Test Blu-ray : Carnage

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Carnage

 
États-Unis : 1981
Titre original : The burning
Réalisateur : Tony Maylam
Scénario : Peter Lawrence, Bob Weinstein
Acteurs : Brian Matthews, Leah Ayres, Brian Backer
Éditeur : Rimini Éditions
Durée : 1h31
Genre : Horreur
Date de sortie cinéma : 28 avril 1982
Date de sortie DVD/BR : 8 décembre 2016

 

 

Lors d’un camp de vacances, des adolescents décident de faire une blague à leur moniteur Cropsy, qu’ils jugent peu sympathique. Mais la farce tourne mal, et le moniteur est très sévèrement brûlé. Cinq ans plus tard, sa soif de vengeance est intacte et Cropsy retourne sur les lieux du drame, où un nouveau camp de vacances est installé…

 

 

Le film

 

En 1980, avec Vendredi 13, Sean S. Cunningham posait les bases du genre slasher avec un succès tel que les spectateurs des années 80 seraient très rapidement confrontés à une véritable déferlante de « copies » du film, prenant plus ou moins de distances avec leur modèle, la plupart se calquant d’avantage sur Le tueur du Vendredi, deuxième opus de la saga Vendredi 13, réalisé en 1981 par Steve Miner, qui introduisait pour la première fois le personnage de Jason Voorhees, boogeyman invulnérable hérité du Halloween de John Carpenter.

Carnage a cependant la particularité notable d’être sorti dans les salles américaines une semaine après Le tueur du Vendredi : les tournages des deux films s’étant probablement déroulés de façon simultanée, on ne peut donc logiquement pas accuser les frères Weinstein, qui se cachent derrière la production et le scénario du film, de s’être inspirés du film de Miner pour la création du personnage de Cropsy, leur boogeyman évoquant pourtant fortement Jason – un faciès horriblement brûlé en lieu et place du masque de hockey (qui d’ailleurs n’arriverait que plus tard).

Si l’on met de côté le fait que dans Carnage, le spectateur sache d’entrée de jeu qui est le tueur et quelles sont ses motivations, le film réalisé par Tony Maylam est comparable en tous points aux films de la saga Vendredi 13 : les deux films se déroulent dans des camps de vacances pour jeunes gens jouxtant un lac, les enjeux sont très similaires, et le rythme du métrage, qui enchaine avec régularité les scènes olé-olé et les scènes de meurtres sanglants, sont également calqués sur le même modèle. Même les personnages eux-mêmes semblent tous sortis du même moule, quoique peut-être un poil moins caricaturaux dans Carnage : le scénario est en effet suffisamment malin pour retourner rapidement la situation classique opposant Glazer, le grand costaud quarterback et intellectuellement limité, qui martyrise Alfred, le petit boutonneux complexé. Ainsi Glazer est-il vite tourné en ridicule, que cela soit par rapport aux figures d’autorité du camp, par ses camarades (les geeks reprennent vite le dessus en lui tirant un plomb dans le cul) ou même par l’objet de son désir (quand il arrive à ses fins avec Sally -Carrick Glenn- la mise en scène ne lui fait pas de cadeaux en le présentant comme un éjaculateur précoce). Comme dans Vendredi 13, l’ensemble des préoccupations des ados (et la plupart des dialogues) tournent, avec plus ou moins de réussite dans l’écriture, autour de leur sexualité naissante, et enfin, d’un point de vue purement formel, la réalisation de Tony Maylam est à l’image de celle de Cunningham purement fonctionnelle, modeste et sans artifice, visant surtout à l’exposition claire des effets spéciaux et maquillages sanglants du mythique Tom Savini, également à l’œuvre sur le premier Vendredi 13 (et qui reviendrait exercer son Art en 1984 sur Vendredi 13 : Chapitre final, sans doute le meilleur épisode de la saga).

Néanmoins, le charme opère, les personnages sont attachants, les meurtres bien graphiques et dans l’ensemble, la « copie » se révèle franchement meilleure que l’original : Carnage se place en effet quelques bonnes coudées au-dessus de la plupart des films de la saga Vendredi 13 – seuls quelques films de la saga initiée par Cunningham se révéleront supérieurs au film de Tony Maylam, parce qu’ils se permettront occasionnellement de verser plus franchement dans le craspec (Vendredi 13 : Chapitre final), l’humour iconoclaste (Jason le mort-vivant) ou le nawak intégral (Jason va en enfer).

En deux mots comme en cent, Carnage est parfaitement représentatif de cette ambiance particulière que les nostalgiques retrouvent telle quelle qu’au sein de l’immense vague de slashers ayant inondé les années 80. Faisant déjà preuve d’un certain recul quant aux « passages obligés » du genre qui se verraient largement moqués / parodiés durant la décennie suivante, le film de Tony Maylam demeure encore aujourd’hui un bon petit divertissement old school et tout à fait plaisant.

 

 

Le Blu-ray

 

Inédit en France depuis son exploitation sur support VHS il y a une trentaine d’années chez Super Video Productions, Carnage arrive donc aujourd’hui dans un superbe Combo Blu-ray / DVD contenant également un livret de 12 pages signé Marc Toullec, rescapé de la « grande époque » de Mad Movies, le tout s’affichant fièrement sous les couleurs de Rimini Éditions. Les galettes sont présentées dans un joli digipack cartonné, ce qui dénote d’une volonté forte de la part de l’éditeur d’offrir au consommateur un bel objet « collector » et de mettre en avant ce film méconnu (et longtemps invisible) de Tony Maylam.

Côté master, la définition ne pose pas de problème, le piqué est précis, les couleurs sont chaudes et naturelles, mais le grain cinéma a complètement disparu après la restauration : dommage, surtout si l’on considère que cette granulation un peu « roots » fait partie intégrante du charme de ces bandes horrifiques des années 80. En revanche, quelques semaines après Tire encore si tu peux, l’éditeur a à nouveau fait le (bon) choix d’opter pour un encodage en 1080p respectant le défilement cinéma, et on l’en félicite chaleureusement. Côté son, la version française d’origine côtoie donc la V.O, toutes deux en DTS-HD Master Audio 2.0 : les deux proposent des dialogues clairs, mais on préférera néanmoins la version originale, plus ample et efficace, d’autant que la VF souffre selon les séquences d’un souffle plus ou moins présent.

Du côté des suppléments, et outre le riche livret signé Marc Toullec, on trouvera sur la galette trois modules d’entretiens avec des membres de l’équipe du film, formant un intéressant making of rétroactif : on commencera avec une interview de Lou David, interprète de Cropsy, qui évoque notamment ses regrets de n’avoir pas tourné de suite au film. Jack Sholder, monteur du film, surprendra à coup sûr le spectateur en révélant qu’il n’aime pas trop les films d’horreur, ses goûts se portant d’avantage vers François Truffaut, Jean Renoir ou R.W. Fassbinder – voilà qui n’est pas forcément flagrant à priori, surtout en regard de sa filmographie en tant que metteur en scène, comptant d’efficaces séries B telles que Hidden, Wishmaster 2 ou encore Arachnid… Enfin, on terminera avec un entretien avec Leah Ayres Ayres (actrice), qui évoque son parcours de la danse au cinéma et se remémore le tournage aux côtés d’une horde de jeunes acteurs aux hormones en ébullition.

 

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