Festival de Cannes 2016 : jour 3

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Festival de Cannes 2016 photo couverture

Troisième jour de festivité avec la présentation du dernier film de Bruno Dumont Ma Loute (Slack Bay) et Moi, Daniel Blake de Ken Loach (lire la critique). 

Voici nos avis sur les films visionnés aujourd’hui :

Ma Loute réalisé par Bruno Dumont (3/5). Après le succès du P’tit Quinquin, Bruno Dumont s’essaie de nouveau à la comédie avec Ma Loute (3,5/5) en réunissant trois vedettes du cinéma français (Fabrice Luchini, Juliette Binoche et Valeria Bruni Tedeschi) en bourgeois décadents à des inconnus aux trognes typées qui jouent de modestes pêcheurs aux mœurs troubles ou des policiers bizarres dans leur attitude. Il situe son histoire avec disparitions inquiétantes au début du Xxème siècle dans une ville au bord de la mer dans le Nord de la France. Le rire est moins franc que dans ce précédent opus qui avait ravi les spectateurs de la Quinzaine des Réalisateurs en 2014, la faute peut-être à un regard un peu plus malaisant sur les clichés sur les habitants du nord consanguin que vient souligner l’atrocité de leurs actes et leurs visages particuliers. On a néanmoins surtout l’impression de voir en eux des cousins pas si éloignés des Rednecks US aperçus dans des films d’horreur. Le refus du naturalisme du réalisateur accentue cette impression et atténue l’aspect méprisant que l’on pourrait craindre, avec un humour décalé (les voix et mouvements du corps des vedettes comme des inconnus, de la voix haut perchée de Binoche à celle inclassable de Luchini en passant par les envolées du policier bibendum) qui fait plaisir à voir dans la compétition, l’édition 2016 semblant bien partie pour être l’une des plus riches en moments de drôlerie et de rires depuis longtemps, toutes sections confondues. (Pascal)

Exil réalisé par Rithy Panh (3/5). Rithy Panh a fui son pays natal, le Cambodge, pour la France, en 1979, alors que Pol Pot et ses sbires commettaient l’un des pires génocides jamais perpétrés, qui a ceci d’unique qu’il n’en subsiste quasiment pas d’images. Devenu cinéaste (essentiellement d’essais documentaires), il ne cesse d’affronter ce vide et le remplir, afin qu’il ne soit plus possible d’ignorer ou d’oublier cette barbarie. S21 et Duch sur les paroles de bourreaux qui revivent leurs actes devant sa caméra ou L’Image manquante et ses victimes recrées en figurines de glaise (à Cannes en 2013, prix Un Certain Regard, sorti finalement l’an dernier) sont les quelques titres les plus connus de son œuvre et il revient avec ce documentaire abstrait moins convaincant, Exil (2,5/5) le propos étant bien moins lisible avec en voix-off des textes d’auteurs censés refléter l’âme troublée du réalisateur. Quelques moments à la portée directe sont saisissants telle une citation d’une justesse parfaite perdue parmi tant d’autres dont le sens dans le cadre de cette sélection disparate (de grands noms de la littérature classique française mais aussi Mao) manque de clarté et de pertinence, telle la photo d’une mère que l’on comprend disparue parmi deux millions d’autres victimes là, tel le sauf-conduit qui lui a permis de partir en France et d’être sauvé. Ils accompagnent sa culpabilité de survivant et sa tragédie qui le hante encore, son histoire sans images reste son sujet de prédilection, sans lui ou Davy Chou à qui l’on doit le documentaire Le Sommeil d’or, qui parlerait encore des Khmers Rouges, qui dénoncerait ce crime invisible ? Ici, en termes de cinéma, il reste le sentiment d’un film empêché dans son sujet (l’exil qui reste à la marge, au moins pour le spectateur) et d’une construction qui se complaît dans la confusion. vraiment dommage… (Pascal)

Le Disciple (Uchenik) de Kirill Serebrennikov présenté dans la section Un Certain Regard. Une plongée dans le quotidien de Veniamin, adolescent Russe pris d’une crise mystique. Ce film puissant à la mise en scène pointilleuse pointe les méfaits de l’obscurantisme. Par coup de citation biblique Venia bouleverse la vie de son entourage dans son chemin de foi macabre. Un film qu’on n’oublie pas même s’il traine quelques longueurs. (Julien)

le disciple critique film cannes 2016

Ma loute Dumont festival de Cannes 2016

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