Test Blu-ray : La Vie, l’amour… les vaches

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La Vie, l’amour… les vaches

États-Unis : 1991
Titre original : City Slickers
Réalisation : Ron Underwood
Scénario : Lowell Ganz, Babaloo Mandel
Acteurs : Billy Crystal, Daniel Stern, Bruno Kirby
Éditeur : Bubbel Pop’ Edition
Durée : 1h54
Genre : Comédie, Western, Aventure
Date de sortie cinéma : 4 septembre 1991
Date de sortie DVD/BR : 29 octobre 2025

À 39 ans, Mitch en a assez de sa vie trépidante de New Yorkais. Il est sur le point de sombre dans la déprime quand Ed et Phil, ses deux meilleurs amis, lui proposent un voyage à travers l’Ouest sauvage. Un beau matin, les trois amis débarquent au Nouveau-Mexique dans un ranch perdu. Accompagnés par une bande de cow-boys loufoques et d’un vieil homme, la petite bande a pour mission de conduire un troupeau de bétail jusqu’au Colorado. L’aventure, la vraie, va enfin commencer… et elle ne va pas être triste !

Le film

[4/5]

Il y a des films qui arrivent comme des vaches dans un couloir d’abattoir : sans prévenir, avec un regard doux et une démarche bancale, mais qui finissent par vous piétiner le cœur. La Vie, l’amour… les vaches, réalisé par Ron Underwood en 1991, fait partie de ces comédies qu’on croyait définitivement rangées au rayon des petits classiques injustement oubliés mais qui, à la faveur d’une restauration HD et d’un retour critique bien senti sur votre site préféré, retrouvent aujourd’hui une vigueur insoupçonnée. Le film, porté par Billy Crystal, Daniel Stern et Bruno Kirby, n’est pas juste une virée de citadins dans l’Ouest américain : c’est une ode à l’amitié masculine, à la crise de la quarantaine, et à la beauté d’un troupeau bien mené. Alors, oui : ça parle de vaches. Mais pas que.

La Vie, l’amour… les vaches commence comme une comédie urbaine classique : Mitch, Phil et Ed, trois potes englués dans leur routine new-yorkaise, décident de s’offrir une parenthèse virile en participant à une transhumance dans le Nouveau-Mexique. L’idée est simple : conduire un troupeau de bétail jusqu’au Colorado, histoire de se reconnecter à la nature, à eux-mêmes, et à leurs testicules. Mais ce qui aurait pu tourner à l’enfilade de sketches en mode Saturday Night Live prend une direction tout à fait inattendue, et se transforme rapidement en récit initiatique, où les paysages grandioses servent de toile de fond à une introspection douce-amère. De fait, le film ne cherche pas à faire rire à tout prix, et développe tout au long de son intrigue une justesse assez inattendue.

Ce qui frappe peut-être le plus dans La Vie, l’amour… les vaches, c’est la justesse des relations qui unissent les trois hommes. Pas de bromance forcée, pas de punchlines à la chaîne, mais une vraie alchimie, faite de silences, de regards, et de petites humiliations bien placées. Billy Crystal, en citadin au bord de la dépression, livre une performance nuancée, entre sarcasme et fragilité. Daniel Stern, en père dépassé, apporte une touche de chaos tendre, tandis que Bruno Kirby, en macho sensible, complète le trio avec une élégance inattendue. Le film capte avec finesse les micro-tensions, les non-dits, les moments de bascule. On pense parfois à Stand by Me, à Les Copains d’abord, voire même à Un été en Louisiane pour cette manière de mêler humour et mélancolie sans jamais sombrer dans le pathos.

Mais La Vie, l’amour… les vaches est aussi, à sa manière, un western revisité. Le personnage de Curly (Jack Palance), incarne ainsi le cow-boy ultime, celui qu’on croise dans les rêves de Clint Eastwood et les fantasmes de vieilles dames en manque de virilité. Sa présence magnétique, son regard de fauve fatigué, et sa manière de mâcher les mots comme des chewing-gums périmés donnent au film une dimension mythologique. Jack Palance ne joue pas, il EST Curly – c’est d’ailleurs sans doute pour cette raison qu’il a décroché l’Oscar du meilleur second rôle pour ce film, dans un élan de reconnaissance tardive mais méritée. Le plus fort, c’est la déférence de Ron Underwood vis-à-vis du western : loin de nous proposer un simple « pastiche » du genre, il le revisite au contraire avec sincérité et tendresse, à la manière d’un enfant qui rejoue Rio Bravo avec ses Playmobil.

Dans cette optique, la mise en scène de Ron Underwood, sobre et efficace, privilégie les plans larges, les panoramas majestueux, et les mouvements de caméra discrets mais précis. Le montage est fluide, la photographie flatte les paysages sans tomber dans la carte postale, et la musique de Marc Shaiman accompagne le récit sans l’envahir. En deux mots comme en cent, on a toujours adoré La Vie, l’amour… les vaches, et la redécouverte du film presque trente-cinq ans après sa sortie ne fait que confirmer que cette comédie sincère et sans prétention s’avère une immense réussite. Et ça, même les cinéphiles plus snobs ne pourront que l’admettre, entre deux gorgées de kombucha tiède.

Le Blu-ray

[4/5]

L’édition Blu-ray de La Vie, l’amour… les vaches, éditée par Bubbel Pop’ Édition, est une surprise assez inespérée pour les amoureux du film de Ron Underwood. On notera par ailleurs la classe du packaging, le boîtier Scanavo avec sur-étui ajoutant à l’objet une touche « collection » qui fera plaisir aux fétichistes du plastique bien moulé. Coté galette, le nouveau master restauré nous offre une image Haute-Définition propre, stable, et respectueuse du grain d’origine. Les scènes en extérieur, baignées de lumière naturelle, retrouvent leur éclat, avec des couleurs chaudes et des contrastes bien équilibrés. Les détails des visages, des costumes et des paysages ressortent avec une netteté bienvenue, sans lissage excessif ni artefacts gênants. Les pistes son ne sont pas en reste : le mixage VO en DTS-HD Master Audio 5.1 nous propose une spatialisation ample et immersive, avec une belle gestion des ambiances rurales et des dialogues. La VF, disponible en DTS-HD Master Audio 5.1 et en DTS-HD Master Audio 2.0 d’origine, s’en sort honorablement, avec une clarté appréciable et une dynamique correcte. La version française est très réussie et agréable, notamment grâce à un doublage soigné et fidèle à l’esprit du film, mais on privilégiera sans doute la version originale, plus nuancée et mieux équilibrée.

Dans la section suppléments, on trouvera tout d’abord un intéressant making of rétrospectif (29 minutes) revient sur la genèse du film, avec des interviews de l’équipe et des anecdotes savoureuses. On aura ensuite droit à un sujet consacré au scénario du film (21 minutes), qui explorera le travail des deux scénaristes, Lowell Ganz et Babaloo Mandel, et on continuera avec un sujet dédié à Norman le veau (6 minutes), la vraie révélation star du film. Deux scènes coupées (3 minutes), présentées par l’équipe, viennent compléter le tableau. Mais fidèle à ses excellentes habitudes éditoriales, Bubbel Pop’ Édition nous propose également une poignée de suppléments inédits et made in France. On commencera avec un focus sur la carrière de Jack Palance (20 minutes), signé Yves Chevalier qui reviendra sur la carrière de l’acteur, ses rôles marquants, et son impact sur le film. On trouvera également une analyse du film par Jacques Demange (10 minutes), entre hommage au western et réflexion sur la masculinité en crise, et on se régalera du livret de 28 pages signé Christophe Lemaire, qui complète l’ensemble avec élégance et humour, offrant une plongée érudite mais accessible dans l’univers du film. Une édition généreuse, soignée, et indispensable pour les amateurs de vaches, de cow-boys, et de crises existentielles bien filmées.

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