Critique : Local Hero

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Affiche de Local Hero Local Hero

Grande-Bretagne, 1983
Titre original : –
Réalisateur : Bill Forsyth
Scénario : Bill Forsyth
Acteurs :  John M. Jackson, Dan Ammerman, Tam Dean Burn
Distribution : Enigma Film
Durée : 1h51
Genre : Comédie dramatique
Date de sortie : 14 mars 1984

Note : 4/5

Mis en musique par Mark Knopfler, réalisé par l’humaniste Bill Forsyth et avec Burt Lancaster en tête de proue d’un casting atypique, « Local Hero », film de 1983, respire l’Écosse. Contant l’histoire simple d’un américain au patronyme scots (en réalité descendant d’immigrés hongrois) envoyé par une compagnie pétrolière auprès d’une communauté reculée du nord de l’Alba, ce long-métrage distille un discours à la fois écologiste et naïf, d’une honnêteté précieuse.

Synopsis : Une multinationale decide d’implanter un complexe petrolier dans un petit village de pecheurs du Nord de l’Ecosse. Les tractations que menent technocrates et villageois prennent une tournure bien surprenante.

Local Hero

Mac (Peter Riegert) est un célibataire typique des années ’80, conduisant une Porsche et s’écharpant avec son ex-femme au téléphone. Lorsqu’il est envoyé par son excentrique patron, Felix Happer (Burt Lancaster), en Écosse pour négocier l’exploitation d’un gisement pétrolier dans la région isolée de Ferness, il prend rapidement le pouls de ce territoire particulier, écrasé par la nature et le ciel, sans avenir économique. La seule perspective provient de sa compagnie, puissante multinationale, qui offre la possibilité aux habitants de vivre grâce à un seul et unique job, là où ceux-ci doivent tenir plusieurs petits emplois pour réussir à vivre correctement. En apparence simples, les négociations avec Gordon Urquhart (Denis Lawson), le représentant des autochtones, prennent une tournure inattendue au fur et à mesure que Mac s’intègre à la vie locale. Point de départ relativement classique pour une histoire assez balisée, ce synopsis laisse cependant à Forsyth la possibilité de tisser de fort belle manière un ensemble extrêmement plaisant où s’invite une variation des registres. Dramatiquement, le film est lourd de sens dans le contexte où il s’inscrit, celui de la libéralisation de la société britannique. Il ouvre une réflexion sur la propriété collective et l’ingérence des grandes compagnies dans la vie locale de Ferness, posant les habitants face à un dilemme : la possession des terres, sans exploitation, doit-elle être bradée pour les promesses de richesse faites par Knox Oil, l’entreprise de Mac, qui tente de les racheter ? Le sérieux du film réside par ailleurs dans sa dimension mélancolique et poétique. Le culte du ciel et de ses merveilles que nourrit le personnage de Burt Lancaster en est une vraie illustration. On retrouve également une séquence culte de pluie de météores superbement mise en scène, qui rappelle pourquoi Bill Forsyth a reçu pour ce film le BAFTA de la meilleure réalisation (coiffant au poteau Sydney Pollack pour son Tootsie ainsi que Martin Scorcese et James Ivory !). Les lumières féeriques du ciel écossais sont habilement mise en parallèle avec celles, urbaines, de la ville de Houston, pour mieux exprimer la mélancolie des personnages et de l’auteur, à la recherche d’un paradis fantasmé, en passe d’être brisé par ce monde en mutation.

local-hero_1983

Comédie fantastique, voyage initiatique

Malgré ce constat amère, Local Hero ne se départit pas de sa malice. Il arrive en effet au film d’être particulièrement amusant bien que les références de son humour soit assez datées. Le ton global du film, doux-amer, se plaît à s’amuser des apparences de ses personnages : la fausse rudesse des villageois, le faux sérieux des hommes en costumes, la fausse thérapie suivie par notre cher Burt Lancaster. Une folie légère s’empare des protagonistes de cette situation trop sérieuse, finalement arbitrée par un ermite. Le film apparaît presque comme fantastique, prêt du ciel et de ses mystères, de la mer et de ses mythes (cette femme aux pieds palmés est-elle une sirène ?). Enfin, pour sublimer cet arrangement poétique, la musique de Mark Knopfler, Mr Dire Straits, vient s’apposer pour révéler l’intense beauté du film et son extrême sincérité.

Conclusion

Porté par un casting habilement formé, une virtuosité dans sa mise en scène et la composition de sa b.o, dont on retiendra le bijou « Going Home », ce Local Hero mérite considération et respect malgré sa naïveté. Pour ceux qui baseront leur réquisitoire sur une sorte de mièvrerie latente dans le film, nous rétorquerons que l’honnêteté, par moment, fait du bien surtout lorsqu’elle est doublée d’une vraie recherche cinématographique passionnée. Même si parfois maladroit et globalement assez daté, ce film vaut le détour, tout comme sa charmante localité des Highlands.

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