Les Fous du Stade
France : 1972
Titre original : –
Réalisation : Claude Zidi
Scénario : Claude Zidi, Jacques Fansten
Acteurs : Les Charlots, Paul Préboist, Martine Kelly
Éditeur : Pathé
Durée : 1h28
Genre : Comédie
Date de sortie cinéma : 22 septembre 1972
Date de sortie DVD/BR : 25 juin 2025
Graveson, un charmant petit village du Midi de la France, avec ses joueurs de pétanque dont l’accent fleure bon la Provence. Quatre amis farfelus en camping sauvage aux abords du village se retrouvent mêlés à l’organisation d’une compétition sportive et doivent faire face à une série de mésaventures rocambolesques, entre quiproquos, gags absurdes et courses-poursuites…
Le film
[4/5]
De nos jours, on se souvient assez peu des Charlots, groupe de musiciens et humoristes formé en 1966, et composé de Gérard Rinaldi, Gérard Filippelli, Jean Sarrus, Jean-Guy Fechner et Luis Rego. Pourtant, on peut dire que leur succès fut fracassant. Dans la musique tout d’abord : après avoir assuré, dans la deuxième moitié des années 60, les premières parties de Johnny Hallyday ou de Claude François, ils multiplieraient les succès et les concerts pendant de nombreuses années. Bénéficiant d’une popularité hors normes dans les années 70 et 80, les Charlots deviendraient même l’un des deux groupes français – avec Téléphone – à avoir assuré la première partie d’un concert des Rolling Stones. Soucieux de diversifier leurs activités, après la musique et la télévision, les Charlots se lanceraient également dans le cinéma au tournant des années 70. Leur collaboration de quatre ans / quatre films avec le cinéaste Claude Zidi marque probablement le sommet de leur carrière en tant que groupe : ils réuniraient ainsi 7,4 millions de français dans les salles avec Les Bidasses en Folie en 1971, 5,7 millions avec Les Fous du Stade en 1972, 3,9 millions avec Le Grand bazar en 1973 et 4,1 millions avec Les Bidasses s’en vont en guerre en 1974.
Les Fous du stade, qui vient juste de sortir au format Blu-ray en version restaurée, est le troisième film mettant en scène les Charlots. Il s’agit de la deuxième collaboration du groupe avec Claude Zidi, et déjà, on peut noter quelques remaniements au sein du collectif de jeunes gens : Luis Rego a en effet décidé de quitter le groupe en 1971, craignant que sa notoriété ne reste éternellement associée au nom des Charlots. Malheureusement pour lui, ce départ ne l’empêchera pas d’être catalogué « Charlots » durant toute sa carrière de comédien, et il semble qu’il finira par se faire une raison, puisqu’il apparaîtra à nouveau dans certains des films du groupe durant les décennies suivantes : on le reverrait en effet dans Le Retour des bidasses en folie en 1983, puis dans Le Retour des Charlots en 1992. Pour le reste, le concept « Charlots » demeure le même, avec ou sans Luis Rego, et la construction narrative des Fous du stade restera grosso modo la même que celle des films précédents, à savoir un enchaînement de saynètes décousues, basées sur groupe de jeunes gens embringués dans une situation rocambolesque.
En gros, il s’agit d’un concept très inspiré par les films des Beatles : les Charlots y interprètent leurs propres rôles, ou du moins une version volontairement très « enfantine » d’eux-mêmes, à la différence que contrairement aux Beatles, qui s’étaient construits des personnages de grands dadais plutôt niais, les musiciens français se représentent comme de vrais sales gosses, toujours enclins à tirer sur le maire avec leur lance-pierres ou à utiliser un bâton pour soulever les jupes des filles. Attention cela dit : ce sont des garnements, mais en aucun cas ce que l’on appelait des « loubards » : s’ils défient constamment l’autorité, c’est pour s’amuser dans un esprit post-soixante-huitard, et ils le font avec une attitude bon enfant, sans jamais faire de mal à autrui. Les Fous du stade développe vraiment cette idée : le film de Claude Zidi enchaîne les sketches saugrenus et les séquences absurdes dans la joie et la bonne humeur.
Par ailleurs, Les Fous du stade est mis en scène de façon volontairement cartoonesque, à la façon d’une enfilade de dessins animés en mode Looney Tunes. Il n’y aurait ainsi rien d’étonnant à voir un des membres de Charlots se faire aplatir par un rouleau compresseur et revenir la séquence suivante avec un simple pansement sur la tête : tout le film est basé sur l’humour visuel, ainsi que sur les performances burlesques des quatre amuseurs publics. De fait, les gags s’enchaînent avec plus ou moins de réussite tout au long du film, avec un sens de l’absurde et une appétence pour foutre le bordel qui rappellent parfois les films de Buster Keaton. Un excellent moment !
Le Blu-ray
[5/5]
Grand défenseur du cinéma populaire hexagonal, Pathé nous démontre avec ce Combo Blu-ray + DVD des Fous du stade à quel point il peut être touche-à-tout, le film de Claude Zidi n’ayant en effet rien à voir avec le grand cinéma de « patrimoine » que l’éditeur défend également avec régularité (et pour notre plus grand plaisir). Les Fous du stade est donc ce mois-ci officiellement rattaché à la collection « Version restaurée par Pathé », et on se félicite de voir une comédie populaire telle que celle-ci intégrer les rangs de la collection.
Côté Blu-ray, Les Fous du stade bénéficie d’un très bel upgrade Haute-Définition : le film a été restauré, et le master est de toute beauté. Le format a été respecté, la stabilité de l’ensemble est très satisfaisante et le tout s’impose comme très propre ; le grain d’origine est préservé, les couleurs sont extraordinaires, la définition et le piqué sont d’une parfaite finesse, bref, c’est du très beau travail. Du côté des pistes son, le film nous est proposée en DTS-HD Master Audio 2.0 mono d’origine : les dialogues sont clairs, la musique et les ambiances ont été bien préservées, c’est parfait.
Mais en plus d’être un bel objet, le coffret « Version restaurée par Pathé » des Fous du stade nous propose s deux petits suppléments indispensables : on trouvera tout d’abord la traditionnelle bande-annonce, à laquelle viendra s’ajouter une présentation du film par Vincent Chapeau (23 minutes). Ce dernier y reviendra sur la rencontre de Claude Zidi et des Charlots sur le tournage de La Grande java, avant d’aborder le contexte de tournage du film et son immense succès dans les salles obscures.