Critique : Le Fils de Jean

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Le Fils de Jean

le fils de jean afficheFrance, Canada : 2016
Titre original : –
Réalisateur : Philippe Lioret
Scénario : Philippe Lioret, Natalie Carter, d’après l’œuvre de Jean-Paul Dubois
Acteurs : Pierre Deladonchamps, Gabriel Arcand, Catherine de Léan
Distribution : Le Pacte
Durée : 1h38
Genre : Drame
Date de sortie : 31 août 2016

4/5

Après avoir commencé sa carrière dans le cinéma en tant qu’ingénieur du son, Philippe Lioret a réalisé Tombés du ciel, son premier long métrage, en 1993. Le Fils de Jean, librement inspiré du « Si ce livre pouvait me rapprocher de toi » de Jean-Paul Dubois, est son 8ème long métrage. Il succède à Je vais bien, ne t’en fais pas (2006), Welcome (2009) et Toutes nos envies (2010).

Synopsis : À trente-trois ans, Mathieu ne sait pas qui est son père. Un matin, un appel téléphonique lui apprend que celui-ci était canadien et qu’il vient de mourir. Découvrant aussi qu’il a deux frères, Mathieu décide d’aller à l’enterrement pour les rencontrer. Mais, à Montréal, personne n’a connaissance de son existence ni ne semble vouloir la connaître…

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Toute la vérité

Un coup de fil inattendu vient prévenir Mathieu, cadre commercial parisien de 33 ans, que son père, un médecin canadien de Montréal qu’il ne connaissait pas, avait chargé Pierre, à la fois son collègue et son meilleur ami, de lui faire parvenir un colis à l’occasion de son décès. D’un seul coup, Mathieu apprend donc qui est son père, apprend que ce Jean, patron d’une clinique spécialisée dans la chirurgie esthétique, vient de mourir et que lui, Mathieu, a deux frères, respectivement ancien champion de moto-cross et avocat. L’enterrement doit avoir lieu 3 jours plus tard : Mathieu décide de partir aussitôt à Montréal, particulièrement désireux de faire connaissance avec Sam et Ben, ses deux frères. C’est au contact de Pierre, de sa femme Angie et de sa fille Bettina que Mathieu va petit à petit apprendre toute la vérité. C’est au bord d’un lac que Mathieu va apprendre à mieux connaître ses deux frères qu’il a tenu à accompagner, aussitôt suivi par Pierre, durant un week-end consacré à la recherche du corps de leur père, selon toute vraisemblance victime d’un infarctus lors d’une partie de pêche solitaire. Deux frères qui ignorent tout de Mathieu, Pierre ayant recommandé à ce dernier de ne rien leur dire sur sa filiation.

Les yeux au ciel photos: Sébastien Raymond. seb©sebray.com

La genèse du film

C’est avec une très grande liberté que Philippe Lioret a adapté pour le cinéma le roman « Si ce livre pouvait me rapprocher de toi » de Jean-Paul Dubois, sorti en 1999. En fait, il l’avait lu il y a longtemps, il l’avait beaucoup aimé mais il ne l’a même pas rouvert lorsqu’il a décidé de prendre comme point de départ de son nouveau film cette histoire d’un homme qui découvre qu’il a deux frères inconnus et qui décide de les rencontrer. Malgré les écarts très importants par rapport à l’œuvre de Jean-Paul Dubois, on retrouve toutefois dans le film les mots clé du roman : père, découverte, fratrie, Canada, sœur. Lorsqu’on plonge dans ses souvenirs pour retrouver la trace laissée par les précédents films de Lioret, on se dit qu’il a dû se sentir comme un poisson dans l’eau à écrire, puis à réaliser ce film dans lequel l’émotion est toujours présente sans pour autant verser dans le larmoyant ou le pathos. Par contre, le fait de tourner le film au Canada avec des acteurs canadiens posait un gros problème au réalisateur, celui du vocabulaire et de l’accent québécois. Pour Philippe Lioret, il fallait que le film, de ce point de vue, soit crédible pour les canadiens sans qu’il soit pour autant nécessaire de sous-titrer les dialogues. C’est pourquoi les dialogues ont fait l’objet d’un aller-retour entre Paris et Montréal, tout d’abord écrit en français de France puis adapté et mis en bouche par les comédiens en français de Montréal.

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Un montage et des comédiens exceptionnels

Une qualité qui ne quitte jamais Philippe Lioret et qui contribue beaucoup à cette présence dans ses films d’une émotion évidente sans être ostentatoire, c’est sa science du tempo juste, du moment précis où une scène doit se terminer. C’est ainsi que, dans Le Fils de Jean, le montage réalisé avec Andréa Sedlackova, est un modèle du genre. Quant à la distribution du film, on peut sans exagération la qualifier d’exceptionnelle, contribuant, elle aussi, à cette émotion qu’on ressent ! Certes, on connaissait bien Gabriel Arcand qui joue ici le rôle de Pierre et il est grandiose en homme à la fois bourru et sensible. On fait connaissance avec Catherine de Léan (Bettina) et Marie-Thérèse Fortin (Angie), deux comédiennes québecoises,  et on n’est pas déçu. Reste la grande révélation du film, Pierre Deladonchamps, qui joue Mathieu. Révélation, pas tout à fait, puisqu’on pouvait déjà déceler ses qualités dans son interprétation de Franck, dans L’inconnu du lac  d’Alain Guiraudie. Dans Le Fils de Jean, il est tout simplement parfait !

Les yeux au ciel photos: Sébastien Raymond. seb©sebray.com

Conclusion

Cinq ans qu’on attendait un nouveau film de Philippe Lioret. Autant dire qu’on savoure avec d’autant plus de plaisir son art consommé pour amener l’émotion chez le spectateur et même si Le Fils de Jean, à cause d’un léger flottement au mitan du film, n’est pas tout à fait au niveau de Je vais bien, ne t’en fais pas, il s’agit indéniablement d’un des meilleurs films du moment.

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