Livre : Un monde parfait selon Ghibli

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Titre : Un monde parfait selon Ghibli

Auteur : Alexandre Mathis

Editeur : Playlist Society

Date de publication : 25 septembre 2018

Nombre de pages : 176

Format : 14×18,3

Prix : 14 euros

 

Nombre de livres des éditions Playlist Society sont consacrés à des réalisateurs, exception faite des opus sur Mad Men et sur le Nouveau cinéma argentin. Cette année, après Christopher Nolan d’un côté, Tony et Ridley Scott de l’autre, c’est un studio qui est à l’honneur dans ces petits essais aux tranches colorées. Un studio qui a bercé beaucoup d’enfances, tout en ayant une portée poétique touchant tous les âges : Ghibli. En une trentaine d’années, le studio avec le nom d’avion – comme on l’apprend dans les pages du livre – et le profil de Totoro aura mis en scène une vingtaine de long-métrages, et tout autant de courts-métrages, contes parfois cruels mais toujours touchants de monde idéaux.

Si c’est le studio qui est à l’honneur, c’est dans les faits en grande partie le travail de deux hommes qui intéresse Alexandre Mathis (entre autres collaborateur à Revus et corrigés) : Isao Takahata et Hayao Miyazaki. L’un nous a quitté récemment, l’autre repousse indéfiniment sa retraite mais est bientôt octogénaire. Ainsi, bien qu’ils ne soient pas les seuls réalisateurs du studio, ils en sont le cœur, et en filigrane l’auteur s’interroge à ce que va devenir Ghibli sans eux … Cependant, s’ils sont logiquement mis en avant de par leur importance cruciale au sein du studio, Alexandre Mathis essaie de brosser un panorama large de la filmographie du studio, en accordant autant de soin aux œuvres les plus populaires qu’à celles plus confidentielles, comme nous le prouve la description émue du générique de Gouttes à gouttes. Joe Hisashi, compositeur indissociable des films de Miyazaki, n’est pas oublié, mais peut être qu’un livre entier serait à lui consacrer !

Ce n’est cependant pas un bilan avant fermeture que nous propose Alexandre Mathis en ces pages, bien au contraire. Après un historique du studio, des premiers échecs à la consécration des années 2000 (en passant par l’inattendu succès de Totoro), il s’attache longuement à analyser ce qui fait la force du cinéma de Miyazaki et de Takahata. « Deux approches opposées de mise en scène du réel », comme il nous l’explique, mais complémentaires. Si on ne va pas résumer ici tout le sel de l’analyse, le point qui semble central au studio (et donc aux deux metteurs en scène) est le questionnement de la place de la femme dans le monde. Toute une galerie de personnages féminins complexes sont ainsi mis en scène dans l’intégralité de leurs films, qu’elles soient simple petites filles, déesses, vieilles sorcières, princesses ou forgeronnes. L’objectif du studio serait d’ailleurs de « savoir créer un cadre [amoureux, amical, familial, sociétal …] solide tout en favorisant l’émancipation de chaque individu » – une émancipation omniprésente à l’écran, et jusque dans le fonctionnement de Ghibli qu’on apprend rempli de bienveillance envers ses employés. Bien sûr, de nombreux autres thèmes sont abordés, tel l’incontournable portée écologique de nombre de leurs films.

Le Studio Ghibli se caractérise par un idéal pacifiste et anti-autoritaire, écologique, émancipateur à tous les niveaux. Un monde idéal donc, dans lequel on prend grand plaisir à s’immerger dans les pages de ce nouveau livre de Playlist Society : un livre sur un studio à la portée universelle, intemporelle, et donc incontournable.

 

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