens entre May et l’histoire de Frankenstein de Mary Shelley et analysera, de façon très détaillée et intéressante, la façon dont Lucky McKee s’est approprié cette histoire de solitude et de désir. On notera également la présence de la traditionnelle bande-annonce du film.

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