Critique Express : Vincent doit mourir

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Vincent doit mourir 

France : 2023
Titre original : –
Réalisation : Stephan Castang
Scénario : Mathieu Naert, Stephan Castang
Interprètes : Karim Leklou, Vimala Pons, François Chattot
Distribution : Capricci Films
Durée : 1h48
Genre : Thriller, Fantastique, Comédie
Date de sortie : 15 novembre 2023

3.5/5

Synopsis : Du jour au lendemain, Vincent est agressé à plusieurs reprises et sans raison par des gens qui tentent de le tuer. Son existence d’homme sans histoires en est bouleversée et, quand le phénomène s’amplifie, il n’a d’autre choix que de fuir et de changer son mode de vie.

« T’as pas l’impression, toi, des fois, que le monde entier t’en veut », questionne Margaux, une employée de fast-food que Vincent a rencontrée lors du périple qu’il mène pour fuir les agressions qui le visent. « Oui, ça m’arrive », répond Vincent de façon laconique. Tu parles ! Comment ne pas avoir l’impression que tout le monde t’en veut lorsque, dans l’entreprise où tu travailles comme graphiste, tu te fais agresser par un stagiaire qui te frappe avec son ordinateur portable, puis, le lendemain, par un collègue qui, sans raison, te plante un stylo dans la main et qui, peu après, ne se souvient plus de rien. N’y a-t-il pas de quoi devenir parano ? Encore plus lorsque tu te fais agresser par les enfants de ta voisine, lorsque tu t’aperçois qu’un simple échange de regard avec un inconnu suffit à donner des envies de meurtre à ce dernier. Normal, affirme un psy que Vincent est allé consulter : le fait de regarder quelqu’un dans les yeux peut générer chez lui de l’agressivité. Que faire dans ces conditions ? Pour éviter de croiser des collègues qui, certainement, vont agresser Vincent au moindre regard échangé, il y a le télé-travail. Finalement, Vincent va prendre la décision de quitter la ville, de partir à la campagne pour se calfeutrer dans la maison que possède son père, loin de la « civilisation ».

Sur la route, la rencontre avec un ancien prof de fac devenu SDF va lui permettre de s’apercevoir que d’autres vivent le même problème que lui et qu’il existe même un site Internet appelé Les Sentinelles qui réunit ce réseau clandestin de victimes d’agressions sans raison. Qui va lui conseiller, également, de prendre un chien qui aura la capacité de s’apercevoir plus rapidement d’une éventuelle agressivité lors d’une rencontre et qui préviendra son maître. Ce sera une chienne, Sultan. Cependant, même à la campagne, des rencontres sont inévitables. Avec le facteur du village, par exemple, ce qui donnera lieu à une bagarre homérique dans une fosse septique. Et puis, il y a la rencontre avec Margaux : quand on se sent attiré par une femme, difficile de résister à l’envie de plonger son regard dans ses yeux. Mais que faire lorsque, suite à ce regard, elle se montre agressive envers vous ?

Vincent n’a pas d’écailles, La nuée, La montagne, Acide, Le règne animal et, maintenant, Vincent doit mourir, on a l’impression que, des décennies après René Clair, Maurice Tourneur, Jean Cocteau, et d’autres, le cinéma français renoue avec un genre, le fantastique, plus ou moins mis en sommeil pendant de nombreuses années. Attention, le fantastique dont on parle pour ces films récents est un fantastique « light », un fantastique qui, le plus souvent, s’acoquine avec d’autres genres cinématographiques, film social, drame, comédie, … C’est ainsi que Vincent doit mourir, s’il fait bien appel au fantastique, est en même temps un film qu’on peut qualifier de film de survie tout en étant un film où le burlesque et la comédie romantique trouvent leur place et un film qui nous interroge sur le type de société dans lequel nous vivons, une société dans laquelle la violence trouve une place beaucoup trop importante, même si des historiens et des sociologues affirment que notre époque est plutôt moins violente que celles du passé. Vaste débat, dans lequel le film n’entre pas, ce dont, franchement, on se félicite.

C’est sur un scénario écrit par  Mathieu Naert et qu’il s’est approprié que Stephan Castang a réalisé ce qui est son premier long métrage, un film qui a été présenté en séance spéciale à la Semaine de la Critique cannoise 2023. Force est de reconnaître qu’il se sort très bien des difficultés inhérentes au mélange de genres pratiqué. Il faut dire qu’il est particulièrement bien aidé par ses interprètes ! Avec son visage impassible d’homme ordinaire pris dans un enchaînement d’évènements extraordinaires, Karim Leklou est vraiment l’interprète idéal de Vincent. Quant à Vimala Pons, le mélange de luminosité et de mystère qu’elle dégage dans tous ses rôles est en totale adéquation avec son rôle de Margaux.

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