Critique Express : Xalé, les blessures de l’enfance

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Xalé – Les blessures de l’enfance

Sénégal : 2022
Titre original : –
Réalisation : Moussa Sène Absa
Scénario : Moussa Sène Absa, Pierre Magny, Ben Diogaye Beye, adapté de « Adama et Awa » de Mandir N. Thiaw
Interprètes : Nguissaly Barry, Rokhaya Niang, Roger Salah, Mabeye Diol
Distribution : Sudu Connexion
Durée : 1h41
Genre : Drame
Date de sortie : 3 avril 2024

3.5/5

Synopsis : Awa, collégienne de 15 ans, vit gaiement son adolescence aux côtés de son frère jumeau Adama qui rêve d’Europe. Lors du décès de leur grand-mère, sa tante Fatou et son oncle Atoumane promettent de se marier pour préserver l’union familiale. Mais Fatou n’aime pas Atoumane et celui-ci, las d’attendre de consommer son mariage, commet l’irréparable.

Avec Xalé – Les blessures de l’enfance, le réalisateur sénégalais Moussa Sène Absa conclut la trilogie qu’il avait commencé en 1997 avec Tableau Ferraille et continué en 2002 avec Madame Brouette. Toujours plongé dans la réalité de son pays, de plus en plus concerné par les causes féministes, il nous parle dans ce nouveau film de Awa, une adolescente de 15 ans, et de Adama, son frère jumeau, deux jumeaux très attachés l’un à l’autre tout en étant très différents. Alors que Awa travaille très bien à l’école tout en aidant Fatou, sa tante, dans son salon de coiffure, Adama vend des lunettes à la sauvette dans les rues de Dakar et rêve de partir vers l’Europe malgré les dangers que présente ce périple. Alors que, pour Adama, la première étape de ce rêve est sur le point de se réaliser, Awa est en train de vivre un drame du fait de son oncle Atoumane, un chauffeur de taxi qui a épousé Fatou dans le cadre d’un mariage arrangé. Fatou qui ne l’aime pas, Fatou qui s’est refusée à Atoumane, Fatou qui l’a rejeté. Dans la conduite de son récit, Moussa Sène Absa a fait un choix fort : commencer son film en racontant la fin de l’histoire entre Awa et Atoumane ! Toutefois, ce qui fait vraiment la grande force de ce film, ce sont, d’un côté, la combativité et la résilience des personnages féminins, de l’autre, le fait de s’orienter vers une réalisation qui soit la plus africaine possible.

En effet, le phénomène de l’immigration, les dangers rencontrés par les migrants pour parvenir dans un pays européen, les mariages arrangés, la difficulté d’être une femme dans de nombreux pays, les abus commis par des hommes envers elles, sont des thèmes qui ont souvent été abordés dans des films venant d’Afrique ou d’ailleurs. Bien entendu, il ne saurait être question de faire a priori la fine bouche face à un nouveau film abordant un ou plusieurs de ces thèmes, mais on se réjouit d’autant plus quand, s’agissant d’un film africain, on est entraîné dans un grand bain de culture africaine, ce qui est le cas avec Xalé – Les blessures de l’enfance. Il y a d’abord, bien sûr, l’utilisation exclusive du wolof, une des 6 langues nationales du Sénégal, la plus parlée du pays. Et puis, surtout, il y a l’utilisation de la musique avec un chœur d’hommes et un chœur de femmes qui interviennent pour commenter ce qui se passe en chantant et en dansant et celle d’un griot aux longs cheveux blancs qui, face caméra, interpelle les spectateurs. Dans la distribution, globalement d’un très bon niveau, on remarque particulièrement Nguissaly Barry, l’interprète du rôle d’Awa.

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