Test Blu-ray 4K Ultra HD : The Rocky Horror Picture Show

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The Rocky Horror Picture Show

Royaume-Uni, États-Unis : 1975
Titre original : –
Réalisation : Jim Sharman
Scénario : Richard O’Brien, Jim Sharman
Acteurs : Tim Curry, Susan Sarandon, Barry Bostwick
Éditeur : 20th Century Studios
Genre : Comédie musicale
Durée : 1h40
Date de sortie cinéma : 14 avril 1976
Date de sortie DVD/BR/4K : 29 octobre 2025

Une nuit d’orage, la voiture de Janet et Brad, un couple coincé qui vient de se fiancer, tombe en panne. Obligés de se réfugier dans un mystérieux château, ils vont faire la rencontre de ses occupants pour le moins bizarres, qui se livrent à de bien étranges expériences…

Le film

[5/5]

Le cinéma des années 70 n’a jamais cessé de surprendre, et The Rocky Horror Picture Show reste l’un de ses monuments les plus insolents. Contrairement à ce que beaucoup semblent penser aujourd’hui, ce musical de Jim Sharman, adapté de la pièce de Richard O’Brien, ne se contentait pas de provoquer le bourgeois : il inventait une nouvelle manière de vivre le cinéma, entre spectacle, rituel et fête collective. Dans un monde où tout le monde parle aujourd’hui de culture pop, de cosplay – en mode Halloween ou pas – comme des tendances incontournables, il est amusant de constater que The Rocky Horror Picture Show avait déjà anticipé tout cela, en transformant la salle obscure en un véritable terrain de jeu interactif, avec ses costumes, ses codes, ses chants, ses rengaines.

Ce qui rend The Rocky Horror Picture Show si unique, c’est – entre autres – sa capacité à articuler la frivolité et la profondeur. Derrière les bas-résille de Frank-N-Furter et les chorégraphies du « Time Warp », le film interroge évidemment les normes sociales, la fluidité des genres et la puissance du désir. Brad et Janet, couple modèle à l’ancienne façon publicité pour dentifrice, se retrouvent ainsi aspirés dans un univers où tous leurs repères explosent. Le château devient une métaphore du chaos joyeux, une sorte de multivers avant l’heure, où tout est possible, où l’endroit côtoie l’envers dans une espèce de 69 perpétuel. Cinquante ans après sa sortie, The Rocky Horror Picture Show rejoint des débats plus que jamais contemporains sur l’identité de genre et la liberté, tout en restant une comédie musicale délirante.

Sur le plan formel, The Rocky Horror Picture Show est un collage jubilatoire. Jim Sharman cite les films de science-fiction des années 50, détourne les codes de l’horreur gothique et joue avec les musicals hollywoodiens. La caméra multiplie les plans frontaux, accentuant la dimension théâtrale, mais sait aussi se faire complice, en s’attardant sur les maquillages outranciers ou les costumes extravagants. On pourrait rapprocher The Rocky Horror Picture Show de Phantom of the Paradise (Brian De Palma, 1974), qui explorait lui aussi la fusion entre musique et fantastique. Mais là où De Palma restait baroque, Sharman assume quant à lui le kitsch, le mauvais goût, et en fait une arme de séduction massive. Ainsi, le film ne recule devant aucune blague douteuse, aucun sous-entendu sexuel, aucune métaphore improbable. On y trouve des répliques qui feraient rougir une grand-mère, et des situations qui semblent sorties d’un rêve érotique écrit par un étudiant en pleine soirée Erasmus. Mais derrière cette vulgarité assumée, il y a une intelligence réelle : l’humour sert à désamorcer les tabous, à rendre la transgression joyeuse plutôt que menaçante.

De cette façon, The Rocky Horror Picture Show transforme le rire en arme politique, en outil de libération. Et si certains critiques ont pu reprocher au film son côté « potache », il faut reconnaître qu’il a su transformer le scandale en culte, et ce en raison de la dimension « collective » qu’a rapidement pris le film de Jim Sharman. Contrairement à la plupart des films, celui-ci ne se consomme pas seul, mais se vit en groupe, dans une salle où l’on chante, où l’on danse, où l’on répond aux dialogues. Le film est devenu une messe païenne, une sorte de « festival » permanent où chacun peut exprimer sa différence. Cette dimension participative est sans doute la clé de son succès : The Rocky Horror Picture Show n’est pas seulement un film, c’est une expérience, une communauté, un espace de liberté. Et on le répète : si les concerts et le cosplay font aujourd’hui largement partie des tendances mainstream répertoriées sur TikTok, il est amusant de constater que le film de Jim Sharman jouait déjà sur les mêmes codes il y a cinquante ans. Comme quoi rien ne change jamais vraiment !

Le Blu-ray 4K Ultra HD

[4/5]

Le Blu-ray 4K Ultra HD de The Rocky Horror Picture Show, édité par 20th Century Studios, propose une restauration issue d’un scan des négatifs originaux en 35 mm. L’image, présentée en HDR10 et Dolby Vision, bénéficie d’une compression maitrisée. Curieusement, le film nous est proposé au format 1.66:1, ce qui ne respecte pas le format 1.85:1 de projection, mais il s’agit d’un format « open matte », sans bandes noires, comme peut le laisser deviner la présence d’un micro au-dessus des acteurs durant la scène du mariage. Le rendu global reste d’ailleurs tout à fait convaincant : le grain argentique est homogène et naturel, offrant une texture fidèle à l’époque. Les détails sur les visages, notamment les maquillages outranciers, sont magnifiés, et les costumes en cuir ou en résille gagnent en précision. Les décors du laboratoire, avec leurs teintes violettes et rouges, apparaissent cependant un peu ternes, les noirs sont parfois bouchés, et certaines scènes en basse luminosité manquent de lisibilité. Malgré ces réserves, le Blu-ray 4K Ultra HD de The Rocky Horror Picture Show offre un gain de définition indéniable par rapport aux éditions précédentes, et permet de redécouvrir le film dans des conditions proches de celles de sa sortie. Côté son, on aura droit à une piste anglaise en Dolby Atmos (avec un « core » Dolby TrueHD 7.1), ainsi qu’une piste Dolby Digital 2.0 mono. Le mixage Atmos est très satisfaisant, avec des dialogues clairs et des chansons bien mises en valeur. Les effets météorologiques, comme les éclairs, bénéficient d’une spatialisation immersive, mais l’ensemble reste assez sage pour une piste Atmos. Le canal LFE est bien exploité, notamment lors des chansons cultes comme « Time Warp ». Le choix d’inclure la piste mono originale est particulièrement appréciable, puisqu’il permet de retrouver l’expérience sonore d’époque. En deux mots comme en cent, ce Blu-ray 4K Ultra HD de The Rocky Horror Picture Show ne fait pas dans la démonstration technique, mais il offre une restitution fidèle et agréable, qui met en valeur les qualités musicales du film.

Les suppléments du Blu-ray 4K Ultra HD de The Rocky Horror Picture Show sont nombreux et variés. Parmi les nouveautés, on trouve la piste bonus « 50 ans et toujours vivant », qui propose des sous-titres revenant sur la création du film, son casting et ses acteurs. La piste de rappel vintage permet de vivre une expérience interactive, avec des commentaires écrits correspondant à ce que le public de fans crie et/ou chante lors des représentations du film. La version karaoké du film offre la possibilité de chanter soi-même les vingt numéros musicaux. Les bonus anciens sont également présents : on commencera avec le commentaire audio de Richard O’Brien et Patricia Quinn, toujours aussi savoureux, où les deux complices se remémorent anecdotes et fous rires. Sur le Blu-ray, on trouvera également la version alternative avec ouverture en noir et blanc, une curiosité intéressante construite comme Le Magicien d’Oz avec un basculement en couleur au moment du « Time Warp ». On continuera ensuite avec une chanson supprimée intitulée « Once in a While » (3 minutes), puis avec un bêtisier (10 minutes) qui montre l’ambiance délirante du tournage. On trouvera aussi un générique de fin alternatif (4 minutes), une coquille amusante sur le générique (2 minutes), et surtout un making of rétrospectif (36 minutes), réalisé en 1995, qui revient en détail sur la genèse et la postérité du film. Ce documentaire, bien que daté, reste passionnant, et permet de comprendre comment une œuvre marginale est devenue un phénomène culturel mondial. Enfin, le clip vidéo « The Time Warp » (4 minutes) et un extrait d’une représentation au Beacon Theater de New York pour le 10ème anniversaire du film (5 minutes) complètent un ensemble déjà copieux.

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