Critique : L’âme du vin

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L’âme du vin

France : 2019
Titre original : –
Réalisation : Marie-Ange Gorbanevsky
Distribution : Condor Distribution
Durée : 1h41
Genre : Documentaire
Date de sortie : 13 novembre 2019

3/5

Peu de spectateurs ont dû voir le film précédent de Marie-Ange Gorbanevsky. Intitulé Une leçon de musique, tourné à l’École spéciale de musique de Saint-Pétersbourg et au Conservatoire Rimsky-Korsakov, ce film nous parle de l’éveil de l’enfant à la musique et a été diffusé en 2015 sur Cinaps TV, une chaîne confidentielle de la TNT, disparue récemment. Dans des documentaires précédents, Marie-Ange Gorbanevsky, ancienne étudiante en Histoire de l’art avant de suivre  une formation en audiovisuel, s’était intéressée au jardin du Luxembourg, au marché de Rungis et à l’art des dentellières.

Synopsis : Les vins naissent de la rencontre de la terre, du ciel, et de l’homme… Chaque année en Bourgogne, la réussite de leur millésime est une véritable épopée. Le travail de la vigne et de la cave au fil des saisons aboutit à la création de vins exceptionnels, vivants, recherchés et adulés dans le monde entier : Romanée-Conti, Gevrey-Chambertin, Chambolle-Musigny, Meursault, Volnay… Ces vins portent en eux la parcelle de terre dont ils sont issus et l’âme des hommes qui leur ont donné vie.

La Bourgogne, terre d’art et de vin

Du nord au sud de la planète, d’est en ouest, le domaine du vin est très vaste sur la planète et le réchauffement climatique contribue à l’agrandir petit à petit. C’est toutefois à une partie très limitée de ce vaste domaine que s’est intéressée Marie-Ange Gorbanevsky dans L’âme du vin. Une partie très limitée mais quelle partie ! Celle des appellations qui font le plus rêver parmi les grands vins de Bourgogne : Chambertin, Chambolle-Musigny, Clos de la Roche, Clos des Chênes, Les Amoureuses, Vosne-Romanée, Romanée-Conti, Meursault, … Au départ, la réalisatrice n’avait pas une grande connaissance du vin de cette région, ni même du vin en général. C’est en rencontrant des amateurs de vin qu’a germé en elle l’envie de faire un documentaire sur ce sujet. La Bourgogne s’est très vite imposée à elle du fait de son amour pour l’art médiéval, si présent, si riche dans cette région, d’autant plus que tous les grands vins bourguignons datent du moyen âge.

Oui, le vin a une âme !

Le vin est le résultat d’un travail qui commence dans la nature et qui va venir se terminer, pourquoi pas, dans votre verre après être passé par de nombreuses étapes intermédiaires. Des étapes que Marie-Ange Gorbanevsky a filmées, image et son, auprès de personnalités du monde du vin : vignerons (jamais viticulteurs !), œnologues, sommeliers, tonneliers, cuisiniers, … Pas d’autre commentaire que ce qu’on entend de leurs conversations. Des commentaires qui, bien sûr, ne manquent pas de nous instruire sur ce monde,  qu’à tort, on croit connaître. Des commentaires qui, avec l’aide de la photographie de Elvire Bourgeois et Philippe Brelot, s’échappent parfois vers la poésie ou qui personnalisent le vin, par exemple lorsqu’il s’agit de la mise en bouteille : « c’est une nouvelle vie pour lui, il n’y trouve aucun plaisir, cela représente une véritable prison et il est en colère. Et puis, au bout d’un certain nombre d’années, il accepte cette prison et il commence à vieillir avec harmonie ». Comme l’a écrit Baudelaire dans son poème « L’âme du vin » : « Un soir, l’âme du vin chantait dans les bouteilles : Homme, vers toi, je pousse, ô cher déshérité, sous ma prison de verre et mes cires merveilles, un chant plein de lumière et de fraternité ! ». Des rencontres savoureuses, aussi, comme celle avec un restaurateur et un chef cuisinier japonais mis en relation avec un Chambolle-Musigny « Les amoureuses » de 1945.

Quelques critiques vénielles

La conception de ce documentaire, qui exclut tout commentaire autre que ceux provenant des conversations des protagonistes vus dans le film, présente l’avantage de  s’écarter d’une voie par trop didactique. On peut toutefois ressentir parfois quelques regrets : par exemple, les avantages d’un travail en biodynamique nous sont présentés par un adepte vigneron, mais les explications manquent quant aux différences avec le travail en biologique non biodynamique, ainsi que sur le caractère controversé de ces différences. De même, la pratique de la malo est évoquée sans que nous soit expliqué de quoi il s’agit. Et puis, étant données les sommes qu’il faudrait débourser pour faire connaissance avec les vins dont nous parle le film, on aurait aimé que soit présentée une comparaison avec des vins financièrement plus abordables. Il s’agit là, toutefois, de critiques vénielles pour un film dont un des buts est, après tout, de faire rêver !

Conclusion

Même s’il se limite à un terroir limité bien précis, même si les vins dont il nous parle ne sont pas, loin de là, à la portée de toutes les bourses,  même si, parfois, il nous laisse face à des interrogations sans réponse,  L’âme du vin, tout en nous faisant rêver à des dégustations jubilatoires, nous en apprend beaucoup sur un monde où nous avons toujours besoin d’éclairage.

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