Critique : Vingt Dieux (Troisième avis)

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Vingt Dieux

France – 2024
Réalisateur: Louise Courvoisier
Scénariste: Louise Courvoisier, Théo Abadie, Marcia Romano
Casting: Clément Faveau, Maïwène Barthélémy, Luna Garret
Distributeur: Pyramide Distribution
Genre : Drame, comédie
Durée : 1h30 min
Sortie : 11 décembre 2024

4/5

Après l’histoire de Souleymane il y a deux semaines, je me réjouis de finir cette année avec une autre émotion française.  Vingt dieux, le premier long métrage de Louise Courvoisier, traduit déjà une envie précieuse d’équilibre entre le sourire et la dignité. J’ai pu dormir sur le film et je n’ai pas peur de le dire, Vingt dieux a une grande puissance de feu que sa première vision, aimable et réjouie, pourrait tromper. Ce sont de très belles choses sur notre monde que nous dit ce film. Totone et sa bande, faciles à moquer, ont des épaules de héros modernes.

Synopsis : Totone, 18 ans, passe le plus clair de son temps à boire des bières et écumer les bals du Jura avec sa bande de potes. Mais la réalité le rattrape : il doit s’occuper de sa petite sœur de 7 ans et trouver un moyen de gagner sa vie. Il se met alors en tête de fabriquer le meilleur comté de la région, celui avec lequel il remporterait la médaille d’or du concours agricole et 30 000 euros.

Qui dit héros, dit bien souvent un peu de classicisme dans le parcours. Avec pudeur, le film déroule ce programme en ayant la présence de cœur de retenir le chantage à l’émotion. Si l’arc de maturité se déroule sans grandes surprises, Totone et les siens se démarquent par une énergie inépuisable et l’incorruptible volonté de dicter leur destin et de ne baisser la tête devant personne.

Je n’aime pas faire trop ouvertement de la politique, et le film ne m’a paru en rien militant, mais je crois qu’il nous dit quelque chose sur la force d’entreprise, dans son sens premier, de ceux qui ont trop envie de s’approprier le monde pour se mettre au service des autres. Avec la fureur de faire dire des personnages incertains, imparfaits, Courvoisier fait de l’héroïsme un acte discret, quotidien, presque invisible.

Maintenant qu’un grand souffle politique a fait trembler des statues de cinéma qui n’oublieront jamais leur fureur. De jeunes cinéastes curieux et formidablement riches émergent, mieux protégés des vents peut-être. Lancée sur un geste universel qui délimite une nouvelle “Zone d’intérêt”, à travers son esthétique du blocage, et le verdict du grand procès d’Anatomie d’une chute, qui a fini de consacrer les ridicules dictatures de la vérité, une place immense est à conquérir en 2025. Aller vers la complexité, vers la douceur, vers le temps nécessaire pour réfléchir avant de répondre, c’est un nouveau défi du cinéma pour les années qui viennent.

Les héros de Vingt dieux, l’ont déjà compris, l’indépendance se gagnera par le doute et le questionnement. Il n’y aura, de tout le film, pas un mot accusateur, pas une affirmation didactique, pas une seconde d’inattention non plus. Par 2 ou 3 fois seulement dans le film, sortira vraiment le cri du combat intérieur : Vingt-Dieux !

Il n’y a rien de faux ici, mais on nous protège bien qu’il n’y ait égalent pas de place pour le désespoir. Tout est possible, difficile certes, mais toujours possible.

Mention spéciale, enfin, à une des plus craquante histoire d’amour de l’année !

Conclusion

Entre le regard de la petite Luna Garret et le grand héros moderne qu’est Totone, Vingt Dieux, le premier long métrage de Louise Courvoisier est plus qu’un feelgood dans le style de “La part des anges”. C’est un film à la politique discrète, mais urgente, qui rassemble et diffuse un plaisir qu’on mérite !

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